Femme politique d'envergure , Madame  Viviane Barbot a longtemps milité pour la défense de valeurs qui furent le fer de lance d'initiatives porteuses de changements bénéfiques pour la société québécoise. Elle fut, toujours, parmi celles et ceux qui ont porté haut le flambeau de la dignité humaine et des droits de la femme sans pour autant occulter sa hargne à faire du Québec un pays à part entière. Son engagement et sa ferme détermination lui ont balisé le chemin bardé de luttes et de sacrifices.

Elle réaffirme, lors de cette Interview sa conviction de voir naitre une société québécoise plus unie et plus solidaire.


Wahid Megherbi : Quel bilan faites-vous de votre mandat au parlement fédéral d’Ottawa?

Viviane Barbot : C’est mon premier mandat; lorsque je suis arrivé, les gens de la circonscription disaient qu’ils avaient un ministre en la personne de Mr. Pettigrew mais qu’ils n’avaient pas de député. Ils avaient besoin de quelqu’un qui serait présent et qui comprendrait leurs problèmes et leur ouvrir des passerelles pour travailler ensemble dans le but d’améliorer leurs conditions de vie. Nos concitoyennes et concitoyens, d’après ce qu’ils me disent, sont satisfaits du travail que j ai accompli dans ce sens là.

 

Wahid Megherbi : Quel a été le fait le plus marquant de votre implication pendant la législature sortante ?

Viviane Barbot : J’ai été porte-parole du Bloc Québécois à la Francophonie et aux Langues Officielles; puis aux Affaires Étrangères. Je suis présentement Leader-adjointe à la Francophonie. Le travail au parlement se fait souvent en comités, mais la partie que j ai trouvé la plus difficile concerne l’affaire d’Omar Kader. Je trouve qu’un pays comme le Canada qui se présente comme un pays ouvert, juste, un pays soucieux des droits de la personne ne devrait pas faire un tel sort à un enfant.

On a signé des accords internationaux qui disent qu’un enfant est un enfant. On va aider les enfants soldats au Sierra Léone ou n’importe où; on ne peut pas laisser un citoyen canadien dans cette situation.

 

Wahid Megherbi : Que répondez-vous sur les détracteurs sur la pertinence du Bloc Québécois au parlement Canadien?

Viviane Barbot : Cette question est posée à chaque élection. Cette fois-ci les conservateurs en ont fait leur cheval de bataille; ce qui veut dire à quel point ca va bien pour nous.

Ils disent celà directement à une population qui nous élit fois après fois. C’est un déni de la démocratie que de remettre en question la présence des députés du Bloc au parlement fédéral.

A ce que je sache les néo-démocrates ne seront pas au pouvoir non plus. Les conservateurs ne remettent pas en question leur présence. Si c’est notre spécificité en tant que Québécois qui les dérange, nous allons continuer à être là.

 

Wahid Megherbi : En tant que femme, avez-vous votre place de choix au Bloc Québécois?

Viviane Barbot : Le Bloc Québécois promeut la présence des femmes en son sein; évidement, nous  ne sommes pas, encore, à la parité hommes -femmes. Mais en tant que femmes, nous avons notre place. J’ai déjà pris fait et cause pour la lutte des femmes durant mon parcours de militante féministe. J’ai toujours dis ce qui me paraissait important lors de débats et discussions. J’ai toujours veillé à être une députée à part entière au sein du Caucus du Bloc Québécois, mais si j’ai pu constater qu’on n’est pas encore à une égalité hommes- femmes.

 

Wahid Megherbi : Que faudrait-il faire pour faire du comté de Papineau un quartier plus dynamique?

Viviane Barbot : Moi je mise, essentiellement, sur les jeunes de Papineau; je rencontre la population. J’étais la semaine dernière  au Forum Social de Villeray où les gens se sont efforcés depuis un an à mettre des éléments qui vont leur permettre d’avancer. Il y a aussi la volonté de se mobiliser, de faire un quartier qui leur ressemble, qui a permis aux initiateurs du projet du Petit Maghreb de réaliser leur ambition toute légitime. En tant que députée, j’aide les gens à trouver les moyens d’accomplir ce qu’ils veulent et de le faire avec les autres membres de la société pour que Papineau soit un lieu vivant et convivial où chacun trouve sa place tout en s’ intégrant, parfaitement, à la société québécoise. Je pense que l’avenir est là.

 

Wahid Megherbi : Chaque député a des promesses; quelles sont les vôtres pour la future législature?

Viviane Barbot : Nous allons continuer au sein du Bloc Québécois à pousser des lois qui sont dans l’intérêt des gens comme par exemple tout ce qui concerne le logement social, le chômage et l’intégration des immigrants. Ce sont des dossiers qui me tiennent à cœur. Localement, c’est la présence, l’accueil des gens, solutionner les problèmes d’immigration, donner un coup de pouce à la population pour améliorer sa qualité de vie feront, également, partie de mes priorités premières.

 

Wahid Megherbi : Madame Barbot, la femme militante, la femme de terrain, a-t-elle un message à ses concitoyens?

Viviane Barbot : Il faut s’impliquer d’autant plus qu’on vient d’ ailleurs; il faut prendre notre place. On ne va pas attendre que nos enfants réussissent. On ne va pas faire le sacrifice de notre vie; on n’en est plus là. Il faut que les gens qui arrivent aient les moyens de s’épanouir dans cette société et que leur vie soit enrichie. Souvent, les gens laissent des situations qui étaient bien meilleurs chez elles que celles qui les attendent ici. Il faut que la société d’accueil s’ouvre; on doit donner aux gens les conditions optimales pour qu’ils puissent se développer.

 

Wahid Megherbi : Quelles sont les difficultés, les plus marquantes, rencontrées lors de votre  mandat comme députée?

Viviane Barbot : Il est difficile de parler de difficultés parce que nous agissons ensemble au Bloc Québécois. S’agissant du conté de Papineau, c’est vraiment l’écueil de la pauvreté. Parfois, on a l’impression qu’on n’a pas les moyens. Pour cela, il faudrait pousser d’autres leviers, pousser la concertation avec tous les élus. Je trouve très intéressant les entreprises de mouvements de population qui se prend en main; cela va motiver les élus à travailler ensemble. Les élus sont là pour aider et écouter les gens  et non pas leur dire ce que l’on veut,  nous.

 

Wahid Megherbi : Que faudrait-il faire pour favoriser l’essor économique de Papineau,?

Viviane Barbot : Dans la partie de Parc-Extension, il y a l’Université de Montréal qui doit y construire des bâtiments. Ce n’est pas tout a fait chez nous, c’est à Outremont; sauf que cela a des effets et des incidences sur Parc-extension qui va être, encore, plus enclavée. Les élus doivent faire entendre leurs voix pour que le développement du quartier adjacent ne se fasse pas au détriment du notre.

Il y a un autre projet dans le nord de saint Michel qui aura des incidences sur tous nos commerçants, mais il  faut que chaque projet se fasse dans le respect de ce qui existe déjà.

Dans  Villeray et un peu partout dans la circonscription, il faut solutionner les problèmes criards de logement social, de chômage et d’intégration des immigrants. Il faut impliquer tout le monde pour sécuriser ce que l’on a comme tissu social.

Tout projet doit se faire correctement.

 

Wahid Megherbi : Que conseillez-vous aux femmes issues de l’immigration sur la necéssité de l’implication politique pour une meilleure intégration ?

Viviane Barbot : Il faut que les femmes soient présentes; on ne vient pas toutes de cultures où les femmes sont sur la scène politique. La meilleure façon de s’intégrer en arrivant ici, c’est de se joindre aux autres groupes; il faut le faire harmonieusement  tout en étant ce qu’on est. Il faut faire cela dans le respect de ce que nous sommes, de nos familles, de nos valeurs, qui sont les nôtres.

Nos enfants vont vivre autre chose; ils sont à cheval entre deux cultures.  Il y a, surement, des liens à faire avec la société qui va nous permettre de mieux nous intégrer. L’essentiel, c’est d’être présents. C’est nous qui sommes arrivés, c’est à nous de faire un effort particulier.

 

Wahid Megherbi : L’ espoir de chaque immigrant, c’est ses enfants ; certains jeunes de Saint Michel et ses environs traversent des phases difficiles ; ne trouvez- vous pas qu’il faut solutionner ce problème une fois pour toute?

Viviane Barbot : Il y a beaucoup de gens qui travaillent pour trouver des solutions, mais ce que l’on ne fait pas suffisamment, c’est la prévention. On a certains enfants qui viennent de milieux très pauvres ; d’autres ont de la difficulté à s’intégrer, ils sont ainsi livrés à eux-mêmes. On sait qu’il y a le phénomène des gangs de rues, des phénomènes d’appartenance. Il ne faut pas laisser les  enfants tous seuls. Dans le quartier de Saint- Michel, en particulier, il est impérieux qu’il y ait du parascolaire, des activités sportives.

Par ailleurs, il faut arrêter de faire du profilage racial. Ce n’est pas vrai que les enfants sont des criminels ou des bandits en puissance. Les adultes doivent remplir leurs rôles auprès d’eux ; les accompagner assez tôt. Lorsqu’ on se comporte  comme des québécois, on va nous traiter comme des québécois. Par contre, si on continue à se comporter comme un Maghrébin, un Latino ou un Noir, on sera traité comme tel. Nous sommes une partie prenante de cette société; nos jeunes seront dans leurs cœurs ce que leurs parents sont. Notre jeunesse doit construire sa réalité et doit l’assumer de la  meilleure manière, qui est de se comporter comme des citoyens québécois.

 

Wahid Megherbi : les communautés maghrébine et haïtienne sont francophones, ce sont, paradoxalement, les membres de ces deux communautés qui ont le taux de chômage le plus élevé au Québec ?

Viviane Barbot : Cette situation est tout à fait inacceptable. ca vient jouer dans notre dualité Québec- Canada. Au Québec, on dit que la langue française est la langue nationale, on veut que les gens travaillent en Français. Savez-vous que selon la Loi canadienne, il y a, actuellement, deux cent mille personnes qui travaillent dans les entreprises sous juridiction fédérale au Québec et qui peuvent travailler en Anglais parce que leurs employeurs ont le  droit de leur permettre cela car ils sont au Canada.

Nous voulons qu’au Québec tous les gens soient régis par la Loi 101 pour exercer leurs métiers. Il y a, aussi, le problème de la reconnaissance des acquis qui est du ressort du Québec. Cependant, il faut faire des efforts de ce coté-la et faire des programmes de jumelage d’intégration et de reconnaissance des acquis. Il faut que l’Etat établisse des passerelles concrètes pour que les gens puissent intégrer le marché du travail. Il y va de la dignité des êtres humains et c’est le désir le plus profond des gens de se réaliser. Mais on ne peut se réaliser si on reste en marge de la société et on ne travaille pas.

 

Wahid Megherbi : S’il y a un message à transmettre à nos lecteurs, ca serait quoi?

Viviane Barbot : Les gens doivent prendre conscience du rôle néfaste du Parti Conservateur pour le Québec. Il ne faut pas aller dans cette voie là. Mr. Trudeau ne veux que devenir député pour aller dans les hautes sphères du Parti Libéral. On a eu des Libéraux depuis longtemps ; cela n’a rien donné. Le Bloc Québécois est présent, nous avons quelqu’ un qui est présent pour la communauté, qui travaille pour elle, à faire en sorte qu’on avance tous ensemble. Pour le Bloc et pour le Québec, je vous demande de voter Viviane Barbot.


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