A 48 heures de la date limite de remise des mémoires pour la consultation publique sur la nouvelle politique d’immigration au Québec, Kathleen Weil, la ministre provinciale en charge de ce dossier était conviée à une rencontre « informelle » avec les membres de la communauté nord-africaine organisée par le Congrès Maghrébin au Québec (CMQ).

Si pour la ministre, l’enjeu est de faire participer le plus grand nombre aux débats qui commenceront fin mai, les membres de la communauté étaient là pour écouter de la bouche de la ministre elle-même quelques explications sur ce qui a été rapporté par les médias locaux sur la volonté du gouvernement québécois de diminuer le nombre de nouveaux immigrants issus du Maghreb.

Kathleen Weil a assumé au nom de son gouvernement le choix de limiter à unmaximum de 30 % la proportion d’immigrants venant d’un bassin géographique donné. Ce qui se traduit par une baisse automatique de l’arrivée de nouveaux Maghrébins. Elle a justifié ceci par la nécessité d’aller chercher des talents partout où ils se trouvent.

Car le Québec en a besoin, avec le départ en retraite des baby-boomers. Un des présents a rebondi sur ce point en faisant remarquer à la ministre que « Si le Québec veut des immigrants francophones et qualifiés, il ne pourra pas être mieux servi qu’au Maghreb » et certainement pas en Chine !

Le problème du gâchis des compétences maghrébines au Québec a été soulevé par plusieurs intervenants. Si le Québec choisit ses immigrants maghrébins pour leur haute qualification, pourquoi en arrivant sur le marché du travail les employeurs n’en veulent presque pas ?

Pour la ministre, il y a un travail à faire auprès des patrons. Et elle a énuméré les incitatifs mis en place par le gouvernement pour briser ce mur de « la peur ».

Un autre intervenant a demandé à la ministre de prévoir des actions qui «expliqueraient aux patrons québécois que le Maghrébin ne débarque pas de la planète Mars ».

La ministre a reconnu que le taux de chômage reste problématique au sein de la communauté. Elle a expliqué cette situation par, entre autres, la «jeunesse » de la présence maghrébine dans la province francophone et l’absence des réseaux. « Si un Chinois arrive à Vancouver, il sera rapidement pris en charge et orienté par son réseau » vue l’importante de communauté chinoise dans cette province de l’Ouest canadien.

Et c’est là, selon Kathleen Weil, que réside le rôle de l’Etat qui doit jouer lefacilitateur avec le monde du travail. Le taux de chômage qui est une statistique à double tranchant doit être relativisé. Le problème est que les gens ne trouvent pas un travail à la hauteur de leur qualification ce qui les pousse à choisir le chômage, a suggéré un intervenant qui a assuré qu’il faut prendre en compte « le chômage comme style de vie ».

Une avocate en droit de l’immigration a rappelé à la ministre que la première discrimination que ressentent les Maghrébins, et ce même avant d’arriver au Québec, réside dans les délais de traitement de leurs demandes. Il peut aller jusqu’à 5 ans quand le dossier d’un Français est traité en 6 mois.

Sur ce point, la ministre a suggéré à demi-mot à la communauté de travailler sur son image pour renverser les choses. Une insinuation qui a le mérite de ne pas faire dans la démagogie et l’hypocrisie.
Le débat qui a été serein et constructif a permis aux collaborateurs de la ministre de prendre note des suggestions et remarques, pas nécessairement révolutionnaires, qui lui seront utiles lors des débats en commission au parlement provincial sur sa politique pour 2012/2015.

Si cette rencontre, la première avec un tel ordre du jour depuis plusieurs années, n’a pas réglé les problèmes de la communauté, elle n’a pas aussi semé de faux espoirs.

Source: El Watan