Investir pour l’avenir de nos enfants

« Le peuple berbère à une histoire, une mémoire, une culture, une civilisation. On n’a pas le droit de l'occulter.... »

Non je n’ai pas oublié même si ma vie…

Qui pourrait oublier la terre de ses ancêtres? Qui pourrait oublier cette Algérie belle, chaude et tolérante du bon vieux temps? Qui pourrait oublier la ville blanche? Qui pourrait oublier ce soleil qui tape mais qui rassure? Qui pourrait oublier le ciel bleu et la mer d’Algérie? En tout cas, ce ne serait pas Enrico Macias.

Depuis plus de 40 ans, il ne cesse de chanter cet amour fou qu’il porte à sa terre natale algérienne. Depuis plus de 40 ans qu’il rêve rentrer un jour chez lui en Algérie et chanter pour les siens enfin. Depuis plus de 40 ans qu’il chante l’amour, la fraternité et le rapprochement entre les cultures et les peuples qui font le monde. Il est aujourd’hui ambassadeur auprès des nations Unies pour la paix. Il prône de toutes ses forces la coexistence pacifique des deux peuples du Proche Orient Israélien et Palestinien.

En ce début mai, il a plusieurs spectacle au Québec. Le 02 mai au Casino de Hull. Le 4 et 5 mai à la Place des Arts à Montréal. Le 07 mai au Capitole de Québec.

Nous faisons partie de ces générations d’Algériennes et d’Algériens qui ont aimé et chanté ses chansons mais sans le voir sur scène en Algérie. Nous avons enfin l’opportunité de le voir ou de le revoir encore et encore ici au Québec en attendant que les nôtres le voient enfin chez eux en Algérie. Nous avons donc pris Rendez-vous avec Enrico Macias pour l’interviewer. Mais en réalité, c’était un Rendez-vous avec nous-mêmes, notre passé, notre présent et surtout notre avenir. Un avenir d’espoir et de réconciliation avec tous les enfants d’Algérie peu importe leur langue ou leur religion. Notre entretien est plus une retrouvaille qu’une interview au sens protocolaire en quête de scoop ou de scandale. Elle a été simplement humaine, chaleureuse et prometteuse. On ne se sent chez soi qu’avec les siens. L’artiste peintre Ali Kichou, le photographe québécois Normand Lacasse, l’un des membres De Tafsut, (Troupe de chants et de danses de Kabylie) Lamara Yaker avaient accepté de nous accompagner Aissa Lamri et moi-même dans cet agréable voyage dans le monde d’Enrico Macias, un des nôtres, l’éternel algérien, l’éternel amoureux de son Algérie. Notre Algérie. Elle est très belle cette Algérie profonde et plusieurs fois millénaire.

Djamila Addar

Enrico Macias

Enrico Macias ou Gaston Ghrenassaia est né le 11 décembre à Constantine de père andalou et de mère provençale. Enfant du soleil, Enrico grandira dans les rues ensoleillé de Constantine, partageant ses loisirs entre les courses vertigineuses de Chariot sur les trottoirs et la guitare qui lui a été offerte par son père qu’il gratte tant bien que mal pour le plaisir des copain.

Enfant du soleil, Enrico Macias chante l’amour et la vie avec la même sincérité et la même chaleur depuis plus de 40 ans. Parmi ses classiques, Dis-moi ce qui ne va pas, Enfants de tous pays, Les gens du Nord, Le mendiant de l’amour, Un berger vient de tomber…Dans son plus récent album, 15 chanson d’or, on retrouve 15 merveilleuses mélodies que l’on connaît presque par cœur et qui ont fait la renommée de ce grand chanteur algérien, qui chante la paix et la solidarité depuis 40 ans.

Extrait du dossier de presse distribué par : Délit de Fuite Communication
Plus d’information ; Mélanie (514) 875-1499

Entretien avec Enrico Macias
Djamila Addar pour Amazigh Montréal
Aissa Lamri pour Montréal Labès


AmazighMontréal : Chaque deux ans, Enrico Macias se produit à la Place des Arts, à Montréal. Peut-on déduire qu’il y a une sorte de rituel ou de loyauté avec le Québec. Une tradition s’est établie et vos fans le savent.

Enrico Macias : C'est vrai qu'il y a une grande histoire d'amour entre le Québec et moi et ce depuis, 1968. Je viens donc régulièrement, en moyenne tous les deux ans chanter ici au Québec. D'abord, parce que j'ai remarqué que c'est un peuple très hospitalier. Évidemment moi je ne vis pas ici , j'imagine qu'il doit y avoir aussi des problèmes mais en tout cas la façon dont on me reçoit tout en sachant tout ce que je représente comme symbole… ça veut dire que : si je reviens c'est avec plaisir parce que le Québec ne pratique pas l'exclusion, il pratique l'hospitalité. Nos communautés sont bien traitées, je crois, enfin d'après ce que j'entends, mais s'ils n'étaient pas très bien traitées, je crois que je ne viendrais pas ou alors, on me le demanderait pas. On sait très bien qui je suis, qu'est-ce que je représente, d'où je viens, qui est ma mère comme vous avez dit tout à l'heure. Et, donc, si jamais on faisait du mal aux miens, quand je dis les miens, ça veut dire tous ceux qui représentent mes racines: C'est à dire vous, la communauté juive, la communauté musulmane, algérienne d'origine berbère. Toutes les minorités que je représente parce que moi aussi je suis une minorité, je représente une minorité. Moi je trouve que c'est fantastique le Québec, c'est vraiment une terre d'accueil, une terre d'asile.

AmazighMontréal : Pourrait-on dire que vos deux ou trois derniers passages à la Place des Arts seraient différents des années précédentes? La communauté algérienne qui ne cesse de grossir à Montréal vient vous voir en force, ça vous fait quoi? Cette communauté vient vous voir chaque fois que vous veniez .Est-ce que vous sentez cette différence par exemple?

Enrico Macias : Oui, je sens cette différence. Je la sens et c'est très agréable parce que tout ce que j'ai mené -je n'aime pas dire le mot combat parce que moi que je ne suis pas un combattant, je suis un messager plutôt- , mon parcours qui a été souvent empêché par des considérations, des malentendus si vous voulez, par manque d'informations ou manipulations extérieures, des agressions extérieures et, c'est vrai que j'ai rencontré des problèmes au début mais quand on est venu dans les salles de mes spectacles on s'est aperçu qu'il y'avait une telle communion entre des gens qui forcément ne pensent pas la même chose et que j'ai réussi par ma musique, par mes chansons, mon histoire et, je le revendique aussi par ma personnalité sans aucune prétention, par tout ce que je véhicule comme idée de fraternité, de rapprochements entre les différentes communautés. Je suis fier d'avoir eu raison au même temps parce que j'ai toujours eu confiance au verdict du peuple et du public. Le public peut se laisser manipuler par des extrémistes, par de l'ostracisme, par beaucoup de choses mais, quand-même, avec le temps, il a une vision juste, il respecte la justice, El-haq comme on dit chez nous. Il arrive tôt ou tard et, moi je peux avoir la prétention de dire que dans mes spectacles c'est tout à fait le contraire de ce qui se passe dans le monde, c'est peut-être un rêve mais c'est aussi une réalité! Parce que si c'est un rêve d'un artiste ou d'un poète qui communie avec le monde qui veut faire le même rêve que moi, au moins dans les salles de spectacles, il y'a une réalité concrète, une communion implacable. Le dénominateur commun dans ce cas-ci c'est la musique. C'est aussi ce que j'ai envie de véhiculer c'est l'amour entre nous, c'est la fraternité et c'est d'éradiquer tous les extrémismes, d'éradiquer toutes les violences .... vous savez, quand vous avez des revendications à faire et que les autorités réagissent par la répression, c'est la même chose que lorsqu'on fait des revendications par la violence, c'est exactement la même chose. Il faut engendrer si vous voulez par la tolérance, par le respect, par les revendications qu'on croit justes et vraies, avoir la foie pour ce qu'on fait et, à ce moment là ne pas tomber dans le piège de la violence comme solution... Pas d'orgueil dans la tolérance!

AmazighMontréal : Je reviens à la Place des Arts. On ne vous a jamais vu en spectacle chez nous en Algérie…

Enrico Macias : Pas encore!Ça a failli, ça a failli... non mais, ce qu'il y a d'extraordinaire , malgré le blocage de tous les événements actuels, il y a une évolution nette et claire pour une grande ouverture et des rapprochements, malgré les drames et les tragédies malgré le règne de la violence en ce moment c'est vrai que la violence a pris le dessus à l'heure actuelle mais, moi j'ai confiance, elle ne peut pas s'éterniser, ce n'est pas ça la solution. La solution, c'est prendre la main sans orgueil, le respect de l'autre, la tolérance, combattre l'injustice. Tant pis, il peut y avoir le sens du sacrifice ...on peut sacrifier le succès, on peut sacrifier sa vie des fois pour la justice et pour nos enfants et nos petits enfants ... Simplement, je crois à la malédiction et la bénédiction. Ce ne sont pas des mots de métaphysique, de religion, de bible ou de coran. On ne récolte que ce que l'on sème. Dieu préserve la maladie, c'est pire que la violence parce qu'elle n'a pas de cible, elle n'a pas d'ennemi particulier....elle choisit n'importe qui sans qu'il s'y attende mais si on n’a pas fait son travail et qu'on est atteint par ce genre de fléau alors, on aura rien fait, on aura fait le double meurtre. Moi je ne travaille pas pour moi. J'investis pour nos enfants, pour les futures générations.

AmazighMontréal : Quand on vous écoute chanter, on sent une douleur profonde, une mémoire meurtrie mais aussi on sent une douceur, une ouverture sans borne sur les diversités, les différences qui font le monde. Votre commentaire SVP.

Enrico Macias : Mon commentaire? C'est vrai que beaucoup de gens ne me connaissent pas très bien. Quand ils regardent mes yeux, ils sentent une très grande tristesse en moi. C'est vrai que ma mémoire est meurtrie mais, sachez une chose que j'ai deux privilèges, deux chances inouïes, la troisième m'est plus personnelle c'est une foie conséquente. Ce qui me sauve c'est la musique et puis c'est l'espérance parce que dans les moments difficiles j'ai ce sens de l'espoir parce que je suis d'une nature optimiste et que moi je prône la fête dans mes spectacles. Si je suis là, c'est pour qu'on fasse la fête.

Vous savez, mon rêve le plus grand c'est une grande fête à Alger un jour et puis aussi à Jérusalem. L a seule chose que je demande à Dieu c'est de ne pas me ramener à lui avant que je ne fasse ça. Pour moi, c'est déjà ça le paradis. Chanter un jour pour les Algériens, les juifs et les Arabes. (

AmazighMontréal : Vous avez chanté l’exil, l’exclusion que vous aviez subi juste après l’indépendance de l’Algérie, votre pays natal, 30 ans plus tard, d’autres générations d’Algériennes et d’Algériens fuient l’intolérance et se retrouvent dispersés-es un peu partout dans le monde. Pourrait-on faire le lien entre votre drame et le leur ?

Enrico Macias : Oui, la même histoire qui s'est répétée, seulement c'est les drapeaux qui ont changé mais, le drame n'a pas changé.

Montréal Labès: Vous avez quitté l'Algérie dans les années soixante, quel souvenir en avez-vous gardé?vous aviez 22 ou 23 ans à l’époque…

Enrico Macias : D'abord, j'ai le souvenir de mon enfance surtout! parce que mon enfance, je l'ai passé avec mes grands parents qui m'ont élevé. Mes grands parents étaient la représentation exacte du paysage algérien. Le souvenir que j'ai gardé, c'est l'air qu'on respirait. Se sentir chez nous, c'est une chose qui m'a énormément manqué depuis l'exil. Ne pas se sentir chez moi, je vais vous dire un exemple. J'ai une des plus belles maisons à Saint-Tropez. J'ai choisi Saint-Tropez , pas pour la mondanité, c'était parce que ça correspondait le mieux à mon souvenir de l'Algérie, le soleil, la mer, et tout ça.. On fait des compensations quand on est en exil, on essaie de compenser ce qu'on a dans le décor de la mémoire. Je ne me sens pas chez moi et pourtant je suis propriétaire de cette maison. Si un jour j'ai la chance de retourner chez moi en Algérie je sais d'avance que je vais me sentir chez moi.. Quand je rencontre des Algériens, je me sens en famille, c'est ma famille qui est là. Vous par exemple, vos visages ne me sont pas inconnus.

AmazighMontréal : Vous avez chanté avec plusieurs artistes à travers le monde mais vos rencontres avec les artistes algériens vivants en France vous a complètement ému. Pour quoi?

Enrico Macias : C'est pas pareil, c'est facile à comprendre. D'abord c’est parce que tous ces jeunes artistes pouvaient être mes enfants et, puis le style qu'ils défendent est inspiré par moi et ils me respectent Il y a aussi des affinités exceptionnelles quoi! Comme Cheb Mami, je l'aime comme mon fils et Khaled aussi est extraordinaire avec moi. Il y a un artiste que j'admire énormément, il s'appèle Fellag, l'humoriste algérien qui fait beaucoup de bien, éclabousse beaucoup, qui fait réfléchir comme tous les grands chansonniers, les grands humoristes...

AmazighMontréal : Il y a aussi un artiste...Hocine L’Esnami . ..

Enrico Macias : Ah lui, c'est un deuxième moi-même! ( rires). Je l'ai au téléphone quatre ou cinq fois par jour ! Il chante mes chansons, il me rend compte des galas qu'il fait. Il est merveilleux Hocine et je vais l'aider

AmazighMontréal : Vous êtes un artiste de renom aujourd’hui mais si on vous demande de revenir dans le temps et nous raconter vos débuts en France en tant qu’étranger, algérien par dessus le marché?

EnricoMacias : C'était assez difficile parce que je n'ai pas commencé dans les salles de spectacle. J’ai commencé dans les cabarets. Après les cabarets, je faisais des tournées avec les chansonniers. Ils m'ont adopté, je ne sais pas pourquoi? ils ont aimé mes chansons, mon style et tout. Parallèlement, il y avait des gens hostiles. Regardez maintenant en France ce qui se passe avec la montée du racisme, c'est terrible et, j'ai subi tout ça. J’avoue que ça n'a pas été facile au début. Je me suis imposé petit à petit....

AmazighMontréal : Et, c’était quoi le déclic ?

Enrico Macias : C'est l’accumulation de succès, de chansons qu'on a rejeté au début comme ‘’Adieu mon pays’’, Mon cœur d'attache’’, Tu m'as pris dans tes bras’’. J'ai su me faire aimer dans la gentillesse, comme je vous ai dit "pas avec la violence.. "

AmazighMontréal : L’Algérie vit une crise politique aiguë. La dimension identitaire et le statut de la langue amazighe (berbère) dans la Constitution algérienne sont au cœur du conflit qui a provoqué la mort de plus d’une centaine de jeunes algériens en Kabylie. Peut-on connaître votre avis, voire votre position quant à l’officialisation de Tamazight dans la Constituions algérienne?

Enrico Macias : Ils ont fini par la voter, non?

AmazighMontréal : Comme langue nationale mais, pas officielle…

Enrico Macias : Je ne suis pas très au courant mais, je trouve que c'est la moindre des choses de l'officialiser, moi je suis pour personnellement, ça me fait de la peine qu'une langue soit traitée d'exclusion chez nous!

AmazighMontréal : Votre mère aussi est berbère?

Enrico Macias : Je ne vais pas vous faire un cours d'histoire mais, n'oubliez pas que la reine Kahina est une de mes ancêtres et que les Berbères étaient les premiers habitants d'Algérie et qu'ils étaient au début, d'abord juifs. Certains sont convertis au christianisme par l'arrivée des Romains, certains à l'islam par les Turcs et, y en a parmi eux ceux qui sont restés juifs comme ma famille. Donc, si vous voulez la seule chose qui nous est commune en fait, malheureusement je ne la parle pas, c'est bien la langue Tamazight. Les religions ont changé et, j'espère que les drapeaux n'ont pas changé.

AmazighMontréal : Plusieurs générations d’Algériennes et d’Algériens connaissent par cœur vos chanson mais n’ont jamais eu l’opportunité de vous voir sur scène en Algérie. Pour quoi? Et que devient cette promesse du Président algérien de vous faciliter la tâche pour chanter enfin chez vous, chez nous?

Enrico Macias : J'ai reçu ça comme une grande meurtrissure parce que quand j'ai quitté l'Algérie en 1962, j'étais jeune, je n'étais pas Enrico Macias, j'ai subi cette mouvance seulement en souffrant par rapport à mes parents et mes grands parents. Pour moi, quitter l’Algérie au début était une aventure, c'était une aubaine: partir pour une carrière dans la chanson. Quand on est jeune, on est inconscient mais, la deuxième fois quand on m'a invité et quand on n'a reculé devant l'invitation et l'amalgame et toutes les polémiques qui s'en étaient suivies avec Israël. Mon cas personnel n'a aucune importance et, pour moi le retour c'est le symbole de la réconciliation de tous les enfants d'Algérie. Je n'ai pas compris encore tout ce qui a entouré cette histoire de spectacles annulés en Algérie. En tout, cas je ne ferme pas la fenêtre de l'avenir ni la porte de l'avenir. La fenêtre est toujours ouverte, je le vois venir et je l'espère, qu'un jour je partirai en Algérie.

AmazighMontréal : Vous avez chanté dans plusieurs langues, peut-on espérer que vous chanteriez un jour en Tamazight?

Enrico Macias : J'ai déjà chanté en concert en duo avec Idir à Paris la chanson de Avava Inouva et j'aimerais vous dire une chose : quand je devais partir en Algérie j'ai préparé une de mes chansons traduite par Idir en berbère " Au talon de ses souliers"

Montréal Labès :En 1981, après l'assassinat de Sadate vous avez écrit une chanson, intitulée "un berger vient de tomber". En 1995 on assassine Rabin. Aurait-on assassiné l’espoir ?

Enrico Macias : Non, je me refuse on ne peut pas assassiner l'espoir, c'est comme un fantôme, on peut l'arrêter momentanément par la réalité des faits mais l'espoir c'est quelque chose qui ne s'arrête jamais. Il meurt quand on est mort mais comme on ne peut pas tuer toute l'humanité alors l'espoir survivra toujours.

Montréal Labès : Vous êtes un homme de tolérance et de paix, que vous inspirent les évènements actuels du Moyen Orient?

Enrico Macias : Ils sont dramatiques mais, comme on a parlé de l'espoir, mon idéal à moi ne peut pas changer. Nous sommes dans une période difficile. Qui sont les responsables? Tout ce que je sais c'est que la violence ne résoudra rien ni d'un côté ni de l'autre. Je m'élève autant contre les attentats kamikazes perpétrés en Israël tout comme je m'élève contre la répression dans les territoires que je considère comme la Palestine future. La solution ? Il ne peut pas y avoir de paix sans un État palestinien et, il ne peut pas y avoir de paix sans la sécurité et l'existence de l'Israël assurées. Que les extrémistes palestiniens sachent qu'ils n'y a qu'Israël qui peut leur donner un pays et que les extrémistes israéliens ne s'imaginent pas qu'ils auront un grand Israël qu'ils pourront vivre en paix sans qu'il y est un État palestinien.

Montréal Labès: En 1979, vous avez chanté devant les pyramides suite à l'invitation d'Anouar Sadate. Pourquoi vous n'avez pas fait la même chose en Israël?

Enrico Macias : J'ai écrit une chanson qui s'intitule ‘’Le grand pardon’’ qui veut dire :faites la paix, la confession..". Quand je l'ai chante, à la demande de Sadate, elle m'a été interdite en Israël sur les ondes et, je me suis heurté à de la censure. J'ai fait du chantage aux autorités israéliennes, j'ai dit " si vous ne passez pas cette chanson à la radio, je ne mettrai plus les pieds en Israël’’. J'ai fait beaucoup pour le rapprochement entre les Juifs et les Arabes et je suis fier de le dire..

AmazighMontréal : En Algérie, des balles officielles tirent sur des jeunes manifestants pacifiques en Kabylie au vu et au su du monde entier, votre commentaire?

Enrico Macias : Il faut dénoncer à la communauté mondiale ce qui se passe, il ne faut pas avoir peur de le faire franchement. Je me sens complètement solidaire avec votre combat. Je le dis officiellement parce que quand j'ai vu ce qui est arrivé en Algérie, j’ai rencontré l'adhésion totale pour mon retour en Algérie auprès des Berbères. Dans mon programme pour mon retour en Algérie, je devais me recueillir sur la tombe de mon grand-père cheikh Raymond et j'avais l'intention aussi de me recueillir sur la tombe de Matoub Lounès.

AmazighMontréal : Aviez-vous rencontré Matoub Lounès ?

Enrico Macias : Non seulement, je l'ai rencontré mais, il a eu le courage de chanter en français à la télévision française au moment des informations "Àdieu mon pays" en français.

AmazighMontréal : Pour terminer, que serait votre lecture du séisme politique qui secoue la France d’aujourd’hui ?

Enrico Macias : vous savez, j'ai jamais fait de politique en France sauf, il y a une quinzaine d'années j'ai accepté de le faire en combattant Le Pen.Il s'est moqué de moi à la télévision, il me craint, il m'a boycotté dans mes spectacles. Il m'a appelé’’ Machias’’. Il fait beaucoup de mal à la communauté maghrébine et juive. Bon ça, c'est le souvenir que j'ai de LePen et ce n’est pas guai. Enfin, ce n'est pas important par rapport à ce qui se passe à l'heure actuelle, je trouve que c'est honteux pour la France, au deuxième tour d’avoir un homme comme LePen qui va se mesurer au président Chirac. Heureusement qu'on a Chirac! On sait jamais mais, je n'imagine pas que Le Pen sera président, il faut tout faire pour barrer, empêcher Le Pen.

AmazighMontréal : Pourtant la coupe du monde a rapproché la société les communautés qui font la société française d’aujourd’hui…

Enrico Macias : C'est incroyable! ils sont racistes, ils sont pourris....

AmazighMontréal : On revient à Montréal, vous avez plusieurs spectacle en perspective.

Enrico Macias : En effet, e vais chanter deux jours à Montréal le 4 et le 5 et puis, le 2 je suis au casino le Hull et le 7 mai au Capitole de Québec.

AmazighMontréal : Et quant-est ce que vous allez rentrer en France, alors?

Enrico Macias : Juste après mes spectacles…

Montréal Labès: L'émission que j'anime s’appelle "Montréal labas" , un mot pour ses auditeurs…

Enrico Macias : Je vous souhaite d'être heureux malgré l'éloignement par rapport à vos racines mais, j'espère vous faire retremper vos racines par mes chanson, mes musiques qui est la vôtre aussi..."bash tkounou lkoul labass kima labass"

AmazighMontréal : Et si on chantait ensemble avava Inouva de Idir… Et c’est parti…