M.Ouyahia a insisté sur les projets de développement réalisés dans les wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa.

«Ils se sont trompés de pays comme hier ils se sont trompés de société». «Continuez à polémiquer, Les citoyens ne vous entendent pas. Votre réaction est sans effet sur moi.» Le Premier ministre, M.Ahmed Ouyahia, s’adressait hier aux députés du RCD qui avaient proféré des accusations contre le gouvernement lors des débats sur la Déclaration de politique générale. La riposte de Ouyahia a surpris les élus de Saïd Saïdi, lequel a manqué l’événement. Les RCDistes, décidément très gênés par cette sortie inattendue, se lèvent en signe de protestation, exhibent une pancarte sur laquelle on peut lire le mot «Corruption». Ils choisissent, contrairement à leur habitude, de ne pas quitter l’hémicycle. Le calme revient dans la salle après l’intervention du président de l’APN Abdelaziz Ziari, qui a rappelé que le Premier ministre a, pendant des dizaines d’heures écouté soigneusement les préoccupations des députés sans toutefois «vous interrompre.»
Une brève pause pour Ouyahia, qui lui a permis de recadrer son intervention, afin d’éviter le véritable piège. Dans cette confrontation verbale, Ouyahia a laissé entendre qu’il était le porte-parole du pouvoir et du Président de la République. Pas de place donc à l’improvisation. La question est trop sérieuse pour être réduite à une guéguerre de personnes ou de partis. D’ailleurs, le Premier ministre a choisi, après cette précision de taille, de s’adresser directement aux citoyens de la Kabylie: «Pendant des années, vous avez été otages des ambitions politiques», a-t-il lancé, rappelant les grèves cycliques des écoles, les émeutes, etc. Pour le gouvernement, le retard de développement dans cette région est à imputer à cette situation. M.Ouyahia a précisé avoir évoqué longuement dans son discours les deux wilayas de Béjaïa et de Tizi Ouzou non pas pour leur conférer «un statut particulier», car elles font partie de l’Algérie à l’instar des autres régions, «mais pour attester que les réalisations de projets de développement qu’elles connaissent sont la meilleure réponse à ceux qui ont prétendu que le pouvoir avait déclaré une guerre économique contre la région de la Kabylie».

La Kabylie, otage de calculs politiciens

Fidèle à son pragmatisme, Ouyahia poursuit: «Voici la réponse du pouvoir», en insistant sur les projets de développement réalisés dans les deux wilayas de Tizi Ouzou et Béjaïa. Chiffres à l’appui, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a abordé la situation économique en Kabylie. Pour lui, la wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié, pour l’année 2010, d’une enveloppe de 2,1 milliards de dollars uniquement pour les Plans communaux de développement (PCD). A elle seule, la commune de Beni Aïssi, dans la daïra de Béni Douala, a eu 83 millions de DA. M.Ouyahia affirme, par ailleurs, dans le domaine de l’hydraulique, que la réalisation du barrage de Souk N’tleta (Draâ Ben Khedda), sera entamée dans le courant du premier semestre 2011, confirmant également la réalisation programmée du barrage de Sidi Khlifa (Azzefoun). L’apport de ces infrastructures viendra s’ajouter, en matière notamment d’alimentation en eau potable de la wilaya, aux volumes d’eau mobilisés à partir des barrages de Taksebt (Tizi Ouzou) et de Koudiat Acerdoun (Bouira), a-t-il ajouté. Rappelant que la wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié d’une enveloppe de 350 milliards de dinars au titre du nouveau plan quinquennal 2010-2014, le chef de l’Exécutif a indiqué que la wilaya sera dotée, à ce titre, de 17.000 nouvelles places pédagogiques en plus des 23.000 autres places existantes au niveau des pôles universitaires Hasnaoua I et II, outre qu’elle compte sept hôpitaux et des dizaines de centres de santé. S’agissant de la wilaya de Béjaïa, le Premier ministre a affirmé dans ce sens que celle-ci, qui dispose actuellement de cinq hôpitaux et de 20 structures de santé, bénéficiera prochainement d’un hôpital universitaire dont l’étude est en phase finale. Il a affirmé, à ce propos, s’agissant du projet Pnud, qui concerne, a-t-il dit, la wilaya de Tizi Ouzou, mais également celles de Djelfa, Médéa et M’sila, que l’Algérie a un «droit de regard» sur tout projet intéressant le pays. «Nous somme chez nous. Nous avons un droit de regard sur tout ce qui nous concerne», a expliqué le Premier ministre, d’autant, a-t-il précisé que «l’Etat algérien devra participer à hauteur de 2,5 millions de dollars à ce projet du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) d’un montant total de 3,5 millions de dollars».
Concernant la situation sécuritaire en Kabylie, Ouyahia s’est adressé encore une fois à la population pour affirmer que «l’union fait la force»: «Unis on battra les groupes terroristes qui sévissent dans la région, comme on l’a fait dans d’autres régions du pays.»

Source: L'Expression