L’ex-gardien de but de l’Equipe nationale et de la glorieuse équipe qui avait battu l’Allemagne en 1982, Mehdi Cerbah, actuellement au Qatar, a bien voulu répondre aux questions de L’Expression à propos de la démission de Rabah Saâdane. Il a même évoqué la situation actuelle de l’Equipe nationale qui traverse une période très difficile.



L’Expression: Que vous inspire la démission de Rabah Saâdane de son poste de sélectionneur national après le nul contre la Tanzanie?
Mehdi Cerbah: Ecoutez, c’est ça le football et le métier d’entraîneur. Ce nul contre la Tanzanie est la goutte qui a fait déborder le vase. Il y a aussi des moments où il faut savoir quitter son poste. L’essentiel, c’est de quitter son poste au moment qu’il faut et non attendre jusqu’à ce que tout le monde se mette à la critique. Rabah Saâdane devait quitter son poste après le Mondial. C’était le moment qu’il fallait pour partir par la grande porte et par là même, laisser le flambeau à d’autres. Il ne faut pas attendre que tout le monde se déchaîne contre toi pour partir.

D’après vous, qu’est-ce qui n’a pas marché?
Quand on voit les deux matchs contre le Gabon et la Tanzanie, il y a lieu de s’exclamer: c’est la catastrophe! Ce n’est pas vrai ce qui s’est passé dans ces matchs. De plus, les joueurs, ont aussi une très grande responsabilité dans cette catastrophe. Qu’ont-ils fait? Ils donnaient l’impression de joueur pour eux.
On aurait crû que le coach national est dominé par son groupe. Puisqu’on retrouve des joueurs sans âme sur le terrain et on doute même qu’ils aient appliqué une moindre tactique. Cela voudrait dire qu’il n’y a pas un entraîneur qui est craint.

Et pourtant, ce sont ces mêmes joueurs qui ont fait de bonnes choses auparavant. Qu’est-ce qui a changé?
En équipe nationale, il y a des consignes. La Fédération a mis tous les moyens. D’ailleurs, jamais la Fédération n’a autant mis de moyens en Equipe nationale que cette fois-ci pour des résultats médiocres pour aboutir à cette catastrophe. Il faut être très sérieux en Equipe nationale. Il ne faut pas berner les gens par de mauvais arguments du genre, «c’est le début de saison et les joueurs ne sont pas aptes physiquement et manquent de préparation». Car ce n’est pas vrai. Les joueurs se préparent bien avec leur club et certains ont même entamé la compétition avec leurs clubs. Ce sont de faux arguments. Il n y a donc pas que l’entraîneur national, il y a aussi les joueurs qui sont responsables de cette catastrophe. Et puis, il y a aussi la presse qui ne joue pas son rôle comme il se doit dans certains cas...

Mais Rabah Saâdane a également fait de bonnes choses avec la sélection nationale, non?
Un entraîneur est jugé sur son bilan, combien de match il a joué, combien de matchs il a gagné et combien de matchs il a perdu. Et puis, s’il y avait des dépassements et il n’a pas voulu en parler préférant se taire? Mais, lui, est resté trop silencieux, laissant faire les choses. Et si après coup, il donnait des justifications, alors là, ce n’est pas juste. Car on lui aurait rétorqué de suite: pourquoi n’as-tu pas réagi à ce moment, pourquoi n’as-tu pas dénoncé ces cas négatifs. Quand on est responsable, on doit bien assumer sa responsabilité et l’assumer pleinement. Les mauvais résultats en Coupe du Monde, puis ceux contre le Gabon et la Serbie alors qu’on argumente que ce sont des matchs amicaux alors que dire de ce match contre cette modeste équipe de la Tanzanie? Quelle justification donner pour ce semi-échec? C’est pour ça que j’ai dit que c’est une catastrophe, même les responsables de la FAF auraient dû réagir avant-coup.

On évoque le nom de Benchikha pour succéder à Saâdane ou encore un entraîneur étranger, qu’en dites-vous?
C’est simple, je dirai que si j’étais Benchikha, j’accepterai tout ou rien du tout. C’est-à-dire, qu’il n’est pas question d’assurer juste un intérim. Saâdane et son staff ont bel et bien eu leur chance à fond. Et malgré les lacunes, personne ne l’a arrêté avec son staff. Alors que dans la logique, il devrait être remercié après la CAN.
Il restait suffisamment de temps pour trouver un entraîneur capable de mener cette Equipe nationale vers de grands résultats.

Après le nul des Marocains contre les Centrafricains, les chances de l’Algérie restent intactes. Pensez-vous que les Verts pourraient se qualifier dans ce groupe?
Quand je parle de catastrophe, il faut me croire. Car, tenez-vous bien, nous sommes tombés dans un groupe très faible. Or, on se trouve dans une situation de peur. On a peur de la Tanzanie, de la Centrafrique et puis quoi encore? Dites-moi si on a peur juste de ces modestes équipes, de qui n’avons-nous pas peur? C’est dire combien cette situation des Verts est catastrophique. Et ce que j’ai dit est la réalité...

Source: L'EXPRESSION