La démocratie serait le moindre mal comme l’avait souligné Churchill, l’ancien premier ministre britannique. L’alternance au pouvoir ne répond plus aux critères initiaux de sanctionner un gouvernement qui a failli à ses devoir et d’en choisir un autre qui pourrait faire mieux. Au Québec, lors de cette campagne électorale unique en son genre, les moyens utilisés par certains partis politiques en lice pour courtiser l’électorat sont loin d’être catholiques.

L’essentiel, pour eux, est d’accéder au trône. Le reste, ce serait comme d’habitude puisque le peuple oublie rapidement ce qu’il leur reproche.  Donc, la population a été orientée, à dessein, pour choisir  ses représentants  sur la base des deux éléments de la discorde : la charte de la laïcité et le référendum « camouflé ». Les programmes des uns et des autres n’ont pas été vraiment mis en évidence.

 La charte de la laïcité : le nous vs conviction

 Le parti québécois, n’ayant pas réussi à s’entendre avec les partis d’opposition, a déclenché les élections après 18 mois au pouvoir. La charte a été au cœur de cette guerre des coulisses et des médias interposés. L’interdiction des signes ostentatoires avait bloqué toute tentative de compromis entre les représentants du peuple. Le PQ, quant à lui, affiche une détermination à faire passer son projet  une fois qu’il ait décroché la majorité. Au début de la campagne, le parti de Pauline Marois était en tête des sondages. Cependant, plus les jours passaient, plus le parti de Philippe Couillard prenait le dessus selon d’autres sondages. Certains immigrants musulmans avaient même annoncé de quitter le Québec si jamais la charte du PQ passait.

 Le référendum : la peur au menu de la campagne

 Le PQ est un parti souverainiste, mais lors de cette campagne, il n’a jamais annoncé qu’il tiendrait un référendum. Les durs de son parti seraient déçus. Ses opposants ont joué sur et avec ce spectre qui a toujours divisé le Québec et déstabilisé certains immigrants d’allégeance fédéraliste. Matraquée par des questions relatives au référendum, Pauline Marois donnait systématiquement la même réponse : « Le référendum aura lieu quand les Québécois seront prêts ». Une réponse que Philippe Couillard et François Legault avaient utilisée pour semer le doute et la peur dans la tête d’une frange de la population.

 La grande marche : « Les Québécois ont peur d’être libres »

 Le 5 avril 2014, une grande marche au eu lieu au centre-ville de Montréal pour soutenir la charte de la laïcité : « Notre Rassemblement se veut un appui à la Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi que d’égalité entre les femmes et les hommes et encadrant les demandes d’accommodement. » Les organisateurs, qui insistaient sur le fait que leur action était non partisane, attendaient 8000 personnes. Cependant, il n’en y avait à peine 3000.  Répondant à la question relative à ce changement de cap de certains Québécois, un manifestant dira sans détour : «  Les Québécois ont peur d’être libres. Ils ont fait la même chose en 1995». Les messages de la marche étaient clairs : ‘’ L’intégrisme n’est pas une valeur québécoise’’ ‘’ Liberté Égalité’’ ‘’ La beauté féminine n’a pas à être cachée’’ ‘’ On avance! On ne recule pas’’’’ Oui à la charte’’. Ceci étant dit, ce serait judicieux de préciser que l’intégrisme n’est pas la valeur  de n’importe quel peuple. Aussi, la laïcité idéale est de séparer la religion de l’État sans aucune discrimination.

 Bref, la campagne électorale a été féroce au Québec. Les enjeux sont tellement grands que tous les coups étaient mis au service des desseins déclarés ou cachés. Les millions d’électeurs qui étaient matraqués par toutes sortes de discours doivent faire un choix en fonction de leurs convictions profondes. C’est la seule manière de faire avancer la vie démocratique.