Dans ce monde du banditisme et de la contrefaçon, le faussaire côtoie l’escroc, l'escroc le fraudeur et le fraudeur le terroriste. Jamais, dit-on, les interpellations n’ont été aussi significatives que celles concernant des personnes appartenant à la communauté algérienne. Bref, un constat blessant et humiliant

Kamel, le natif d’El-Harrach, a attaqué en date du 12 septembre 1996 une vieille dame de 63 ans, Elivira Houde. Cela s’est passé dans un parking de la rue Beaumont à Montréal. Il a fini par lui voler son sac et a pu utiliser frauduleusement sa carte de crédit. Pour faire diversion sur ses liens avec le terrorisme islamiste, il choisissait lors de sa comparution devant le juge un avocat d’origine juive marocaine, en l’occurrence Joseph El-Fassi, celui-là même qui a pris en charge le dossier de Mokhtar Houari, le complice d’Ahmed Ressam.

Fatah Kamel était accompagné dans sa sale besogne par trois autres Algériens, parmi eux deux mineurs frappés à ce jour par une ordonnance de non-publication. Le troisième agresseur a pu ouvrir une pizzeria à Montréal et fait partie maintenant d’une agence qui invite les artistes algériens pour des concerts à Montréal – le bel exemple. Parmi les meilleurs contacts de Kamel, Abou Zoubeïda, le sergent recruteur de Ben Laden resté au Pakistan, et Omary Mohamed, un ingénieur qui a émigré au Canada en 1987 et diplômé de l’école des hautes études commerciales. Omary vivait à Montréal et a un enfant qui répond au nom d’Oussama. C’est lui que la police montréalaise l’a trouvé au moment de la perquisition du logement du représentant de Madyngo. Les documents de la police montrent aussi que Omary et Kamel ont été arrêtés en 1994 par la police autrichienne au niveau des frontières austro-hongroises. Ils étaient en route pour la Turquie. Ces deux individus travaillaient auparavant dans l’hôpital de Zenica où ils ont connu un certain Abdellah Ouzeghar, réclamé toujours par la justice française pour purger une peine de cinq ans dans le cadre de l’attentat du groupe de Roubaix. Ouzeghar est citoyen canadien depuis 1995, il vit à Hamilton, non loin de Toronto et il est impliqué dans une affaire de faux passeport avec Choulah Zoheir, actuellement emprisonné en France. Kamel a eu aussi des liens avec Saïd Athmani arrêté à Niagara Falls puis extradé vers la Bosnie (il a obtenu la nationalité bosniaque en 1994) et est actuellement incarcéré en France. C’est grâce à cette relation à Zenica, en Bosnie, que Athmani fut invité pour venir à Montréal vivre avec son ami. Il est d’ailleurs arrivé à bord d’un bateau clandestin à Halifax (Nouvelle-Ecosse, Canada) en 1995.

Parmi les amis du Montréalais Fateh Kamel figurent deux individus extrêmement dangereux. Le premier est François Caze, 26 ans, originaire de Roubaix et agent d’Abou Hamza, l'Egyptien de la mosquée Finsbury Park de Londres et rédacteur en chef du bulletin “Al-Ansar” du GIA. Le deuxième Français est Lionel Dumont, converti à l’islam et âgé de 24 ans. Ces deux éléments seront les acteurs principaux dans les attaques de Roubaix. C’est dire qu’avec la fin des hostilités en Bosnie, et l’avènement des accords de Dayton en 1995, le terrorisme s’est immédiatement transporté en France, le groupe de Roubaix passant à l’attaque le 27 janvier 1996. Ironie du sort, parmi les victimes de ces attaques figure un immigrant d’origine algérienne, Hammoud Faddal, et parmi les assassins on trouve bien sûr Omar Zemmiri, 29 ans, habitant le quartier de l’Alma à Roubaix. L’affaire du gang de Roubaix a pris plusieurs jours et a fini par être gagnée par les policiers belges et français. Deux éléments de taille ont été découverts lors d’une fouille sur une 305 utilisée par les terroristes. Le premier un manuel de 8 000 pages comportant plusieurs instructions mais commençant par une dédicace à Oussama Ben Laden et le second les coordonnées de Fateh Kamel et Omary Mohamed à Montréal. Autres complices des deux Français cités, Mouloud Ben Guelane, 24 ans, Hocine Bendaoui, 19 ans, et Salah Achour, un résident d’Aubervilliers, en France. Tout ce groupe avait des contacts avec un grand faussaire d’origine algérienne. Il s’appelle Laïfa Khabou, 25 ans, et fait partie d’une cellule de terroristes installée à Istanbul et animée par un autre Algérien du nom Ben Belkheir Mohamed. Or, dans cette même cellule d’Istanbul, un grand ami de Fateh Kamel, en l’occurrence Mokhtar Kedi, activait dans le domaine du trafic de documents et dans le vol de voitures de luxe à travers l’Europe. Pour le cas de Montréal, Kedi établissait ses contacts avec Lazhar Ziouaoui, coordonnateur de la même activité dans cette grande ville canadienne. Une petite vérification a permis d’établir un lien entre le voleur de voitures à Montréal, en France, au Luxembourg, en Allemagne et certains agents du port d’Alger. Cependant, l’affaire des vols de voitures par des Algériens est bien connue à Montréal car ce trafic fut assuré par quatre mécaniciens algérois très connus, dont deux faisaient partie de l’ex-section du FIS de Belcourt, à Alger. Il est indispensable de souligner que ces gens sont arrivés à Montréal par le biais des faux passeports procurés par la cellule de l’Algerian Islamic Community de Londres dont les principaux leaders ne sont autres que Abou Doha et son ami Patterson, l’ex-patron du site du Mouvement algérien des officiers libres. Ces individus – les mécaniciens – qui rendent le vol des mécréants halal, ont eu des contacts avec Ahmed Ressam auparavant au niveau de la mosquée Salem de Montréal. Ils sont entrés en clandestinité depuis le 11 septembre. En France, la section antiterroriste avait auparavant permis de débusquer un lien additionnel, et qui allait vers Abdelkrim El-Mahdari (dont la nationalité n’a pas été dévoilée) et Seddik Ben Bahlouli. Pour ne pas perdre le fil, il faut mentionner que Kamel Fateh et ses acolytes étaient pris en charge, dès leur arrivée à Istanbul, par l’organisation de bienfaisance dénommée International Humanitair Hlifs et c’est Laïfa Khabou qui assurait le rôle de messager. Il récupère des photographies puis part au Canada pour apporter les faux passeports. Du Canada, il repart vers la Belgique où un autre Algérien dont le nom reste inconnu l’attendait pour procéder à la falsification. Khabou aurait fait trois voyages à Montréal dans le premier trimestre de 1996. Et les rapports de police montrent que lorsqu’il était en Belgique, il téléphonait à partir d’une boutique appelée Phone Shop Ghiouar à INHH d’Istanbul et Montréal. Or, dans cette ville, deux numéros de téléphone apparaissaient sur les relevés : celui de Abdallah Ouzeghar qui vit actuellement à Hamilton, dans l’Ontario, et celui de Omary qui habitait un appartement de la rue Malicorne à Anjou, dans l’est de Montréal. Dans ce même endroit vit aussi Saïd Athmani, mais l’appartement appartenait à un autre Algérien du nom de Adel Boumezber (ami de Khalil Touahri), un cuisinier de profession. Boumezber, arrêté à Niagara Falls plus tard, était la personne qui a ouvert aux policiers et à la DST française lors de la perquisition d’octobre 1999. Lors de cette descente, des cartes de crédit, de faux passeports, de la marchandise volée furent découverts. Beaucoup de journalistes confondaient ce monsieur avec Mezber Amine (présenté comme Adel Tobbichi). Or, la confusion s’est vite dissipée en constatant que Boumezber n’était pas Mezber lequel porte lui aussi le prénom de Adel, né à Constantine et détenu actuellement aux Pays-Bas. Adel le Constantinois est décrit comme le roi des alias, car jusqu’à ce qu’il décide de porter le nom de Adel Tobbichi, il s'appelait, selon ses faux passeports, Parajasemita né en Guyane puis JPD Straebler de nationalité luxembourgoise. Adel Tobbichi est formellement accusé d’activité terroriste. Il avait des liens avec Djamel Baghal arrêté à Abou Dhabi puis extradé vers la France. Mais voilà que dans cet appartement de la rue Malicorne tenait lieu de garnison à notre ami Ressam Ahmed, arrêté à la frontière américaine et incarcéré actuellement dans la prison fédérale de Seattle sous le N° 29638-086. Ressam a utilisé un faux passeport canadien au nom de Antoine Beni Noris durant son séjour à Montréal. Il avait auparavant utilisé un faux passeport au nom de Tahar Mejdadi né le 15 décembre 1970 à Lyon pour pouvoir venir de France. Ressam avait fait une déclaration dans le procès de Mokhtar Houari tenu à New York en mars 2001. Il a avoué avoir été aidé par un certain Algérien du nom de Saïd Araâr, qui réside à Ottawa.

L’énigmatique Aït Mohamed
Au niveau du tribunal de Detroit, c'est l’affaire Haïmoud qui est citée en référence. Ce monsieur est accusé lui aussi d’avoir falsifié des documents et aurait utilisé le passeport et les documents d’un certain Michel Saissa. Haïmoud a plaidé non coupable contre les accusations de liens avec une association terroriste dénommée Assalafia.

Mais le plus intelligent des faussaires algériens, c’est bien Samir Aït Mohamed, emprisonné actuellement à Vancouver, au Canada, en attendant son extradition vers les Etats-Unis. Arrivé en Allemagne en 1990 avec un faux passeport italien, il a fini par falsifier un autre passeport hollandais pour aller en Finlande. La police de Helsinki a pu l’arrêter puis a décidé de l’expulser vers l’Allemagne où il a présenté une demande de réfugié sous un faux nom. En 1994, il décide de falsifier un passeport français pour rejoindre les Pays-Bas cette fois. Après quelques jours passés dans ce pays, il retourne en Allemagne. Mais au moi de juillet 1997, il réussit à falsifier un autre passeport belge pour aller définitivement à Montréal rencontrer et vivre avec Ressam Ahmed. Samir Aït Mohamed et Ressam ont totalisé un nombre de 57 actes de vol et de cambriolage.
 
Revenons à la cellule des faussaires algériens de Montréal qui a pour quartier général l’appartement de Malicorne. Dans ce haut lieu du trafic de documents vivaient Mustapha Lapsi, 25 ans, emprisonné en Irlande pour une affaire de passeport belge volé, et Noureddine Saïdi, ami intime de Fateh et arrêté avec lui en Jordanie. Les enquêtes ont permis de dévoiler aussi le nom d’un ressortissant algérien, Naserddine Helal, arrêté en France. Ce dernier avait la carte de visite d’une pâtisserie dans la ville de Baie Commeau (nord du Québec) et appartenant à Dridi Fatah lequel a reçu la visite de la gendarmerie canadienne. Mais Dridi Fatah a déclaré qu’il connaissait bien ces Algériens, mais lorsqu’il a vu qu’il filait du mauvais coton, il a déménagé loin afin d’être tranquille et s’occuper de sa famille et travailler honnêtement. Autre membre influent du groupe ayant demandé le statut de réfugié au Canada, Mourad Ikhlef, emprisonné actuellement à Montréal. Ce militant du FIS risque d’être extradé en Algérie puisque la justice algérienne l’a condamné dans l’affaire de l’attentat de l’aéroport Houari-Boumediene. Pour continuer à parler de la composante de cette “fraternité musulmane”, il est nécessaire de dire que la maison d’Anjou (Malicorne) est fréquentée aussi par Yazid Kamel, le frère de Fateh Kamel, et Saïd Gacemi, arrêté à Niagara Falls.

L’histoire de ce dernier avec la commission de l’immigration reste pour le moins inédite. Selon un journal canadien, Gacemi a demandé le statut de réfugié en prétextant qu’il était homosexuel et qu’il était persécuté en Algérie. Après vérification – clinique vraisemblablement –, la commission a fini par conclure au mensonge. Le cas le plus mystérieux est d’un ressortissant algérien répondant au nom de Ahcène Zemmiri, ancien fissiste, qui était parmi les personnes qui fréquentaient la bâtisse de la rue Malicorne. Ce bonhomme s’est totalement éclipsé. Un journaliste du quotidien La Presse n’a pas pu établir s’il avait un lien de parenté avec Omar Zemmiri, capturé par la police belge et membre du groupe de Roubaix. Un autre Algérien cité dans l’un des documents de la police, publié dans un journal canadien, s’appelle Jamel Eddine Hamadi et habite actuellement Vancouver, en plus d’un autre qui répond au nom de Raouf Hanachi, ex-vendeur de la revue “Al-Ansar” du GIA et ancien de la Bosnie. Ces deux éléments ont reçu la visite de la Gendarmerie royale canadienne. Il faut signaler dans ce sens que des contacts téléphoniques entre un groupe d’Algériens établis à Vancouver et l’appartement de la rue Malicorne ont été découverts par les enquêteurs. Parmi les éléments les plus connus existent Hamid Aïch, propriétaire d’un magasin d’informatique, et Abdelmadjid Dahoumène, complice d’Ahmed Ressam et emprisonné en Algérie actuellement.

La police française a émis aussi des informations concernant Zoheir Choulah (24 ans), emprisonné actuellement à Paris, originaire de Annaba, en Algérie. Ce monsieur faisait partie des brigades musulmane de Bosnie et est proche de Boudjelkha, un membre de l’ex-bureau national du Fis assassin. Pour rappel, M. Boudjelkha du FIDA (qui prône l’assassinat des intellectuels algériens) avait résidé en Malaisie, mais selon des informations sûres, le gouvernement du Koweït lui a accordé le refuge. Pour revenir à M. Choulah, il est important de dire qu’il avait voulu rejoindre le Canada pour faire partie des faussaires. Il est parti donc de Kuala Lumpur vers Taipei (Taïwan), mais la police des frontières l’a arrêté puisqu’on avait constaté qu’il utilisait un passeport canadien appartenant à Abdellah Ouzeghar lequel a un lien avec Mourad Aïssi qui réside en Italie. Ce pays est l’autre quartier général des faussaire et il est désolant de trouver parmi les endroits cités les centres islamiques de Milan et de Naples. Un document de la police italienne va plus loin et confirme qu’un enregistrement a permis de dévoiler une opération de trafic accomplie dans ces deux endroits. Et là on avait fait ressortir le nom de Adnani Mohamed, membre du Djihad égyptien et ancien soldat en Bosnie. C’est un élément de liaison pour le réseau international car c’est ici que Fateh Kamel a constitué son antenne lors de ses voyages de France vers la Bosnie. Fateh purge une peine d’emprisonnement de 8 ans. Un autre personnage incontournable dans la cellule des faussaires algériens : Mokhtar Houari qui écope actuellement une sentence de 24 ans de prison dans un établissement fédéral de New York. Les Américains l’ont condamné pour terrorisme et complicité avec Ressam. En réalité, Mokhtar Houari est un falsificateur de documents. Chez lui, on a trouvé un ordinateur et un appareil capable d’imprimer des cartes de crédit et de débit vierges. Un ami de Mokhtar Houari, Abdelghani Meskini, Algérien d’origine, mais né dans un pays africain, coordonnait avec lui les opérations à partir de New York. Meskini, emprisonné actuellement à New York, attend son procès.

Enfin, une autre information importante nous fait reculer un peu en arrière. Le 12 mai 1997, la police australienne arrête un Algérien nommé Mohamed Kaddari qui utilisait un faux passeport italien. Elle découvre dans ses poches les coordonnées de Saïd Athmani, ancien résident de Montréal arrivé le 12 septembre 1995 (emprisonné à Paris actuellement). Saïd Athmani a mis sur pied une équipe de 12 voleurs algériens à Montréal (Le Devoir, décembre 1999). Athmani avait un lien avec une Canadienne du nom de Lucia Garofalo laquelle a épousé Rachek Lamine, arrivé lui aussi au Canada avec un faux passeport français. C’est elle qui a été arrêtée au niveau des frontières américaine en train de faire passer un autre Algérien du nom de Ghamchi Mohamed. Ce dernier a séjourné dans une prison de Burlington, dans l’Etat du Vermont.

Source: http://www.lanouvellerepublique.com/lire/?idc=1&ida=2712&date=20030209