Nous voulons exprimer notre profond désaccord à l'endroit d'un jugement de la Cour suprême, qui stipule qu'un employé pratiquant une religion autre que celle dont les congés figurent déjà au calendrier scolaire aurait le droit de se prévaloir de congés religieux propres à sa pratique.

Pour le moment, et d'après le document que la CSDM a fait parvenir aux écoles, trois religions sont concernées. On parle ici de l'islam, du christianisme orthodoxe et du judaïsme. Pour ces trois appartenances religieuses, l'ensemble des congés susceptibles d'être pris totalise déjà huit jours.

Le problème que nous voulons soulever en est un de justice et d'équité. En effet, le nombre de jours de travail dans une année est, pour tous les enseignants, de 200 jours. Par conséquent, les membres du personnel désirant s'absenter pour observer un rite religieux se trouvent à travailler moins de jours que la majorité des autres enseignants, c'est-à-dire 197 jours.

L'autre point qui nous révolte: tous ces congés pris pour des raisons religieuses sont rémunérés! Quelle est la logique d'une telle équation: moins de jours de travail = même salaire. Cela est scandaleux et constitue un fardeau financier inacceptable alors qu'il y a tant de besoins criants dans nos écoles. À l'école Saint-Luc, 11 enseignants et 6 membres du personnel non enseignant étaient absents le 10 septembre, lors de la fête du ramadan (Aïd el-Fitr). Ceci représente des milliers de dollars en salaires, sans compter les suppléants qu'il faut payer pour remplacer les enseignants absents.

Il existe un manque d'uniformité dans le traitement de ces demandes de congé d'une commission scolaire à l'autre. La Commission scolaire Marie-Victorin a pour politique de considérer les absences pour congés religieux comme des cas de force majeure! Encore une fois, il s'agit de deux poids, deux mesures pour des commissions scolaires qui relèvent pourtant d'un seul et même ministère de l'Éducation. Il est du devoir du MELS de s'assurer que des mesures justes, équitables et uniformes soient appliquées.

Nous pensons que ce n'est que le début de cette vague de congés religieux. Nous avons relevé dans le document de la CSDM une phrase qui n'augure pas des jours meilleurs. «Nous vous invitons à communiquer avec nous si un accommodement est demandé pour une autre fête.» Cela ouvre la porte à toutes sortes de demandes, pour les célébrations perses, hindoues, bouddhistes, chinoises, vietnamiennes. Plusieurs enseignants catholiques pratiquants se préparent à faire des demandes similaires concernant plusieurs célébrations: le jeudi saint, la Pentecôte, l'Ascension, etc.

Le ministère de l'Éducation a publié un calendrier interculturel où, pour l'année scolaire 2009-2010, figuraient 71 célébrations?! Cela a pour but de reconnaître la diversité culturelle présente dans nos écoles et de nous demander d'en tenir compte lors de la planification d'activités. Allons-nous, comme enseignants, être obligés de planifier nos cours en fonction des absences de tous les élèves de différentes appartenances religieuses?

Nous pensons aussi à une autre réalité qui se présentera dans quelques années. Les musulmans observent leurs fêtes religieuses selon un calendrier lunaire, c'est-à-dire que ces dates ne sont pas fixes et changent d'une année à l'autre. La fête du ramadan recule de 10 jours par année. Que ferons-nous quand cette célébration aura lieu en juin, en pleine période d'examens, entre autres ceux sanctionnés par le Ministère?

Nous invitons la Cour suprême à refaire ses devoirs, car un tel jugement rendu afin d'accommoder des minorités vient en fait discriminer la majorité.

Source: Cyberpresse.ca


* Les auteurs sont des enseignants de l'école secondaire Saint-Luc, de la Commission scolaire de Montréal.