«The artist». Depuis quelques mois, et particulièrement depuis le dernier festival de Cannes, il n’y en avait que pour ce film muet et en noir et blanc. Tout le monde en parlait. La presse l’a encensé. La presse française s’entend. Elle était là. Tous azimuts. Le meilleur film de l’année par ci. Le meilleur acteur par là. Mais enfin! Un peu de calme. Ce film, aux qualités certaines et devant beaucoup au courageux réalisateur qui croyait en ses chances (il était à peu près le seul!) n’est pas le chef d’œuvre du 7ème art quand même.  Un peu de modestie, par moment, ne peut nuire à l’ego démesuré. Cette qualité semble être le choix de Phillipe Falardeau , ce réalisateur de  Monsieur Lazhar ce film québécois qui sera parmi les finalistes pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en même temps que Bullhead, de Michael R. Roskam (Belgique), A Separation, d'Asghar Farhadi (Iran), Footnote, de Joseph Cedar (Israël) et In Darkness, d'Agnieszka Holland (Pologne).



Sacré Fellag!

C’est à une véritable course poursuite que s’est livré ce film où Fellag interprète magistralement le rôle principal pour cette nomination que les membres de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences ont dévoilé ce mardi 24 janvier après une longue épreuve de sélection qui a vu participer pas mois de 63 pays. Ce film  adapté d’une pièce de théâtre d’Evelyne de la Chenelière, Monsieur Lazhar met en images la rencontre de deux mondes et la puissance de la parole : «À travers le parcours émotif des enfants et des adultes, le cinéaste suit avec humour et sensibilité un homme humble prêt à transcender sa propre perte pour aider les écoliers à vaincre le silence qui les emmure.» Les élèves de sixième année d'une école de Montréal doivent faire face à un drame inattendu lorsque leur enseignante, Martine, se pend dans leur classe. Malgré les réticences préalables de la directrice, Bachir Lazhar (Fellag), un immigrant algérien, est rapidement engagé pour la remplacer. N'étant pas au courant des réformes ministérielles ou même du niveau scolaire de ses nouveaux étudiants, le professeur devra oublier ses propres tragédies pour se concentrer sur l'instruction de ces enfants provenant de différents milieux et visiblement troublés par le départ soudain d'une personne qu'ils aimaient.

Voilà l’histoire bouleversante de cet instituteur qui n’en est pas un et qui réussit peu à peu, à mieux connaître un groupe d'écoliers traumatisés par l’épreuve subie malgré eux. Ils ignoraient tous que leur instituteur vivait un drame bien plus sévère. Sa présence au Québec fait suite à l’assassinat de son épouse l’ayant poussé à l’exil.

Ce film qui a pris l’affiche en octobre dernier au Québec caracole loin devant les nouvelles réalisations, y compris hollywoodiennes dans le box-office du cinéma avec des recettes formidables. Il a déjà décroché le prix du meilleur long métrage canadien au Festival international du film de Toronto et remporté de nombreux prix au Festival international du film de Locarno, ainsi qu’à Namur, Whystler et Valladolid.

Quel destin pour l’humoriste algérien formé à l’INADC de Bordj El Kiffan dans les années 70 et qui ne se doutait pas que son nom serait associé aux oscars en cette année 2012, alors qu’en 1979 il atterrissait à Montréal en tant qu’immigrant!  D’ailleurs,  interrogé par La presse  il révèle s’être «… volontairement exilé. La plupart de mes compatriotes voulant faire de même à cette époque choisissaient la France; moi ce fut le Québec. Je n'en connaissais pratiquement rien, sinon la rumeur d'une formidable effervescence culturelle. J'avais envie d'aller loin, d'être étonné. Je suis parti d'un pays jeune pour aller vers un autre pays jeune. Les trois années passées chez vous furent remplies de bonheurs, de rencontres, de découvertes à tous les niveaux, tant sur le plan culturel que politique.»

Ainsi, celui qui n’avait même pas cherché à faire  l'acteur au Québec revient un quart de siècle plus tard interpréter un rôle qui lui va comme un gant. Et qui le propulse vers Hollywood. Sacré farceur! Et surtout sacré Fellag!