Mohamed Amry s’est battu contre le système judiciaire américain, pris dans la tourmente de l’après-11 septembre.

Quand tout Arabe ou musulman devient suspect aux yeux du FBI et des Américains. Comment vivre en se découvrant taxé de terroriste et emprisonné ? Et surtout comment s’en sortir ? Récit d’un naufragé. « Je ne suis pas un terroriste », clame très fort Mohamed Amry, installé aux Etats-Unis. C’est l’histoire d’un homme ordinaire, ou presque, car il a le malheur d’être Algérien et musulman, installé depuis 10 ans aux Etats-Unis, à Boston plus exactement, qui a vu sa vie tourner au cauchemar après les attentats du 11 septembre. Le 14 janvier 2002, peu avant 7 h, une escouade du FBI débarque chez lui et l’arrête devant sa femme et son fils. Motif : il serait un agent d’Al Qaîda. Il fait partie de l’axe du mal, défini par George Bush. La machine judiciaire s’emballe, le rouleau médiatique broie tout sur son passage. Les collègues et les voisins deviennent soupçonneux, méfiants. La vie a basculé dans le cauchemar. Le pays de l’Oncle Sam vit dans la paranoïa : tout musulman est un terroriste en puissance, potentiel. L’Oranais de 30 ans, qui rêvait d’intégration et aspirait à un monde meilleur, se retrouve en prison. Il y passera deux ans, ballotté d’une prison à une autre. Le plus hallucinant dans cette histoire, ce sont les motifs d’arrestation. Le dossier ne repose sur rien. Sinon sur les déclarations d’un repenti, trafiquant de drogue et islamiste. Au bout de deux ans, la justice américaine a tranché : Mohamed Amry est innocent. Aucune charge n’est retenue contre lui. On est dans le monde de Kafka, avec une fin heureuse, il est vrai. Il a eu la chance d’être soutenu juridiquement et psychologiquement. Ce n’est pas le cas de la plupart des musulmans arrêtés aux Etats-Unis après le 11 septembre. Mohamed Amry a tenu à consigner son témoignage dans un livre Je ne suis pas un terroriste, (éditions Balland) pour raconter l’inénarrable et aussi pour montrer les dérives policières et judiciaires d’un pays qui se veut donneur de leçons en matière de démocratie et de droits de l’homme. Un pays qui détient encore des dizaines de personnes sans jugement à cause de leur nom et de leur religion. Le livre est plus qu’un cri à toute l’humanité, c’est aussi un appel à la raison contre la peur. Il s’adresse à l’Occident mais aussi au reste du monde. Ce cri aurait pu être poussé par des millions de musulmans tant l’amalgame s’est généralisé. A cause d’une minorité illuminée et de l’incompréhension, quelquefois voulue et assumée, des médias aux ordres et d’hommes politiques prônant le conflit des civilisations.

Source: http://www.elwatan.com/2004-11-13/2004-11-13-7915