Dans un long message publié sur sa page Facebook samedi, l'écrivaine et militante Djemila Benhabib a critiqué la réaction des politiciens après la tuerie à la mosquée de Québec, allant même jusqu'à la qualifier de «rare moment d'islamisation de la démocratie en direct».

L'ancienne candidate péquiste en 2012 et 2014 en faveur d'une charte de la laïcité considère que les politiciens n'ont pas mis «leurs culottes» et ont fait preuve d'opportunisme après la terrible tragédie de dimanche dernier.

«Je me serais attendue à ce que ces rencontres avec les religieux musulmans soient aussi une occasion pour nos politiciens de leur expliquer le sens de la démocratie. La nécessaire distanciation entre le politique et le religieux pour protéger les religions précisément. Le profond respect des femmes. Notre attachement à la liberté d'expression. Notre rejet viscéral de la violence. Mais non, c'était trop leur demander. L'occasion était trop belle pour eux de comptabiliser des votes! Caresser dans le sens du poil. Et faire des promesses, toujours des promesses...aussi encensées les unes que les autres.

Je crains que nos décideurs nous aient placés dans une logique infernale. Ils se sont drapés dans les paroles des religieux. Nous avons assisté à un rare moment d'islamisation de la démocratie en direct. Ils n'ont pas su afficher la hauteur qu’exigent d'eux leurs fonctions. Un politique n'a pas à reprendre les paroles d'un religieux. Car il représente les Québécois dans leur pluralité et leur diversité. Il doit toujours incarner avec dignité sa fonction et ne jamais perdre de vue le sens de la nation et des grands principes démocratiques», écrit-elle.

Dans sa lettre, elle critique aussi la couverture radio-canadienne de l'événement et la dénonciation des musulmans.

Vous pouvez lire son message complet ci-dessous.

Maintenant que les six victimes lâchement assassinés par Alexandre Bissonnette, à Québec dimanche dernier, sont enterrées, le moment de l'analyse des faits s'impose pour nous offrir son champ des possibles. L'immense tristesse doit céder le pas à la raison. Donner un sens à cet événement tragique est désormais nécessaire. Est-il un acte marginal ou symptomatique d'une haine viscérale à l'endroit des musulmans? En d'autres mots, Alexandre Bissonnette est-il un loup solitaire ou l'odieux visage d'un "terrorisme québécois" s'alimentant au "racisme systémique" et à "l'islamophobie"?...

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Source: Journal de Montreal - 5 février 2017