Le duel entre l'Egypte et l'Algérie continue de déchaîner les passions. Après la défaite des Fennecs au Caire (2-0) contre les Pharaons, les deux équipes se retrouvent à égalité parfaite au classement et devront se départager lors d'un match d'appui, mercredi 18 novembre à Khartoum, qui promet d'être épique. Mais après les incidents qui ont émaillé l'avant et l'après-match du Caire – le bus des joueurs algériens a été caillassé lors de leur arrivée en Egypte jeudi –, la tension est à son comble.

Malgré les consignes de la fédération algérienne qui a demandé à ses joueurs de ne pas s'exprimer, le milieu de terrain des Fennecs Khaled Lemmouchia est revenu lundi dans le journal L'Equipe sur ces évènements. Et il ne digère pas la passivité des instances internationales. "Je suis consterné de constater qu'aucune sanction n'a été prise par la FIFA. Vous vous rendez compte que dans le bus, nous avons été agressés par les supporteurs égyptiens, que c'était prémédité (...), que des joueurs ont été blessés, que le groupe a été perturbé par toute cette violence et que personne n'a réagi", explique-t-il. "Cette absence de prise de conscience me dépasse. On a l'impression qu'il ne s'est rien passé, que l'on a juste disputé un match tranquille, alors que la peur était présente, cela se sentait (...) Nous laisser jouer ce match, c'était de l'inconscience. J'ose à peine imaginer ce qui se serait passer si nous avions égalisé."


Le joueur de Setif, formé à l'Olympique lyonnais et qui est devenu international en s'imposant dans le championnat algérien, estime que les "Egyptiens sont arrivés à ce qu'ils voulaient." "Il suffit donc d'organiser des agressions pour remporter un match ?" s'interroge-t-il. "Moi on m'a posé trois points de suture sur le cuir chevelu (...). Que se serait-il passé si les Egyptiens avaient été agressés de la sorte à Alger ?" s'indigne Lemmouchia. "Ils auraient immédiatement fait demi-tour, seraient rentrés chez eux, auraient demandé la victoire sur tapis vert et l'auraient obtenue. Là il n'y a rien, et dans deux ou trois mois, si nous sommes éliminés, personne ne se souviendra des évènements du Caire. C'est ça le sport ?"

"INFORMATIONS ERRONÉES" SUR LE DÉCÈS DE SUPPORTEURS ALGÉRIENS

"Si elle (la FIFA) préfère voir les Egyptiens à notre place en Coupe du monde, qu'elle le dise clairement," poursuit le milieu de terrain, qui n'oublie pas que la fédération algérienne a également sa part de responsabilité dans la gestion de cette affaire : "Ils ont été inconscients sur ce coup." Des autorités qui depuis s'agitent, afin d'éviter le même genre de débordements lors du match d'appui au Soudan (voir l'article "Egyptiens et Algériens se tournent vers Khartoum").

Dimanche soir, le premier ministre égyptien Ahmad Nazif a appelé son homologue algérien Ahmed Ouyahia "dans le cadre des contacts en cours pour assurer la sécurité des Egyptiens qui résident en Algérie", a affirmé l'agence égyptienne officielle MENA. Selon l'agence, le ministre égyptien des affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, a eu également un entretien téléphonique avec son homologue algérien Mourad Medelci. Ces contacts ont été entrepris "après des informations faisant état d'attaques menées par certains Algériens contre des Egyptiens travaillant en Algérie et contre le bureau d'EgyptAir à Alger", a indiqué l'agence.

Selon plusieurs chaînes de télévision égyptiennes, les attaques contre les Egyptiens sont intervenues après la publication par deux journaux algériens "d'informations erronées" sur le décès de supporteurs algériens en Egypte. "Le gouvernement égyptien nous a informés sur les blessures de onze Algériens, qui ont quitté l'hôpital après avoir reçu des soins", a indiqué le porte-parole du ministère égyptien de la santé, Abderrahmane Chahine, qui avait auparavant dressé un bilan de 32 personnes, dont 20 Algériens, blessées dans la nuit de samedi à dimanche. Un journaliste de l'AFP sur place avait rapporté qu'au moins quatre bus transportant des Algériens avaient été caillassés après le match. Cité par MENA, le porte-parole du ministère égyptien des affaires étrangères, Hossam Zaki, a par ailleurs affirmé que "les relations égypto-algériennes ne peuvent être affectées par de tels incidents".

 

Source: http://www.lemonde.fr/sport/article/2009/11/16/egypte-algerie-nous-laisser-jouer-c-etait-de-l-inconscience-estime-khaled-lemmouchia_1267678_3242.html