Dans la foulée de sa victoire aux Francouvertes 2003, Syncop nous présente un mini-album, Les Gens du voyage, où cinq titres originaux dévoilent toutes les couleurs de cette jeune formation d'avenir.

"Ce n'est pas du hip-hop ni du raï, c'est comme pour un couscous royal: tu peux y mettre tout ce que tu veux, et nous, on fait le nôtre!" lance Karim Benzaïd. Depuis leur apparition au concours Les Francouvertes 2002, plusieurs ont qualifié Syncop de formation hip-hop-raï. Constat difficile à faire à l'écoute de leur premier enregistrement, Les Gens du voyage. Karim a donc remis les choses à leur place. "Notre musique est festive et engagée, tout simplement. Nous faisons en quelque sorte de la world beat. Notre musique prend une trajectoire identitaire. C'est vrai qu'elle puise dans la musique traditionnelle algérienne mais ça va plus loin que ça." En effet, les rythmiques algéroises populaires croisent celles du reggae, les sons urbains métissent le kabyle et le chaâbi, donnant une saveur toute particulière aux compositions. On y retrouve son pays natal mais aussi sa terre d'accueil, comme si le Québec rencontrait l'Algérie à travers la musique et la poésie. "Mon pays, c'est pas le froid, c'est l'hiver, j'vais y voir grandir mon fils. Et si tu me parles un peu trop du désert, je parlerai des oasis" est un clin d'oeil à Gilles Vigneault, signe de cet attachement pour le Québec. "Je suis bien ici et je fais partie du décor; franchement, je n'ai rien à dire!" Si Karim n'a pas à se plaindre de sa situation, il a toutefois énormément à dire sur la vie. "Mes textes sont toujours engagés, c'est ce qui donne l'âme à la musique." Dans la bouche d'un Algérien, ces mots sont peu surprenants. Ce pays du Maghreb a vu, depuis plus de 10 ans, un nombre croissant d'exilés. Les catastrophes naturelles ont succédé aux problèmes politiques et sociaux acculant son peuple à une misère grandissante. "J'essaie d'exprimer mes idées, mes émotions, sans qu'elles laissent entrevoir une quelconque frustration. Il faut une personnalité et du vécu à la musique. Si un jour je fais un album ou deux de chansons d'amour, je serai devenu corrompu!" ajoute-t-il en riant. À la manière des nomades du désert, Syncop parcourt maintenant le Québec pour transmettre ses rythmes et ses messages. "Les musiciens sont comme les Touaregs. Ce qui nous rapproche d'eux, c'est que l'on part toujours en voyage, on n'arrête pas de rouler et on ne sait pas de quoi demain sera fait."



Source: http://www.voir.ca/musique/musique.aspx?iIDArticle=28603