Le Petit Maghreb a organisé ce lundi 12 juillet 2010 une rencontre de présentation du rapport préléminaire final de revitalisation et redeveloppement de la rue Jean-Talon est allant du boulevard St-Michel au Boulevard PIE IX.
A cette rencontre étaient présent le responsable Petit maghreb, M. Nacer Boudi, ainsi que le commissaire d'arrondissement, la responsable du comité de quartier, les commerçants, les associations et les médias.
La Ville de Montréal et le gouvernement du Québec ont lancé le programme PR@M – Commerces en vue d’aider les propriétaires de bâtiments commerciaux et les locataires d’établissements commerciaux sur des artères sélectionnées à rénover et à mettre en valeur leurs propriétés, commerces et vitrines. La valeur intrinsèque des rues commerciales locales ainsi que des commerces de proximité est ainsi reconnue dans l’amélioration de la qualité de vie des quartiers de la ville.
Lors de cette rencontre, M. Urban Soland, a présenté les grandes lignes directrices permettant d'apporter des proposition pour une actualisation valorisante du cadre bâti et amélioration de l’ambiance commerciale du Petit Maghreb.
La présentation s'est faite en plusieurs points:
* ÉTAT DES LIEUX
* ORIENTATIONS
* STRATÉGIES D’INTERVENTION
* EXEMPLES D’APPLICATION
* VUE D’ENSEMBLE
Ci-dessous quelques extraits du rapport:
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Dans l’arrondissement Villeray – Saint-Michel – Parc-Extension, le tronçon de la rue Jean-Talon Est, entre les boulevard Saint-Michel et Pie-IX s’est qualifié pour le programme. Le tronçon est connu sous l’appellation le Petit-Maghreb pour sa concentration de commerces tenus par la communauté maghrébine de Montréal et offrant une gamme de produits, sinon une ambiance, typiques de la région mère. L’association commerciale du Petit-Maghreb soutient l’effort et encourage une prise de conscience collective des commerçants locaux.
L’objectif premier est une actualisation valorisante du cadre bâti et l’amélioration de l’ambiance commerciale dans le respect des caractéristiques urbaines et architecturales montréalaises tout en développant l’identité maghrébine reconnue comme une caractéristique identitaire et une marque de commerce au potentiel unique dans le paysage urbain montréalais. Cette étude, sous forme de guide visuel, vise à encourager les propriétaires et commerçants à percevoir le potentiel de leur artère et à profiter du programme de subvention offert. Il vise à stimuler autant la réalisation de travaux que le sentiment de communauté commerciale du Petit-Maghreb.
Le rapport présente en premier lieu une lecture de l’état des lieux existants. Sous forme de portraits cartographique et photographique commentés, il constate les principales caractéristiques de l’artère de même que les principales typologies du cadre bâti. Cette analyse mène à deux grandes orientations architecturales et urbaines puis à des stratégies d’intervention qui permettront à la fois de soutenir la revitalisation du paysage urbain et l’identité spécifique du tronçon. À l’aide d’un lexique architectural, ces stratégies sont ensuite appliquées à plusieurs exemples d’édifices illustrant le potentiel de mise en valeur des propriétés. L’étude conclut avec une vue d’ensemble et la description d’un projet de branding urbain qui tiennent lieu de synthèse des potentiels de transformations valorisantes du Petit-Maghreb.
Constat d’observation in situ du cadre bâti
Malgré l’identité maghrébine bien discernable sur la rue et l’expérience très spécifique qu’elle procure, le tronçon de la rue Jean-Talon Est entre les boulevards Saint-Michel et Pie-IX est néanmoins caractérisé par une carence architecturale et urbaine marquante. Les nombreux commerces ne cachent pas une architecture très hétérogène, de qualité moyenne, et un paysage urbain fortement bétonné et asphalté, dénudé du cadre bâti et du mobilier nécessaires à l’encadrement et à la lisibilité de l’espace public traditionnel d’une rue commerciale.
Les marges de recul sont rarement le lieu de débordement commercial, de rares terrasses animent les cours avant. Les cours latérales, parfois sur les terrains privés, parfois sur le domaine public, sont le plus souvent négligées comme aires d’animation urbaine potentielle.
De faible densité, la forte présence de petits édifices résidentiels entremêlés avec le tissu commercial est frappante. La structure commerciale de la rue n’est pas assurée par la morphologie urbaine. Cet état entraîne une des caractéristiques les plus marquantes du tronçon, soit l’usage et la transformation en lieu de commerce d’unités résidentielles. Cette réalité s’opère, néanmoins, sans la transformation architecturale nécessaire pour assurer l’identité publique caractéristique et essentielle à une rue commerciale. Un vocabulaire et des matériaux architecturaux à résonnance domestique dominent le paysage; les commerces ne s’affirment pas suffisamment ou, pour le faire, se résignent à un affichage ostentatoire. Les limites entre commerces et résidences souffrent de clarté spatiale, formelle et matérielle.
Les trois figures commerciales du petit Maghreb
Malgré l’hétérogénéité architecturale généralisée, trois typologies commerciales sont identifiables le long du tronçon :
1 - Les quelques édifices typiquement commercial, caractérisés par une séparation verticale claire entre le rez-de-chaussée et les étages supérieurs résidentiels. Bien que de facture modeste, les rez-de-chaussée de ces édifices se démarquent par une grande vitrine commerciale pleine grandeur;
2 - Les cas d’insertion commerciale dans des édifices de type résidentiel, caractérisés par une démarcation souvent déficiente entre le commerce et les unités résidentielles. Cette réalité architecturale ambivalente entrave la lisibilité de la rue commerciale. Un emmarchement donnant accès au commerce est souvent présent;
3 - Les édifices proprement commerciaux, caractérisés par l’absence aux étages de logement. Bien que reconnaissables comme tissu commercial, ces édifices souffrent d’une qualité architecturale modeste qui nuit à la définition de l’ambiance commerciale d’ensemble.
Une présence visuelle maghrébine encore émergente
Le tronçon à l’étude est scindé en deux à la hauteur de la rue Léonard-de-Vinci par la présence d’usages type garage déstructurant. Dans la section Est, par ailleurs, des pratiques de stationnement dans les cours avant confèrent à la rue une identité péri-urbaine qui nuit grandement à l’image et à la convivialité de la rue. C’est à l’ouest de Léonard-de-Vinci, jusqu’à l’avenue Shelley que l’environnement et la concentration de commerces maghrébin créent véritablement l’amorce d’une ambiance unique.
Ce potentiel, en termes matériel et visuel, demeure encore latent puisque, outre les rares manifestations de signes et de «signatures» identifiables à la communauté maghrébine, c’est surtout au contact avec la population et les visages locaux qu’on ressent une expérience d’altérité. Sur le plan du marquage du territoire, la présence maghrébine est encore émergente, sa masse critique encore insuffisante pour manifester la singularité du paysage urbain.
L’environnement du Petit-Maghreb souffre de deux maux principaux : (1) une déficience quant à la nature et la lisibilité commerciale de la rue; et (2) une trop faible visibilité dans l’architecture et le domaine public de la spécificité culturelle des commerces et commerçants. Adresser chacune de ces carences contribuera à renforcer l’environnement du tronçon dans le respect de la tradition montréalaise des rues commerciales de quartier tout en affirmant l’identité maghrébine du tronçon.
Affirmer la figure commerciale de la rue
La figure type de la rue commerciale montréalaise est caractérisée par un cadre bâti relativement homogène présentant une plinthe commerciale au rez-de-chaussée fait d’une succession de vitrines commerciales.
La surhauteur du rez-de-chaussée présente une vitrine pleine hauteur avec imposte, socle et une menuiserie (corniche ou frise) ainsi qu’un auvent souvent qui cadre l’ouverture commerciale et la distingue des étages supérieurs de l’édifice. Dans le cas des restaurants et cafés, le commerce se lie au domaine public par l’ajout d’une terrasse traitée comme l’extension extérieure du commerce. Un mobilier urbain – gardecorps en acier, tables et chaises de type bistro – campe l’image publique de ces installations commerciales.
Affirmer l’identité caractéristique du tronçon
À la manière des portiques des quartiers chinois et italiens, les communautés culturelles de Montréal, tout comme les nouveaux pôles urbains (quartier international, quartier des spectacles, Tohu), recherchent une signature identitaire marquant un territoire précis. Cette prolifération de design «identitaire» est préoccupante à certains égards : ghettoïsation culturelle, prolifération de mobilier urbain distinctif, etc. Il n’en demeure pas moins que le marquage dans l’espace urbain de l’événement culturel est perçu comme un reflet de la métropole contemporaine valorisant la richesse de la vie urbaine. Il est essentiel de mesurer les stratégies de design dans chaque cas afin de proposer des gestes significatifs sur le plan culturel tout en demeurant pertinents sur le plan urbain.
L’identité commerciale du cadre bâti et de l’espace urbain
En contraste avec le langage résidentiel, le vocabulaire d’un commerce urbain passe le plus souvent par des stratégies architecturales simples qui adressent la vitrine, l’affichage et le mobilier.
Contrairement à une pratique répandue qui consiste à utiliser la vitrine pour un affichage agressif des produits, un grand pan de verre dégagé permet de mettre en valeur l’aménagement intérieur, les produits ainsi que la clientèle présente. Misant sur la transparence, l’application sur verre d’un logo élégant ainsi que l’usage d’une calligraphie soignée met en valeur le commerce. L’éclairage de l’intérieur doit être une considération importante de l’ambiance recherchée la nuit. Contrairement à un enseigne lumineux plaqué sur façade, un auvent fixe ou rétractable avec la signature du nom de l’établissement participe à la démarcation du commerce de manière sobre et élégante. Dans le cas de cafés-terrasse, le choix d’un mobilier de qualité confère au commerce une signature urbaine reconnaissable; le plastique et bois traité sont à proscrire.
Sur Jean-Talon Est, les cours latérales représentent des aires d’aménagement permettant de verdir le paysage urbain tout en introduisant des lieux d’animation et de socialisation. Lorsque contiguës à des cafés-terrasse en cours avant, ces zones offrent un espace de débordement de la clientèle tout en demeurant à l’intérieur des règlements d’urbanisme de l’arrondissement. La végétalisation ainsi que l’introduction d’un banc public fournissent un cadre urbain convivial.
Introduction d’un élément architectural identitaire : Le Moucharabieh
La recherche d’un système visuel identitaire, représentatif de la culture maghrébine, a mené à un jeu de motifs dérivés de la tradition géométrique de l’art et de l’architecture islamique. Inspiré particulièrement des dessins de Moucharabieh – ces écrins aux fonctions de ventilation naturelle – le motif évoque la culture du Maghreb tout en évitant une «thématisation » réductrice de la culture et en demeurant suffisamment abstrait pour permettre un travail de composition contemporain.
Appliqué comme texture, décalque ou encore comme un élément architectural, le motif permet de transformer le vocabulaire commercial conventionnel en un langage spécifique, représentatif de l’identité du Petit-Maghreb. Partagé par les commerces du secteur, le motif devient une signature permettant d’inscrire dans l’espace public de la rue la participation individuelle de chaque commerce à une image globale collective. Le motif peut être multiple mais un recueil offrant une sélection de dessins, offert par l’association commerciale, favoriserait la lisibilité commune des différents projets individuels.
Proposition d’un marquage culturel événementiel
En support aux efforts des commerçants pour mettre en valeur leur environnement bâti et l’ambiance du Petit-Maghreb, la proposition d’un marquage culturel vise à inscrire sur le domaine public un acte graphique de collectivité.
Dérivé du travail de l’artiste montréalais Roadsworth, un brin subversif à ses débuts, le marquage éphémère (peinture sur chaussée) permet de créer un événement visuel rapidement et à faible coût. Étant donné le contexte encore émergent du Petit-Maghreb, cette proposition permet d’accompagner les commerçants avec une oeuvre à impact médiatique sans investissement majeur dans la refonte du domaine public existant.
Sous la forme d’un événement annuel, cette prise en charge du territoire alimentera l’intérêt pour le secteur, pour son identité particulière ainsi que son offre commerciale unique. En association avec l’arrondissement, l’association commerciale du Petit-Maghreb devient le maître d’oeuvre de cet événement qui pourrait être accompagné d’autres activités de valorisation communautaire : activités familiales, concours de motifs, participation des artistes locaux, etc.
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Après la présentation, une période de questions/réponses s'en est suivie.
Quelques points à retenir:
- Le projet de revitalisation durera 24 mois à partir du 1er juin 2010.
- Tout commerce participant à ce projet aura une aide dont 50% des frais d'architecte et 33% des travaux avec un maximum de 33,000$.