Même s’il a été exclu du « Débat des chefs » du 25 novembre 2008, Amir Khadir demeure un politicien très écouté au Québec. Certains prédisent à sa formation un avenir radieux, puisque les rangs des mécontents du système actuel ne cessent de grossir.
Voici l’entretien qu’il a accordé au portail d'information www.ksari.com:
Arezki Sadat : Les accommodements raisonnables et le sempiternel discours sur les valeurs nationales ont de nouveau ressurgi lors de la présente campagne électorale. Pourquoi l’Action démocratique du Québec veut à tout prix en faire l’un des enjeux du scrutin de décembre prochain?
M. Amir Khadir : À cette question sur l'ADQ et les valeurs nationales, il faut déplorer, en effet, le fait que ce parti cherche à profiter d'un certain mécontentement à l'égard de la laïcité dans les écoles. Cependant, les derniers sondages ne semblent pas donner raison à l'ADQ. Nous pensons que la population québécoise est beaucoup plus tolérante et ouverte qu'on puisse le penser. C'est aux politiciens-nes de faire le travail qui s'impose.
A. S. : Comparativement aux partis québécois qui siègent à l’Assemblée nationale, Québec solidaire est une jeune formation, puisque sa naissance remonte à l’hiver 2006. Quels sont vos objectifs électoraux cette année?
M. Amir Khadir : Nous visons 5% des votes à l'échelle nationale et nous pensons pouvoir gagner deux comtés (Gouin et Mercier) et peut-être deux autres au Québec.
A. S. : Et à long terme?
M. Amir Khadir : À long terme, nous comptons évidemment devenir une véritable opposition de gauche au Québec.
A. S. : La communauté maghrébine ne cesse de dénoncer le chômage structurel qu’elle subit. Pourtant, on ne la voit pas se détourner des partis qui représentent l’establishment au Québec, autrement dit les formations qui ont successivement dirigé la province, pour opter pour Québec solidaire. Comment expliquez-vous cette situation somme toute paradoxale?
M. Amir Khadir : Le Parti québécois a fait un travail assez important auprès des communautés culturelles dans les années 70. Ce travail leur a permis de garder des appuis pendant longtemps. Québec solidaire commence à faire un travail similaire et nous comptons récolter des appuis bientôt. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que plusieurs candidats-es de Québec solidaire sont issus des communautés culturelles.
A. S. : Quel message voudriez-vous adresser à la communauté maghrébine à un peu plus de trois semaines des élections provinciales?
M. Amir Khadir : Il est temps de répondre à nos propres besoins en tant que membres d'une communauté (revenu décent, transport en commun, logement social, qualité de vie sur le plan environnemental, une bonne santé) avant de penser aux intérêts des partis qui travaillent plus ou moins pour défendre les intérêts des patrons et des mieux nantis. Nous voulons une société démocratique, inclusive et plurielle, et toutes les communautés culturelles ont leur place dans une société démocratique.