Que veulent-elles de plus ?», me demandait un diplomate algérien actuellement en poste à Paris faisant allusion aux revendications des femmes québécoises et des Canadiennes. «Elles ont tout ce qu'elles veulent, me disait-il. On est dans le pays des femmes ici, poursuivait-il, n'est-ce pas ?»
Certes, ce diplomate algérien, loin d'être un macho, comme il en existe beaucoup dans notre pays et ailleurs, n'avait pas compris grand-chose à la problématique des femmes d'ici. Peut-être n'en a-t-il pas eu le temps tout simplement. S'il est communément reconnu qu'au Québec et au Canada, une culture de l'égalité est bien installée, ce n'est pas pour autant que les femmes ont cessé de lutter, car si l'on venait à comparer leur situation à celle des femmes scandinaves, il y aurait bien des aspects à améliorer. Selon une enquête de Statistique Canada de 1999, près d'une femme sur trois est victime de violence dans son propre domicile. Comme le rappelait la présidente du Conseil du statut de la femme, Diane Lavallée, «l'égalité entre les femmes et les hommes est une longue histoire inachevée. Les femmes doivent encore aujourd'hui lutter pour faire reconnaître certaines inégalités, même dans nos sociétés progressistes.» L'analyse de la situation économique des femmes au Québec et au Canada révèle à l'évidence que celles-ci touchent des revenus inférieurs à ceux des hommes, que leur taux de pauvreté est plus élevé que celui des hommes dans tous les groupes d'âge, qu'elles participent moins qu'eux à la population active et qu'avec les jeunes, elles occupent la majorité des emplois atypiques, c'est-à-dire précaires. Au Canada, la réalité des femmes arabes ou musulmanes est encore plus complexe. Même si, ici, l'on est resté un peu à l'écart du débat sur le voile qui soulève la France, il paraît évident qu'on ne pourra pas faire l'économie d'une telle problématique, compte tenu du nombre croissant de musulmans. «L'évolution de la condition et des droits des femmes, approche parallèle Occident-monde arabo-musulman à travers les cas du Québec, du Maroc, et l'état du droit des femmes musulmanes en Amérique Nord» sera le thème du colloque organisé le 10 mars par l'association Le carrefour culturel Sésame de Québec, présidée par Rachid Raffa, un ressortissant algérien qui œuvre dans plusieurs domaines, notamment dans le milieu associatif. Un panel fort intéressant y est attendu dont Marie-Bernarde Pérès, du ministère des Relations avec les citoyens et de l'Immigration, Diane Lavallée, présidente du Conseil du statut de la femme du Québec, Lucie Desrochers, auteure de l'ouvrage Œuvres de femmes, R'kia Laraoui, professeur à l'Université du Québec à Rimouski et Pascale Fournier, doctorante en droit à l'Université Harvard. Un événement fort intéressant à ne pas manquer.Source: http://www.elwatan.com/journal/html/2004/03/08/cad_politique.htm