La vie n'est pas facile au Québec pour les combattants de kickboxing et adeptes des sports de combat de type «pied-poing». Parlez-en au Montréalais d'origine algérienne Nacerredine Zemmal.

«Mon sport, c'est le "pied-poing", a confié à l'Agence QMI l'athlète qui s'est installé dans la métropole en 2008 dans l'espoir de trouver des combats professionnels. J'ai les mains trop basses pour pratiquer la boxe sans les pieds et je n'aime pas le jeu au sol. Je dois chercher des tournois un peu partout, puisque pour ceux qui ne pratiquent pas la boxe ou les arts martiaux mixtes, les compétitions sont rares en Amérique du Nord

Il faut savoir qu'il y a seulement trois sports de combat professionnels alloués sur le territoire québécois par la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ). Il s'agit de la boxe, des arts martiaux mixtes (AMM) et du kickboxing de type «full contact», comme le pratiquait Jean-Yves Thériault dans les années 80 et 90.

Or, cette dernière forme de combat, qui alloue des coups de pieds en haut de la ceinture uniquement, a complètement disparu de la carte. Le dernier gala de kickboxing professionnel au Québec s'est déroulé en 2005, à Montréal.

Plusieurs croient d'ailleurs que les règles devraient être mises à jour, afin que les coups aux jambes soient autorisés comme dans la majorité des compétitions de kickboxing d'envergure tels «K-1» en Asie et «It's Showtime» en Europe.

Pour les puristes, que ce soit en wushu (san shou) pour Nacerredine Zemmal ou en boxe thaïlandaise (muay thaï) pour le Montréalais Philippe Allaire, les duels se trouvent uniquement à l'extérieur du pays.

Une médaille canadienne

Même si son sport n'est pas le plus populaire, Nacereddine Zemmal ne chôme pas. Le Montréalais a ramené une médaille de bronze du Championnat du monde de wushu, qui avait lieu du 6 au 16 octobre dernier à Ankara, en Turquie. Il est ainsi devenu le seul Canadien à ramener une médaille au pays.

«Nous étions quatre en san shou (combat full-contact) et il y avait également quelques athlètes en tao (kata), mais je suis le seul candidat masculin canadien à avoir obtenu une médaille dans une compétition qui comprenait 88 pays. Il faut croire que ce ne sont pas tous les immigrants qui sont des voyous ! », a-t-il lancé, lui qui est nouvellement citoyen canadien et qui a dû s'entraîner par ses propres moyens en vue de cette compétition.

«Je me suis entraîné seulement trois semaines et j'avais 20 livres à perdre, a-t-il indiqué. J'allais mettre les gants pour faire des combats d'entraînement au gymnase Tristar les samedis seulement. Le reste du temps, j'allais courir avec une veste (sauna suit) le matin et le soir, avant et après mon travail (en sécurité). Par chance, mes patrons ont été conciliants et j'ai eu un commanditaire qui a couvert les frais du tournoi (Boulangerie Castel). »

Un rival redouté

Zemmal a vaincu trois adversaires (un Libanais, un Allemand et un Américain) avant de faire face à un rival redouté en demi-finale en la personne du Russe Muslim Salikhov, multiple champion du monde et premier combattant non chinois à avoir remporté le tournoi «King of Sanda», le «Super Bowl du kung-fu».

« La compétition était très exigeante, avec un combat par jour. Je suis satisfait de ma performance, surtout que je n'avais pas d'entraîneur fixe, a-t-il expliqué. J'ai obtenu le respect de tous contre Salikhov, le numéro un au monde, en lui donnant du fil à retordre. »

Sa performance lui vaudra d'ailleurs une invitation à la Coupe du monde 2012 de wushu, qui aura lieu en Chine.

« Les quatre premiers de chaque catégorie ont été invités. Là, j'ai vraiment l'intention de ramener la médaille d'or et je vais me préparer en conséquence », a-t-il assuré.

Qu'est-ce que le wushu?
Le san shou ou sanda est une discipline de combat issue du wushu (kung-fu chinois) où les coups de poing et de pied, de même que les projections au sol, sont autorisés.
Les duels se déroulent originalement sur une plate-forme et plus rarement dans un ring.



Source: TVA Sports - 27 oct. 2011