Le verdict est sans appel. L’Egypte est coupable. Et pas seulement d’agression contre les joueurs de l’équipe algérienne.

La famille Moubarak est soumise à une amende. Ce n’est pourtant pas suffisant pour faire oublier ses écarts honteux commis à l’encontre de l’Algérie. Seules des excuses du gouvernement égyptien au peuple algérien sont susceptibles de constituer une démarche à même d’être jaugée par l’Algérie. Qui décidera si l’initiative est acceptée ou non. Car les méfaits des Egyptiens dépassent le simple acte de jeter des pierres contre le bus transportant des joueurs de l’Equipe nationale, dont certains ont même été blessés. Les injures ont touché l’honneur d’une nation entière. Ni les martyrs de la Révolution ni le drapeau national n’ont été épargnés. Une campagne médiatique féroce orchestrée par la famille Moubarak a été menée contre tout ce qui a trait à l’Algérie. Les symboles de souveraineté ont été les premiers à faire les frais de ces attaques. Viennent ensuite les représentants officiels du gouvernement. L’ambassade d’Algérie au Caire a été quasiment prise d’assaut et certains manifestants ont même pénétré dans le jardin de la résidence. Mettant en danger la vie de l’ambassadeur et de sa famille. Devant l’évidence des faits, l’Egypte a adopté une seule ligne de défense. Nier tout et en bloc. Pour ensuite rejeter la faute sur l’Algérie et les joueurs qui auraient eux-mêmes brisé les vitres de leur bus. Mais ces subterfuges n’ont pas été suffisants pour tromper la vigilance des membres de la Fifa. Même si la sanction qui a été infligée à l’Egypte a été légère. Mais les faits sont établis et reconnus. L’Egypte est bien coupable. Et elle doit répondre de ses crimes. Et pas seulement auprès des instances internationales du football.

Elle a porté un préjudice énorme à un autre pays. Qui ne saurait faire l’impasse sur cette avalanche de dénigrements. Même les étudiants, nombreux à fréquenter les universités dans cette partie du monde, n’ont pas été dans la capacité de poursuivre leurs cursus de formation, puisque contraints de rejoindre en masse leur pays avec toutes les complications que cela suppose.
Les actes d’agression et de violence de toute nature sont parvenus de la famille régnante et de tous ses sujets, y compris les avocats, les artistes et les journalistes. Seule une infime partie du peuple s’est départie de ce déluge d’injures. Les qualificatifs utilisés pour dénigrer les Algériens sont des plus abjects. Ils ont été qualifiés tour à tour de terroristes, de mécréants et d’arriérés. Personne au pays des pharaons n’a pu digérer le fait que l’Equipe nationale puisse le disqualifier de la Coupe du Monde. Moubarak et ses enfants, dont l’un prétendait à la succession au trône, ne comprennent pas la façon avec laquelle ce qu’ils considèrent comme un grand pays ait pu être défait par un rival qu’ils n’avaient cessé de regarder de haut.

Leur orgueil était décidément mal placé. Ils surestimaient leurs capacités. Leur prétention n’avait d’égale que leur méprise. La nouvelle de la défaite était ressentie comme une onde sismique emportant sur son passage les espoirs de redressement et de pérennité du pouvoir en place. Il n’y avait pas beaucoup de possibilités, en échange du football, pour tromper le peuple. Dès lors que cet exutoire n’a plus cours, le dérivé était clair. Piétiner puis brûler l’emblème national algérien pour lequel un lourd tribut a été payé et pour lequel du sang a coulé.
A quelques jours du démarrage du Mondial, la sanction contre l’Egypte pourrait être d’un apport moral pour les joueurs de l’Equipe nationale. Le tort qui leur a été causé est enfin reconnu.

Ils n’ont pas usurpé la victoire. Ils n’ont pas de procédés douteux. Répréhensibles. Et grossiers. L’Egypte n’a-t-elle pas tenté de jeter le discrédit sur l’Equipe nationale en prenant appui sur les conditions du déroulement du match qui a eu lieu au Soudan? Les arguments de Hassan Zaher pour tenter de salir l’image de l’Algérie sont si futiles que même la Fifa n’y a pas vu de motif pour les examiner.Pendant un temps, c’était même la rupture des relations diplomatiques qui était demandée par l’opinion pour signifier à l’Egypte que ses actes et dires ignominieux sont inadmissibles. Mais ce n’est pas parce que cet extrême a été évité que le pays est dispensé de demande des excuses. Plus tôt elles viendront, plus vite les Egyptiens pourront se regarder dans un miroir sans porter le fardeau d’un affront porté à l’Algérie.


Source: L'Expression - Edittion du 20 mai 2010