"J'ai été destinataire de deux messages de la Maison-Blanche. Le premier cherchait à m'enrôler pour le compte de la CIA, après avoir subi des entrainements, avant de m'envoyer vers des pays arabes pour des missions d'espionnage. Le second cherchait à me recruter pour le compte de l'armée américaine, avant de m'envoyer faire le traducteur en Irak, ou dans un pays arabe ou les GI's sont concentrés. Tout cela moyennant de fortes sommes d'argent. Evidemment, j'ai refusé. Par la suite, j'ai été enlevé et torturé par le FBI, au motif de liaison avec Al Qaida.

 

C’est là un extrait du récit d’Abdelmalek Amara, ancien inspecteur de police. Il est originaire de Chréa dans la wilaya de Tébessa et travaillait à El Bayadh dans la même wilaya. En 2009, il s’était installé aux États-Unis après avoir été tiré au sort lors du tirage annuel Green Card. Il a été arrêté à son domicile à Houston par des officiers de la CIA et emmené de force dans une voiture 4x4 de type Ford.
 
Abdelmalek a été conduit au siège de la police à Westheimer  et une série de question lui ont été posées sur la nature de son travail. On a même essayé de lui faire dire que la police algérienne était responsable d’enlèvements et de tortures pratiquées dans des prisons secrètes et qu’il avait lui-même fui le système pour s’établir aux États-Unis.
 
L’escale suivante d’Abdelmalek sera la célèbre prison de Houston. Il a été jeté dans une petite cellule non éclairée, froide, de l’eau coulait du plafond… il dormait à même le sol et avait droit à un bout de pain et du fromage une fois par jour. Le malheureux a eu droit deux mois durant, à différents types de tortures psychologique et physique notamment par électrocution pratiquée par des agents du FBI. «J’ai reçu des coups à la tête et partout sur le corps. Je possède des certificats médicaux qui l’attestent. On a essayé de me faire dire que j’étais un membre actif d’Al-Qaïda, et après on m’a accusé d’extrémisme idéologique et d’anti-américain pour un poème que j’ai publié sur un site de littérature et dans lequel je décrivais la situation de faiblesse dans laquelle se retrouvent les musulmans après une ère prospère. J’avais également dit dans ces vers que le Conseil de Sécurité avait été formé par des loups qui ne peuvent être impartiaux…».
 
Abdelmalek n’a été relâché qu’après que l’un de ses amis, un américain d’origine algérienne, ait versé une caution de 3000 dollars américains, selon les déclarations du concerné depuis sa résidence actuelle à Oslo.
 
Tout a commencé le 30 juillet dernier. Abdelmalek qui venait de Tunis a atterri à l’aéroport d’Orly à Paris où il devait prendre une correspondance pour Washington.  Sauf qu’il s’est présenté à la sécurité de l’aéroport demandant l’asile politique. Il a été alors arrêté et placé en garde à vue, puis l’enquête sur son cas a commencé et les services de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) ont accédé à sa demande en moins de trois heures, un temps record comme l’a souligné à Echorouk Moundir Safr, le président de l’association des tunisiens réfugiés en Europe qui s’intéresse à l’affaire.
 
Abdelmalek Amara a été libéré après l’octroi de l’accord de principe pour entrer en territoire français. Il a entamé les démarches pour déposer le dossier d’asile politique, et l’association France Terre d’Asile lui a obtenu une adresse, une carte d’hébergement et autres documents nécessaires dans ce genre de procédure. Mais il a fini par se rendre compte que son cas a été exploité par la partie française, d’autant que dès le départ les enquêteurs ont focalisé sur la période où il travaillait dans la police algérienne, sans montrer aucun intérêt pour le volet américain, qui était pourtant à l’origine de sa requête.
 
Abdelmalek Amara qui est actuellement au Canada sera jugé par le tribunal de Houston et il sait d’ores et déjà que son procès sera inéquitable.
Nous lui avons demandé pourquoi il n’était pas rentré en Algérie après avoir pu quitter le territoire américain. Il a répondu : «Je ne reviendrais pas dans mon pays avant de prouver aux États-Unis, tout en étant en Occident, que les algériens ne sont pas des terroristes, comme on le prétend là-bas et comme on me l’a dit durant l’enquête. Et j’irai loin pour que soient punis mes tortionnaires qui m’ont supplicié juste parce que je suis musulman».
Notre interlocuteur ajoute que «la France qui se prétend pays des droit de l’homme, de la justice et de l’égalité, voulait commercer avec mon affaire qui était contre les États-Unis et non pas contre l’Algérie, allant jusqu’à tenter d’accuser la police algérienne de crime et de torture, oubliant le FBI qui a violé ma dignité humaine».


Source: EchoroukOnline.com