Dans un objectif de rationalisation et d’efficacité de la taille de ce texte, le masculin est générique. Sur le pourquoi de cette adresse nominative à Mr M. Hamrouche. Seules deux motivations seront données. La première est cette photo parlante.

Lors de la présentation des condoléances à la famille de Bachir El Kadi, père d’Ihsane El Kadi, il a été vu en compagnie d’Abdelhamid Mehri à la maison mortuaire à El Biar. Sa modestie, sa réserve qui confine à une excessive timidité en est la seconde.

En Algérie, les titulaires de certaines fonctions sont assujettis à la prestation de serment sur le Coran pour proclamer qu’ils serviront les intérêts de l’État, de la nation et de la patrie et font le contraire.

Sans savoir si Hocine Ait Ahmed a subi cette épreuve, sa bonne foi et sa crédibilité qui ne l’épargnent pas de l’erreur sont une perle à préserver dans une jarre d’Ath Yenni. Pour donner une consistance réelle à cette abstraction, si la cime du Djurdjura porte le prénom d’une femme, les Algériens seraient bien avisés de baptiser d’autres montagnes des patronymes de ses enfants illustres.

Dans notre cas, sans preuve formelle, des événements seront décrits. Pour soumettre à l’épreuve du temps sa crédibilité, le scribe prête serment : « Je jure par Dieu à l’humanité entière de ne dire que la vérité et rien que la vérité. » 

Quand le souvenir de certains événements devient flou, les détails seront évités. S’il y a une erreur, les témoins vivants apporteront les corrections et qui sont indispensables pour éviter la falsification de l’histoire.  Si avérées, l’auteur de ces lignes fera un acte de contrition public.

Quel est ce volume pour tamazight ?

Après l’air et avant l’eau, le mot est la ressource la plus partagée par les humains dotés par Dieu de la faculté de son usage. Soumis aux flux de disparitions et créations, il est impossible de quantifier leur stock à un instant donné, t. Cette impossibilité est accentuée par le nombre de langues, dialectes et patois en usage dans l’espace considéré.

Le mot « impossibilité » est un argument faible parce qu’il faut au moins une estimation de ce stock. Cette dernière est la somme des nombres de mots (ou entrées) de tous les dictionnaires et encyclopédies. Quel est ce volume pour tamazight ?
En tant qu’intrants, leurs compositions dans diverses formes génèrent la production intellectuelle. Les chiffres d’affaire de tous les business qui se font avec cette production donnent la valeur commerciale. Pour la valeur économique sociale, d’autres variables comme les bénéfices privés et collectifs avec choix du régime de justice - selon les règles justes ou les résultats justes -, pour leur répartition doivent être estimées.

La discussion du caractère juridique de la propriété du mot en tant que bien de consommation est théorétique. Puisque le plagiat, le blanchiment de l’information, l’abus dans la copie privée, le viol du droit d’auteur et du copyright constituent des délits, dire que le mot est un bien privé, commun, public ou universel est complexe.

Du fait aussi que l’utilisation des mots est protégée par du droit international comme l’ADPIC (TRIPs) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou les jurisprudences de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) ; poussée à son extrémité, cette analyse du caractère juridique débouche sur leur privatisation et la privation des locuteurs de l’usage de certains d’entre eux. Fusionnées, elles forment un néofascisme.

Pour instaurer une hégémonie lexicale et linguistique à des fins de gains financiers ; les guerres, de la hard-power et les centres culturels et écoles, la soft-power, de certains pays dans d’autres en sont les moyens pour une allocation efficace de la ressource mot.

Une protection demeure : les mots de toutes les Écritures saintes qui sont affranchis de toute restriction et libres pour tout usage par l’argument qu’ils ont été révélés par Dieu et transmis aux humains par la délégation qu’il a accordée aux Prophètes. Dans ce cas, le mot a l’attribut de ressource naturelle, publique et universelle.

Même dans ce cas, les puissants, les free riders et esprits libres peuvent produire soit des calamités soit des humanismes.

En ajoutant leurs vies liées à l’histoire et politiques qui touchent à l’identité ; dans un environnement économique libertarien et des espaces communautaires atteints d’intégrisme économiste, presque tout ce qui précède relève du baratin, aspect que le rédacteur s’est interdit d’aborder quand il a été envoyé par un autre Algérien dans l’enfer privilégié d’une modeste étude des incidences économiques d’une langue millénaire en usage dans et par notre Patrie.
C’est le fond qui portera la suite qui traitera dans un style trivial de l’accessoire, du nécessaire et de l’indispensable.

L’accessoire

Durant les années (19)80, le Centre d’étude et de recherche en informatique (C.E.R.I) sis à Oued-Smar, dirigé d’une main de maître par le duo Lounis Bouras, directeur-général et Abdelhamid Louni, secrétaire général (S.G) tournait comme une montre suisse.

Avec un petit stock de mots d’arabe dialectal à gutturalité kabyle prononcée, le rédacteur a été invité à s’inscrire dans cette École. Sur les lieux, un ordre pour rejoindre le bureau du S.G qu’il ne connaissait ni d’Ève ni d’Adam l’attendait. Reconstruction du dialogue. Le S.G : - D’où êtes-vous ? ; – De Voujlil ; - De quel lycée ? ; - Akbou ; - Son nom ? ; - Debbih Cherif ; - Si tu bouges, tu seras exclu ! Le souvenir est clair, en ressortant déstabilisé ; dans le dos, ces mots de Mr Louni étaient entendus : « N’aie pas peur ! »

Durant les événements d’Avril 80, l’auteur de ces lignes n’a absolument rien fait qui lui vaille l’honneur d’être considéré comme un meneur encore moins leader ou militant.

Cumulées, toutes les accusations de jeunes innocents sont une grave injustice.

Un gala de la troupe Debza a été organisé dans la petite cafeteria du C.E.R.I. Marzouk Hamiane ou un de ses camarades a suggéré de choisir la langue d’entame du tour de chant. Certains ont opté pour l’arabe, d’autres pour le kabyle. Il a fallu l’intervention d’une poignée d’élèves pour éteindre le départ de l’incendie du racisme.

C’est la prégnance et priorité des langues même officielles et les clivages qu’elles engendrent qu’il faut comprendre et c’est un vécu au Québec.

Toujours au C.E.R.I. Une excursion à Yakouren a été organisée. Djebbar, le chauffeur d’autobus a forcé quelques élèves boute-en-train à l’accompagner – une remontée de souvenirs agréables et plus ou moins drôles doit être calmée pour rester concentré sur le sujet -.

À Yakouren, d’autres élèves se sont joint aux précédents pour un tour dans le village. Dans le groupe, il y avait des natifs de l’est, de l’ouest et de la région du M’zab. 

Dans le café du village ; accompagnées de consommations, des parties de « diminou » et belotte ont été jouées dans une bruyante ambiance vécue en arabe dialectal avec les divers accents régionaux ; le bônois et le tébessi émergeaient. 
Pour régler la facture, un élève s’est adressé au gérant en kabyle. Ce dernier : « pourquoi m’as-tu parlé en arabe à la commande ? ».

C’est en riant et dans un langage raciste : « Ce sont des arabes, il faut profiter de leur argent » que cet estaminet a été quitté. 

Aux premiers pas du groupe dans les rues de Yakouren et entendant certaines taquineries volontaires, la première manifestation de dissuasion de la part des villageois est apparue. Parce qu’elle n’était pas loin, la recherche de la limite de la coercition, violente s’entend, a été évitée.

De cette narration, c’est l’influence des langues dans les échanges commerciaux et les fonctionnements institutionnels des communautés qui sont à retenir. Pour construire une équivalence logique, plus loin sera montrée l’implication inverse. 

Quelques années après …

Rencontre de Mohamed Haroun à Tifrit (Béjaia). Il était d’un calme olympien. En commentant des démonstrations écrites en tifinagh, il a développé un discours sur le lien entre les sciences dures et tamazight. Il a été aussi question de la dénonciation dont ils ont été victimes et des « explosifs » utilisés qui d’après lui n’étaient pas destinés à donner la mort. Si ce détail est confirmé par ses compagnons encore vivants alors l’expression « Poseurs de bombes » doit disparaitre des récits parce qu’elle met en avant un mensonge, le caractère criminel de leur action, transporte une insulte à sa mémoire et élude le volet révolutionnaire. 

Au terme de cette rencontre, l’impression bizarre, ni agréable ni amère, celle de connaitre Ali Laimèche et Ouali Bennai s’est installée.

En reconnaissant le caractère national et officiel de tamazight dans les trois dernières versions du dangereux tissu phraséologique appelé constitution, un monumental acte de rédemption en direction de tous les Algériens de cette espèce rare doit être accompli par l’État.

Quelques autres années plus tard

À cause de quelques broutilles parmi lesquelles la question amazighe, la relation du rédacteur avec Ihsane El Kadi a pris un coup. Grâce à son amitié, encouragements et une information de premier choix ; d’un article sur la troupe Debza, il en est né un modeste ouvrage.

Un événement majeur a été narré par plusieurs membres de la troupe et d’autres témoins. Le voici dans une formulation synthétisée : si les larmes réelles et les supplications de Mustapha Bacha devant la faculté centrale pour l’annulation et le report de l’assemblée générale de Ben Aknoun avaient été écoutées, Madjid-Kamel Amzal serait peut-être encore de ce monde. Il aurait été au moins un oncle pour ses neveux.

Durant l’élaboration de ce travail, au cours d’une discussion autour d’Avril 80 et de ses conséquences, un individu inconnu du rédacteur a parlé des élèves admis au baccalauréat dans le centre de correction de Constantine et qui ont été retirés des listes officielles. L’idée d’une enquête journalistique avec Ihsane El Kadi est née mais abandonnée par la suite.

Avec des questions liftées, quelques anciens responsables dans l’Éducation nationale, sans le faire, ont voulu confirmer cette opération d’élimination.

En faisant le bilan uniquement de cette partie accessoire, ce sont une partie des drames de la patrie si correctement mesurés donneraient l’ampleur de la tragédie liée à notre identité.

Le nécessaire

En 2013, un refus poli et crucifiant à la fois a été la réponse à une sollicitation par l’Algérien mentionné plus haut pour une action en faveur de l’officialisation de tamazight. Son élégance dans les échanges qui ont suivi, l’écoute religieuse en exil de l’assassiné Lwenes Matoub qui a repris la musique de l’actuel hymne national, le travail de Hocine Ait Ahmed, l’échantillon d’événements survolés dans ce texte, une citoyenneté canadienne qui se vit sans carte d’identité, avec un hymne national bilingue, une prestation de sermon dans trois versions, en l’insérant dans l’universalité, ont réveillé notre atavisme. 

Quelle qu’était sa proto-origine, le rédacteur de ce texte se revendique amazighe qui a ses racines connues en Algérie.

Pour offrir à notre Patrie un moyen supplémentaire de retrouver la paix et mettre fin à cette tragique négation de ce qu’elle est, une modeste étude économique sur tamazight a été produite. Tout en respectant l’exigence universitaire de ne pas mélanger les genres, l’économique et le politique ; et pour montrer son importance vitale et les menaces qui pèsent dessus, une partie de cette étude a été concentrée sur le sud algérien pour intégrer les enjeux internationaux à travers le droit. 

Le 15 avril 2014, elle a été exposée à l’Université de Montréal et diffusée par la suite sur le réseau internet. Dans cette étude, au lieu de mesurer le niveau de développement de l’Algérie par ses stupides indicateurs que sont le taux de croissance, le taux de chômage, l’inflation, les indices de développement humain et synthétique de fécondité ; même avec ses tares, c’est l’indice du bonheur brut qui a été retenu pour la raison suivante : il est puisé de la perception du peuple et non des chiffres froids et débiles de l’administration algérienne.

Dans cette étude, à travers la suggestion d’une monnaie internationale régionale ancrée sur l’air et la terre, c’est l’influence de la culture, de l’histoire et de l’économie sur cette unité de compte qui est montrée. L’équivalence logique est ainsi établie.

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Durant le même mois, avril 2014, une lettre sur la question amazighe, sans contenu politique ni historique, faite de normes théoriques et standards internationaux a été envoyée à la présidence de la République.

En annexe, une liste de destinataires a été ajoutée. En compagnie de Hocine Ait Ahmed et d’autres, vous y figurez Mr Mouloud Hamrouche.

Ces deux actions demeurées sans suite ; une autre a été exécutée avec une liste additive de destinataires qui inclue des généraux, des chanteurs, des journalistes et des Algériens agissant dans d’autres domaines.

Sans pensée à de procès d’intention, aucune réaction publique de toutes les personnes citées n’a été constatée.

Une lettre de défiance au député du Front des forces socialistes, Rachid Halet lui a été envoyée par l’intermédiaire de son collègue Chafaâ Bouaiche. Dans celle-ci, entre autres, il a été demandé la suspension de la constitution avec le maintien des libertés civiles et politiques.  

Le sceau du caractère privé de certaines initiatives auprès d’autres Algériens doit être respecté mais, en se reconnaissant, il est espéré qu’ils réagissent publiquement.

La finalité s’est enfin révélée

Après toute cette agitation autour de tamazight, la finalité s’est enfin révélée : réviser le texte dit fondamental pour ouvrir l’Algérie à la prédation. Chose faite ! La permission aux mercenaires de la Banque mondiale et du Fond monétaire international comme Jean-Louis Dauphin d’agir en terre reconquise leur a été donnée ; et tamazight avec son officialisation est devenu une fumisterie qui s’ajoute à l’esbroufe de 2008 qui se cumule à l’arnaque de 2003.

La constitution algérienne est une bâtarde

La rédaction d’une constitution est une charge prestigieuse. Aussi longtemps que l’équipe rédactrice et ses conseillers demeureront inconnus des Algériens et sans consentement populaire, le vote approbateur du Congrès a fait d’un texte bâtard pris en kafala par l’État la constitution de la nation.

De plus, en violant le fondement philosophique et moral des droits de l’homme : l’indestructibilité des droits émis par Charles Malik et son groupe, au prochain Examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme de l’O.N.U., avec une délégation qui coutera la peau des fesses, l’Algérie subira une épreuve à l’acide. Le résultat sera un chantage à l’économique par les droits humains dans lequel embarqueront légitimement les Algériens. Sans se rendre compte, ils récolteront une double peine sur le moyen terme : dépeçage économique et une détérioration de leurs droits.

La course à la mangeoire – élections législatives - est ouverte. Si les Algériens veulent exprimer pacifiquement leur opposition à cette insulte, ils doivent voter massivement avec des bulletins nuls pour que leurs avis soient comptés et ainsi, ils bloqueront la machine à produire des lois qui les écraseront tout en maintenant l’Exécutif fonctionnel.

En quittant immédiatement l’Assemblée, en agissant pour une participation massive et une baisse des indemnités des élus, les députés du F.F.S rectifieraient leur bévue du boycott et honoreraient la mémoire de leur leader qui s’est battu toute sa vie pour une constituante. Quitter l’assemblée et agir pour une participation massive est le prix de l’extraction de la vérité de cette transaction comme dans un Lemon Market.

L’indispensable

La recommandation la plus répandue à l’Université de Montréal est : « Ne pas citer ses sources, plagier et un délit qui peut mener à l’exclusion. »

Pour la fonction justice dans l’étude sur tamazight et son rachat monétaire par les justiciables, un très modeste modèle mathématique a été ébauché. Une année et demie après, le système de retraite par capitalisation ou répartition a été étudié dans un cours siglé 3ème année d’économie des populations. Son modèle mathématique est de Nathan Keyfitz.

Surprise : les deux modèles de base sont des sosies

Si cette ressemblance avait été signalée par l’un des présents à la présentation de l’étude sur tamazight, la seule réponse possible est : « Je jure devant Dieu que je ne connais pas N. Keyfitz, que je n’ai pas pris ce cours et Tahar Moussaoui est témoin de mon enfer à le conceptualiser. » Sans preuve additionnelle, cette profession de foi n’aurait servi à rien et c’est au minimum la honte qui s’ensuivra. Présenté en moins de 75 secondes dans un thème passionnel y compris au Canada, cette similitude aurait-elle échapper à l’assistance ?

Et Hocine Ait Ahmed fournit la conclusion

Après sa disparition, avec des sources strictement anglophones, un petit travail sur l’impact de ses actions sur la présence de l’Algérie dans l’espace public international a été fait. Il manquait un aperçu sur la courbe de l’évolution de son discours. Vers le 8 août 2016, pour la première fois, son livre « La guerre et l’après-guerre » publié en 1964 a été lu. À la page 51, il a écrit :

Il convient également de faire du drapeau de l’Émir le drapeau de la République. C’est le symbole de la permanence de l’Algérie, d’autant qu’il est inspiré dans ses couleurs par les traditions nationales des étendards d’avant 1830. […] Le drapeau actuel restera l’emblème de la révolution.

Le problème de l’hymne national, qui fait partie de ces détails importants peut être réglé rapidement par voie de concours.

En proposant de doter la patrie d’un hymne national bilingue, nous avons réduit sa proposition. Si cette ressemblance entre les deux propositions a été repérée, aurions-nous été accusé de plagiat, de vol d’idée et de trahison de sa mémoire ? 

Dans les mots de Lwenes Matoub, « À mes frères des montagnes du Djurdjura jusqu’au fin fond du désert » et en ayant comme souci premier le maintien d’un État national debout et fonctionnel, sortons des futilités, dépassons nos susceptibilités pour un choc salvateur pour la patrie.

Si les Algériens n’arrivent pas à discuter, dialoguer, débattre même dans des conditions les plus rudes, ce sont les autres qui vont le faire pour eux et ce sera cruel.

À ces Algériens qui prétendent à des postes régaliens, si vous ne participez pas à ce genre d’initiative interne et patriotique, dans les négociations internationales, en face d’adversaires appuyés par des professeurs en mathématiques, probabilités et Relations internationales, vous serez laminés et vous vendrez ce qui reste de l’Algérie qui est menacée de dislocation.

Pour clore ce texte, ces mots de Hocine Ait Ahmed à la page 109 du même livre :

J’ai forcé mes paroles à dessein, pour essayer de secouer la viscosité intellectuelle dans laquelle s’enlise le leadership algérien ; dans cette recherche dialectique de l’équilibre, il est difficile de dire ce qui est prudence et ce qui est lâcheté, ce qui est audace révolutionnaire et ce qui aventure.