Avant d’émigrer au Canada en 1988, Mourad avait vécu de courtes périodes au Danemark, au Groenland, en Pologne puis en France, en quête d’un destin plus clément, en vain.
Face à ces contrariétés et à la complexité du parcours, il troque le rêve européen contre celui de l’Amérique du Nord en mettant le cap sur le Canada.Mourad s’établit dans la zone francophone du Québec, à Montréal, où il reste deux années avec l’effarant statut de sans-papiers, soumis quotidiennement au stress et constamment hanté par le scénario de l’expulsion et du retour à la case départ. Cette situation dure deux années, avant que son chemin ne croise un merveilleux destin digne d’un conte de fées plein d’aventures, d’amour et de passion. Son fabuleux destin venait de lui tendre la main pour amorcer une nouvelle vie que peut-être aucun Algérien n’a pu connaître à ce jour.
Un printemps de 1990, les yeux de Mourad croisent le regard timide et innocent d’une jeune fille de souche indienne, étudiante en chirurgie-dentaire à l’université de Montréal, intéressée elle aussi par le look de Mourad, qui ressemble à un véritable Indien ; avec ses cheveux raides noir corbeau et son teint brun, il avait en effet le type amérindien.
Sally Trapper, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a ouvert son cœur à Mourad, découvrant les intentions de ce garçon prodige venu de l’inconnu et qui ressemblait tant à ses cousins de la réserve indienne de la Mistassini, en Amérique du Nord. Limpide, sincère et naïf lui aussi, Mourad se vantait de son «algérianité», de son père révolutionnaire qui a chassé la France de son pays, de sa mère khalti Sadjia qui excellait dans l’art culinaire d’Algérie, de la chaleur familiale, de ses frères et sœurs et de son quartier d’El-Biar qui surplombe la belle baie d’Alger, face à la Méditerranée qui, incontestablement, est une merveille du monde.
Les larmes aux yeux, Sally Trapper comprend que c’est lui et rien que lui qui sera son élu pour le meilleur et pour le pire.
Guidée par la doctrine indienne, elle lui propose de lui présenter son père, Williams Trapper, qui s’avère être le grand chef spirituel de la tribu indienne de la Mistassini, qui se trouve à plus de 1 000 km au nord du Québec, dans la baie James.
Au terme de sa rencontre avec le grand chef, les youyous à l’indienne se sont fait entendre par toute la tribu pour annoncer l’accord favorable du grand Manitou qui a vu en Mourad le gendre idéal, plein de valeurs intrinsèques favorables à son intégration au sein de la communauté indienne. Cependant, Mourad posa deux conditions sine qua non à son mariage avec Sally et sans lesquelles il retournerait à la case départ. La première condition consistait à informer ses parents en Algérie afin de recevoir leur bénédiction et la seconde de prononcer officiellement son mariage halal en passant par la mosquée de Montréal.
Les trappeurs ont davantage admiré Mourad pour son attachement aux valeurs culturelles de ses origines qui se sont avérées proches des principes intangibles des Indiens.
Source: http://www.infosoir.com/editarchive.php?lejour=27&lemois=7&annee=2006&id=50767