Mr le Consul nous a reçu dans ses bureaux pour nous parler et répondre à nos questions. Il a répondu à toutes nos questions avec un ton franc, il a réitéré sa constante disponibilité d être à l'écoute de la communauté algérienne présente au Canada. De tempérament calme, je l’ai trouvé attentif aux attentes de nos compatriotes. Son expérience sera, sûrement, d’un grand apport pour rehausser l’image de notre pays et lui donner la place qui lui revient.


Wahid Megherbi : Beaucoup de citoyens ne connaissent pas le rôle exact du consulat. Pouvez-vous nous éclairer là dessus davantage?

Abdelghani Amara : Le rôle du Consul Général c’est de représenter son État dans la circonscription où il est accrédité. Il est en charge, aussi, de la protection des intérêts des nationaux établis dans la dite circonscription  (personnes physiques et morales).  En Général, la protection des nationaux à l’étranger est régie selon les principes universels définis par les différentes chartes du système des Nations Unies.  Les principes de la protection consulaire sont notamment codifiés par la convention de Vienne sur les relations consulaires du 24 avril 1963. L’Algérie organise également la protection de ses citoyens au moyen de conventions bilatérales pour assurer les droits et les intérêts de ses ressortissants dans l’État de résidence, qu’ils soient résidents permanents ou de passage. 

La protection des citoyens est un droit constitutionnel ; de ce fait l’État est responsable de la protection de tous  ses ressortissants  établis à l’étranger. Ainsi, le Consul Général veille à la bonne application des dispositions de l’ensemble de ces textes.

Le poste consulaire est, donc, l’institution de base de la protection des nationaux à l’étranger. Parmi les pouvoirs de protection à caractère consulaire, je mentionnerai  le pouvoir administratif concernant tout ce qui a attrait à l’état civil; à la protection judiciaire et à la fonction notariale à la circulations des personnes, à la navigation maritime et aérienne, notamment le contrôle et l’inspection sur les navires et les avions algériens et sur leur équipage.

Il y a les pouvoirs consulaires généraux en matière de personnes, en matière familiale et en matière de protection des biens.

W. Megherbi : Le consulat général d’Algérie couvre quel ensemble territorial ?

A. Amara : Le consulat général à Montréal couvre l’ensemble du territoire canadien.

W. Megherbi : Quelles sont vos principales priorités?

A. Amara : Ma priorité principale est d’améliorer les prestations offertes par les services du consulat général, pour satisfaire le mieux possible  nos ressortissants qui ont droit à un service de qualité. J’accorde un intérêt particulier aux conditions d’accueil et à la réduction du délai  d’attente pour la délivrance des  documents ou pièces administratives établies par mes services.

Le temps de traitement de quelque dossier que ce soit sera réduit au maximum.

Améliorer l’accès à l’information sera, également, l’une des priorités ; le citoyen algérien trouvera toutes les informations utiles sur le site Internet du consulat général.

Je veillerai à créer un partenariat dynamique et durable et non occasionnel avec le mouvement associatif. C’est pour cela qu’on a organisé une rencontre avec des représentants du mouvement associatif et les médias pour nous informer et mieux nous connaître les uns des autres.

Dans un avenir proche, des rencontres régulières avec toutes les compétences nationales établies au Canada, seront annoncées. Nous organiserons des conférences en collaboration avec des universitaires algériens résidant au Canada, dans le but d’identifier les enjeux pertinents et trouver les remèdes adéquats aux différentes problématiques concernant notre  communauté établie dans ce pays ami.

Nous travaillerons de concert avec  les universitaires et experts présents au Canada pour identifier les possibilités de coopération avec les opérateurs du milieu économique et scientifique qui exercent en Algérie.

Nous aurons, et j’en suis certain, les meilleures relations possibles avec toutes les composantes de la communauté nationale établie au Canada.

W. Megherbi : Y a-t-il des dossiers qui requièrent une coopération plus étroite entre le consulat général et les représentants de la communauté ?

A. Amara : A travers des rencontres périodiques, nous allons toucher tous les secteurs de la vie active quotidienne, qu’ils soient économiques, scientifiques, politiques, culturels ou autres.

Nous allons mettre à contribution toutes celles et ceux qui voudraient  donner la meilleure image de l’Algérie. Des conférences et colloques seront programmés pour sensibiliser l’opinion publique canadienne sur les atouts de notre pays.

Il y aura, toujours, un représentant  du consulat général pour participer à toute manifestation culturelle ou autre organisée par la société civile. Il pourra répondre aux   préoccupations des ressortissants.

Nous allons combattre et effacer toute idée d’exclusion que certaines associations ou personnalités peuvent éprouver à l’ encontre de la représentation consulaire.

Je serai à l’écoute de tout le monde, je recevrai tous ceux et celles qui souhaiteraient me rencontrer. Les prochaines réceptions seront organisées soit par sensibilité, soit par projet, soit, tout bonnement, par thème.

Nous développerons, aussi, des liens de confiance et de coopération avec le monde des médias, sans exception aucune.

W. Megherbi : Un citoyen ne faisant pas partie d’association ou d’organisme quelconque, sera- il reçu ?

A. Amara : Je n’exclurai personne quelque soit son obédience ou appartenance politique. Les portes sont ouvertes pour chaque algérienne et chaque algérien.

W. Megherbi : Des enfants algériens ont grandi au Canada, certains  sont en âge d’accomplir le Service National ; qui en est exempt et qui ne l’est pas ?

A. Amara : Le Service National, qui est, un devoir est régi par les dispositions de l’ordonnance portant service national. De ce fait, chaque ressortissant résidant à l’étranger est appelé à prendre contact avec les représentants diplomatiques et/ou consulaire de son lieu de résidence pour régulariser sa situation en matière de recensement, d’exemption ou de sursis et de renouvellement de sursis.  Cependant devant l’ampleur des dossiers, Monsieur le Président de la République a décidé,   par Instruction présidentielle du 30 mars 1999,   de régulariser la situation du service national de certains  citoyens qui satisfont aux conditions exigées. Tous ceux qui répondent auxdites conditions obtiendront leur exemption, les autres devront accomplir leur service national.

Pour terminer j’aimerai vous rappeler que contrairement à certains pays, notamment en Europe une commission de la direction du service national se déplace pour l’étude et le règlement des différents cas qui se pose, les dossiers traités par le Consulat Général à Montréal, sont transmis à la direction du service nationale près le Ministère de la Défense nationale pour décision.

W. Megherbi : Le problème  du rapatriement des corps des personnes décédées au Canada sera-t-il, enfin, résolu ?

A. Amara : J’ai dis la dernière fois lors de ma rencontre avec les Médias que je n’ai pas reçu d’instructions de mon autorité de tutelle, qui est le ministère des affaires étrangères. Le jour où je recevrai des instructions en ce sens, je convoquerai l’ensemble des médias pour informer l’opinion publique. Il y aura, également, un communiqué qui sera diffusé en ce sens la.

L’État algérien ne se désintéresse pas de ses morts; chaque décès d’un citoyen ou citoyenne nous touche au plus profond de nous-mêmes. Néanmoins dans l’attente de solutions définitives, il à rappeler que chaque dossier nécessitant une attention particulière, notamment ceux concernant les familles démunies, ils seront pris en considération en temps et lieu 

W. Megherbi : On attend beaucoup de vous, cela va de soi ; mais qu’attendez-vous Monsieur Amara des algériens résidant au Canada ?

A. Amara: Chaque citoyen a des droits et des obligations. Parmi les droits, nous pouvons citer  à la protection de son pays. C’est un droit constitutionnel. Quant aux obligations, considérées comme un objectif noble pour tout algérien et toute algérienne fièrs de leur appartenance, nous pouvons mentionner la participation au développement de son pays et à l’amélioration de son image dans le pays d’accueil  

W. Megherbi : Comment voyez-vous votre relation avec les consuls des pays maghrébins, vu que nous sommes d’abord perçus au Canada comme maghrébins avant d’être algériens, marocains, mauritaniens ou tunisiens ?

A. Amara : J’ai déjà entrepris des visites de courtoisie à mes homologues et amis Maghreb arabe.  La construction de ce  grand espace est l’une des priorités de la diplomatie algérienne. Rassembler les maghrébins autour d’un seul projet est l’objectif de tout le monde. J’aurai les meilleures relations possibles avec mes collègues pour  donner la meilleure image de nos ressortissants  au Canada.

W. Megherbi : Êtes-vous tenu, toujours par une obligation de réserve?

A. Amara : tout responsable  est tenu par des obligations de réserve ; mais  nous  essayons  par tous les moyens d’être le plus clair le plus coopératif possible.

W. Megherbi : Vu vos états de service, ne trouvez- vous pas qu’à travers votre nomination, l’état algérien accorde une importance à la  chancellerie de Montréal et à travers elle à la communauté algérienne établie au Canada ?

A. Amara : L’état accorde une grande importance à toute la communauté nationale établie à l’étranger, notamment, celle présente au Canada. Celle-ci est récente, constituée de gens de qualité, d’universitaires, d’artistes, de personnes  ayant des compétences remarquables.

Si ma nomination obéit à cette dynamique, il faudrait poser la question à mes supérieurs, mais si vous le dites cela me fait plaisir et me réjouit. Je saisi cette opportunités pour vous réitérer ma volonté  de  servir la communauté nationale établie au Canada.

W. Megherbi : Quel est votre atout principal, votre force ?

A. Amara : Le calme, j’aime être serein.

W. Megherbi : Quel est votre loisir préféré ?

A. Amara : J’aime beaucoup le cinéma, j’aime lire. Je suis, aussi, un ancien footballeur. A vrai dire, j’adore le sport. Il m’arrive de pratiquer, assez fréquemment, la natation et le footing.

W. Megherbi : Quelle est votre phrase fétiche ?

A. Amara : « À cœur vaillant rien d’impossible »  cela signifie qu’avec du courage on vient à bout de tout

W. Megherbi : Notre pays n’a-t-il pas pensé à travers ses représentations à l’étranger d’aider, de financer les jeunes talents algériens résidant au Canada, qui excellent dans des disciplines sportives prometteuses en médailles  pour l’Algérie dans le futur ?

A. Amara : l’État algérien pense à tous ses enfants, sans exception aucune. C’est à nous tous de prospecter et dire quels sont les sportifs qui mériteraient qu’on leur apporte notre soutien pour les accompagner, efficacement, dans leur carrière sportive. On pourrait le cas échéant,  faire des suggestions aux responsables du  ministère de la jeunesse et des  sports de prendre en charge ces jeunes élites.

W. Megherbi : Avez un message à faire passer à la communauté algérienne au Canada, surtout, que nous  sommes en plein mois de Ramadhan ?

A. Amara : Pensez à votre pays, essayez de défendre ses intérêts. Vous pouvez compter sur moi ainsi que sur l’ensemble des membres de la représentation consulaire.

Nous sommes disponibles à vous aider, à vous accompagner dans toutes vos démarches. Le consulat général est la maison de tous les algériennes et de tous les algériens; c’est la maison de l’Algérie.

Wahid. Megherbi : Au nom de toute l’équipe de Ksari.com, je vous remercie, infiniment, Monsieur le Consul Général.

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Biographie
Mr Abdelghani Amara est le nouveau consul général d’Algérie à Montréal. Diplomate de carrière depuis 1983, il est diplômé de l'ENA. il a occupé de nombreux postes importants dont consul Général adjoint à Paris entre 1988-1992, puis consul Général d'Algérie a Pontoise de 1998 à 2004.  Avant son arrivée à Montréal, il fut Directeur des Immunités et privilèges diplomatiques pendant 4 années.

 


Notes

Un consul est un diplomate en poste dans un consulat qui remplit essentiellement les tâches suivantes :

- Le consul est en charge de la protection et de l'administration de ses concitoyens dans l'enceinte de sa circonscription consulaire :
-Il est officier d'état civil
-Il délivre les titres d'identités et documents de voyages
-Il gère la délivrance des aides sociales à ses concitoyens
-Il est en charge de l'évacuation de la communauté en cas de danger
-Il apporte un secours à ses concitoyens en difficulté avec les autorités locales.
-Il délivre aussi le cas échéant les visas d'accès au territoire national pour les ressortissants du pays hôte. 
 

Un ambassadeur est un représentant d'un État auprès d'un autre, ou auprès d'une organisation internationale. Au sens figuré, toute personne chargée d'un message ou d'une mission quelconque

La convention de Vienne sur les relations diplomatiques est un traité international réglant les rapports diplomatiques entre pays, et l'immunité du personnel diplomatique. Elle a été adoptée le 14 avril 1961 à Vienne (Autriche), et est entrée en vigueur le 24 avril 1964. Elle a été complétée en 1963 par la convention de Vienne sur les relations consulaires.

La convention de Vienne sur les relations consulaires est un traité international complétant la convention de Vienne sur les relations diplomatiques