Dans son discours prononcé à l’occasion de la Fête du trône, le souverain marocain a encore pointé du doigt l’Algérie qui, selon ses dires, contrarie la logique de l’Histoire.
Les relations entre le Maroc et l’Algérie semblent avancer à la cadence d’un pas en avant et deux pas en arrière. C’est, en effet, pratiquement au moment où Abdelaziz Bouteflika adressait un message de félicitations à Mohammed VI, où l’on pouvait croire déceler quelque décrispation annonçant une ère nouvelle dans la coopération entre les deux pays, à l’occasion de la célébration du 11e anniversaire de son accession au trône, que le souverain marocain prononce un discours dans lequel il choisit de décocher quelques fléchettes empoisonnées en direction de l’Algérie. Mohammed VI prend d’abord comme argument la construction du Maghreb pour mener l’assaut: «Considérant l’intégration maghrébine comme une aspiration populaire profonde et une nécessité stratégique et sécuritaire pressante, et qui s’impose comme un impératif économique rendu inéluctable à l’ère des regroupements et des rassemblements, nous entendons poursuivre les efforts de concertation et de coordination nécessaires pour approfondir nos relations bilatérales avec les Etats maghrébins frères.»
Le Président Bouteflika félicite Mohammed VI Le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a affirmé dans un message adressé au souverain marocain, le Roi Mohammed VI, à l’occasion du 11e anniversaire de son intronisation, sa ferme détermination à hisser les relations algéro-marocaines. |
Puis il ajuste un peu mieux sa cible: «Ceci, en attendant que l’Algérie cesse de contrarier la logique de l’Histoire, de la géographie, de la légitimité et de la légalité au sujet du Sahara marocain, et qu’elle renonce à ses manoeuvres désespérées visant vainement à torpiller la dynamique enclenchée par notre initiative d’autonomie pour nos provinces du Sud.» La recette est toujours la même. Elle n’a pas changé d’un iota. L’amalgame est vite fait entre la question du Sahara occidental et la réouverture des frontières terrestres fermées entre l’Algérie et le Maroc pour des raisons connues et de notoriété publique. Le 14 août 1994 l’Algérie, qui était en proie à un terrorisme féroce, a été accusée d’être derrière l’attentat sanglant qui a ciblé l’hôtel Asni à Marrakech et qui s’est soldé par la mort de deux touristes espagnols. Les autorités marocaines qui n’y ont vu que du feu, l’ont attribué aux services algériens.
Commença alors une véritable chasse à l’homme, suivie d’expulsions, de confiscations des biens, de l’instauration des visas...avec comme conséquence, la fermeture de la frontière entre les deux pays. Des relations exécrables cristallisées autour de l’incontournable et inévitable question de la mise en oeuvre d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental qui puisse assurer au peuple sahraoui de se prononcer librement quant à son avenir.
Une option que lui garantit la résolution 1920 du Conseil de sécurité votée le 30 avril 2010.
Le souverain marocain ne jure que par son projet de large autonomie qu’il a de nouveau loué, lors du discours qu’il a prononcé à l’occasion du 11 ème anniversaire de son intronisation.
«Cette initiative audacieuse demeure une proposition réaliste, innovante et consensuelle, et qui vise à trouver une solution définitive à ce différend régional, dans le cadre de l’ONU», a souligné le souverain, en réitérant la disposition du Maroc à continuer à soutenir les efforts de l’Organisation onusienne, de son secrétaire général et son envoyé personnel, a souligné Mohammed VI. Quel avenir peuvent avoir les négociations entre le Front Polisario et le Maroc quand le roi du Maroc a décidé d’ores et déjà de les enterrer?
«Le Maroc continuera à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale sans renoncer au moindre pouce de son Sahara», a indiqué Mohammed VI.
Source: L'EXPRESSION - Edition du 31 juillet 2010