C'est l'histoire d'une drôle de maison que celle de la Maison d'Algérie au Canada qui s'écroule déjà, ou presque, avant même que la première pelletée de terre ne soit donnée.

L'îlot de paix qui devait être un lieu de rassemblement, d'échanges, et d'information pour l'ensemble de la diaspora algérienne installée au Canada, est devenu un objet de mésententes ouvertes entre, d'une part, ceux qui veulent associer l'ensemble de la communauté à un débat franc pour établir des structures adéquates qui puissent répondre à des besoins réels en matière d'intégration et d'emploi, en plus de faire connaître l'Algérie au Canada et, d'autre part, un groupe constitué d'entrepreneurs algériens installés au Canada qui souhaiteraient voir associer au projet un nombre plus restreint de leurs concitoyens.

D'ailleurs, ces derniers, identifiés à l'Alliance présidentielle lors de la dernière élection, insistent sur la nécessité de s'acquitter de la somme de 100 dollars pour toute personne intéressée pour participer aux réunions préparatoires. «Pas question !», rétorque Mounir Hamdani, le président de l'association et député à l'APN pour les Amériques, l'Océanie et l'Asie qui, lui, a joué la carte Benflis lors de la dernière course à la Présidence. «Je ne partage pas du tout cette vision élitiste du projet», précise le député qui souhaiterait associer plus de femmes à la Maison d'Algérie et espère voir affluer les associations et les amis de la communauté, y compris des Québécois.

Cette vision inclusive n'est pas pour déplaire à l'un des trois autres administrateurs de la fondation, Youcef Bendada.

Dans une lettre ouverte adressée à la communauté, ce dernier qualifie de «nébuleuse d'intéressés» ce groupe d'entrepreneurs.

Ceux-ci veulent, selon lui, s'approprier le projet et s'ériger au nom de la diaspora en interlocuteurs avec les autorités algériennes et canadiennes pour s'arroger de «fructueux contrats». L'administrateur insiste, dans sa lettre, sur le manque d'implication de ces hommes d'affaires sur le terrain social. Et rappelle la faiblesse de leurs contributions en direction des sinistrés du séisme du 21 mai 2003, et ce, malgré les appels incessants faits en leur direction, précise-t-il.

Autre préoccupation que soulève M. Bendada et qui concerne l'image qu'on veut véhiculer. «Quelle image de l'Algérie va-t-on faire connaître ? Celle de la misère ? De la pauvreté ? Du chômage ? De la violation des libertés démocratiques ?», s'interroge ce dernier.

Bachir Halimi, qui représente le groupe d'entrepreneurs que nous avons essayé de joindre, n’a pas répondu à nos sollicitations.

Et la diaspora, dans tout cela ? Elle ne semble pas porter d'attention ni au projet ni aux querelles qui l’entourent. Elle met ses énergies ailleurs.

A Montréal, une campagne de financement s'organise pour soutenir les efforts de Sabrina Mecheri, jeune athlète de 19 ans qui représentera le Canada au championnat du monde de karaté traditionnel à Davos (Suisse) les 8 et 9 octobre prochain.

A Québec, une autre campagne prend forme pour venir en aide à un compatriote détenu au centre de détention d'Immigration Canada de Laval et menacé de déportation aujourd’hui.

Force est de constater que le projet, qui avait suscité au départ enthousiasme et intérêt, semble être contrarié.

Pourtant, les besoins de la diaspora sont immenses.

A ce jour, aucune étude, aussi élémentaire soit-elle, n'a été réalisée pour mieux connaître et comprendre la nature des difficultés du parcours migratoire de nos compatriotes dans leur nouvelle société d'accueil. Il n'en demeure pas moins que les trois administrateurs du projet y croient mordicus et convient l'ensemble de la communauté à une rencontre le 9 octobre prochain à la salle Lajeunesse à Montréal.

Source: http://www.elwatan.com/journal/html/2004/09/01/actualite.htm