Rachid AOUDJ est la découverte de l'année 2002. Il a traversé trois continents : l'Afrique du Nord, l'Europe et maintenant l'Amérique du Nord. Il comptabilise dans son palmarès plusieurs trophées. Pour son ancêtre Saint Augustin, rien de ce qui est humain ne lui est étranger. Pour Rachid rien de ce qui est Arts Martiaux ne lui est étranger non plus. A 32 ans il parle sur un ton de sagesse et de modestie on ne peut plus dignes d'un Maître. Écoutons le :

Rachid, présente toi aux lecteurs
Je m'appelle Rachid AOUDJ, surnommé EL-VAAZ,  en hommage aux Aigles d'Illoula, mon premier club. Je suis né le 22 janvier 1971 au village Tabouda, daïra de Bouzeguène.

A quel âge as-tu commencé les Arts martiaux ?
Je suis venu aux Arts Martiaux à l'âge de 16 ans.

Pourquoi les Arts Martiaux et pas un autre sport ?
C'est d'abord l'admiration que j'avais dès mon jeune âge  pour  les Arts Martiaux Chinois (wushu) et mon grand amour pour les légendaires Bruce-lee, Van damne, Jacky-Chan, etc...
Durant ma jeunesse, j'avais une autre passion pour la musique, mais comme je ne maîtrisais aucun instrument, je savais que je n'irai pas loin dans ce domaine, j'ai donc opté pour les Arts Martiaux. Mon objectif était de donner un sens à ma vie.

Rachid, retrace-nous ton itinéraire :
J'ai commencé ma carrière en Algérie, dans mon village natal comme athlète en 1986, dans la discipline Tae kwandu. Mon premier professeur  était Salah Idir d'Ait-Hichem. En 1988, j'ai commencé une autre discipline le Vo-vietnam avec le professeur Kacet Salah. A l'âge de 18 ans, c'est le King Fu. En 1991, j'ai fait des stages accélérés dans le King Fu avec le grand Maître Amrane Djamal.

As-tu participé à des compétitions officielles en Algérie ?
En 94 - 95, j'ai participé au championnat d'Algérie de King Fu.
En 95 - 96, championnat d'Algérie et étais classé vice-champion.
En 96 - 97, championnat d'Algérie de lutte chinoise, j'étais classé 2ème (vice-champion).
A la même année, championnat d'Algérie , classé vice champion en Sunda (le full contact).

As-tu représenté l'Algérie dans des compétitions internationales ?
Non, bien que j'ai été sélectionné avec mon ami Seghir Boussad pour faire partie de l'équipe nationale, mais nous n'avons jamais été convoqués et nous ignorons les raisons jusqu'à présent.

En 1997, tu as arrêté momentanément ta carrière d'athlète pour une nouvelle tâche.
Depuis 1997,  la tâche d'instructeur m'a été confiée pour entrainer les Aigles d'Illoula. A partir de là, j'ai donc arrêté mon parcours athlétique pour me consacrer à la formation de nouveaux champions.

En 2000, Rachid tu as quitté l'Algérie pour t'installer en France.
Effectivement, vu la situation générale du pays et mon ambition d'évoluer dans les arts martiaux, j'ai décidé de quitter l'Algérie et tenter ma chance en France.

Une fois en France, comment as-tu intégré le monde des Arts Martiaux ?
Dès mon arrivée, j'ai pris contact avec la Fédération  Française de King Fu, dirigée par le Maître Dan Shwarz. Ce dernier m'a recommandé au  grand Maître Yuan Zoumo (entraîneur de l'équipe de France) qui m'a soutenu et ouvert toutes les portes  de la réussite.

Parlons maintenant de tes compétitions et de tes exploits en France .
Ma première entrée sur le tapis en France s'est faite en février 2002 pour disputer  la coupe de France de King Fu  (shoubo).  Ma participation a été sanctionnée par une médaille d'or. A la même année, j'ai participé à une compétition inter-club à Paris, j'ai été classé 2ème . En 2002, je suis sorti vainqueur du tournoi international du Shoubo lutte chinoise regroupant 13 pays.

Rachid, après l'Algérie, la France, te voilà depuis Juillet 2002 au Canada. Quel en a été le mobile ?
J'ai toujours rêvé du professionalisme dans les Arts martiaux. Mon choix pour le Canada  s'est fait pour la multitude d'opportunités qui s'offraient à moi pour m'affilier aux fédérations qui activent au niveau international.
J'ai eu la chance de rencontrer le Maître Fernand Morneau, président de la WECF ( Fédération Mondiale de combats extrêmes) que je remercie au passage pour toute son aide et sa gratitude.

Le 21 décembre passé, tu as participé avec brio au Colisée de Laval à un grand tournoi de combat  extrême.
Exact, c'est d'ailleurs mon premier combat ici au Canada.  J'ai eu à affronter Stéphane Boily, le tenant du titre de la WECF.  J'ai remporté le trophée au bout du 2ème round.

Ce jour-là tu as marqué ton entrée avec le burnous et la belle chanson, bien significative de  Takfarinas. Pourquoi ce choix ?
Je voulais dédier ce combat à ma Kabylie meurtrie et à toutes les victimes du printemps noir. Le burnous est pour moi, le symbole de la liberté et de la sagese et il est l'habit ancestral de mes aïeux. Je me fais un point d'honneur de le sauvegarder. Quant au choix de la chanson, il s'est fait d'abord pour la mélodie, ensuite pour la véracité de son texte : El dzaïer Tamurt u-mazigh.

Rachid, ton dernier mot :
Je t'avoue qu'à chaque compétition, ma première pensée va à ma mère que j'ai perdue à l'âge de 6 ans et dont je garde l'image malgré le temps. Tous mes exploits lui sont dédiés à elle d'abord et à toutes les mères car c'est elles qui nous donnent la vie.
Le mot de la fin est un grand remerciement pour toi Rabah, pour Tassadit et Mourad qui m'aviez chaleureusement soutenu lors de mon combat du 21 décembre.

Merci Rachid et bon courage pour tes futurs combats.
Interview réalisée par : Rabah Kadache