Après qu’une nouvelle constitution ait été adoptée par un Congrès qui n’a jamais révélé qui sont ses rédacteurs s’il les connait, à laquelle a été greffée un pédoncule linguistique pour en faire une échappatoire au cas où la pilule de l’ultralibéralisme ne passerait pas parce que c’est un ordre qu’il faut exécuter sinon la broyeuse des fortunes dans les paradis fiscaux ou politico-fiscaux comme la France se mettrait en marche, et elle l’est, les Algériens sont mis à une logorrhée de concepts et de mots politiques et économiques qui relèvent de la sémantique du diable.
Collé à l’actualité nationale, c’est un petit échantillon de ce plutonium lexical qui est proposé pour lecture.
La sunna, la règle d’or : Avant toute lecture d’un texte politique et économique, le lecteur doit se rappeler qu’une théorie n’est pas une science. La preuve : Les théories développées par les récipiendaires du Nobel en économique et la déception de leurs vérifications empiriques.
La loi épistémologique : Une affirmation n’est pas une argumentation, une argumentation n’est pas une démonstration. Les seules qui sont valables sont celles qui naissent dans des amours violentes et pures. Les preuves sont les œuvres de Lwenes Matoub, un démiurge, et la cérémonie de la mise en terre de Hocine Ait Ahmed, un révolutionnaire utopiste, en aucun cas un politique.
Il y a aussi les démonstrations authentiques, celles qui naissent dans la poésie et la littérature, les rêches s’entend et les sciences dures que sont les mathématiques et la physique. Dans la mathématique, la branche de la logique propositionnelle et floue (the fuzzy logic) est passionnante.
Une hypothèse est une variable considérée comme vraie. Elle est fonction de l’idéologie et de la doctrine du rédacteur. De ce fait, comme gage d’honnêteté intellectuelle, tout rédacteur d’un texte politico-économique doit révéler ses incitatifs, idéologie et objectifs.
Le rédacteur de ce texte est un libéral dans son acception amazighe et musulmane. Il est un antirationaliste et anti-marginaliste. Ses motivations : il veut rivaliser d’amour pour sa Patrie sans nationalisme ni chauvinisme avec ses illustres patriotes. Il n’adore pas une Perle et veut faire d’elle une légende. Ses objectifs : participer à supplier ses compatriotes à faire de la paix l’assise du sort de l’Algérie, à les supplier de ne pas aller vers la violence quelle que soit la légitimité des causes et raisons ; à attirer leur attention que l’enjeu central doit être la protection et préservation du Sud du pays et de faire de la fraternité et de l’amour, leurs forces.
La sémantique du diable
Dans les médias algériens, pour faire occidentalisés, « Gouvernance » usité par des expertologues et djornanistes est dans le trio de tête. Il s’agit de la délégitimation du gouvernement politique et des instances élues. Governance est utilisé pour éviter aux pilotes de l’ultralibéralisme de parler de la nature du régime politique, en la laissant aux ONG. Ce mot n’est que rarement utilisé dans les pays avancés. Il est destiné aux pays sous-développés comme le nôtre.
Ce concept de Gouvernance a été créé par le World Economic Forum (FEM ou Forum économique mondial qui se tient à Davos en Suisse) et l’International Institute for Management Development, une université privée qui appartient à 190 multinationales.
Ces deux organisations utilisent respectivement 113 et 327 critères de mesures chiffrées. Certains sont basés sur la perception qui est demandée à des expertologues, consultants de les estimer par emails ou téléphone. Ils donneront des chiffres sur l’Algérie même s’ils sont à Ushuaia, les pieds dans l’eau voire ronds. Le théoricien le plus connu est Michael Porter de Harvard avec son Diamant pour l’analyse PESTEL et son concept de l’avantage compétitif révélé.
Le PIB, les court, moyen et long termes
Les mots. Les maux. Le Produit intérieur brut de l’Algérie est comme un athlète sous stéroïdes. Il suffit de gonfler les chiffres pour qu’il soit performant. Au fait, qui le calcule ? L’auteur de ces lignes utilise celui calculé par le FMI et repris par les autres institutions internationales. Les ministres, consultants étrangers, djornanistes et expertologues aiment dire qu’il y aura une croissance sans jamais préciser le PIB de référence et sa nature : Nominale, réelle ou dinars enchainés.
Deux variables valent quelques mots. La consommation en poisson pour chats, viande hachée pour chiots et son pour le bétail est comptabilisée comme celle du peuple – les consommateurs. L’autre poste est la balance commerciale (Net exports) ou balance des visibles ; celle des invisibles comme le paiement des amendes internationales ou part payée à VimpelCom dans l’affaire Djezzy relève de la donnée chimérique. Quand une précision est donnée sur l’intitulé du poste, comme les importations de produits pharmaceutiques, dans les écrits médiatiques, ces chiffres sont balancés dans l’absolu. Si des biberons ou couches-bébés importés dans un conteneur qui contient aussi un véhicule très haut de gamme sont déclarés comme des médicaments par le Centre national de l’information statistique relevant des Douanes nationales qui relève du ministre des Finances, les analystes, commentateurs n’y peuvent rien. Mais, si le budget du ministère de la Santé explose à cause de cette information dont la qualité relève du douteux et qu’il est soumis à l’épreuve de la « Rationalisation » qui signifie réduction de la dépense, ce sont les patients qui crieront un peu plus de douleur.
Le dinar a subi une cascade de dévaluations. Le déficit de la balance commerciale est utilisé comme menace mais aucun officiel n’aime dire qu’il est dû à cette bêtise qui frise le crime.
Reste un mot sur les termes ou échéances
Les lecteurs ou auditeurs lisent et entendent souvent : court, moyen et long termes. Combien savent qu’aucune longueur de temps n’a été standardisée. Le court terme peut aller de 5 à 10 ans; le moyen de 10 à 50 ans et long terme à 50 ans et plus. Les Algériens doivent chasser de leur esprit que le court terme est le lendemain matin, celui-ci est réservé au sacrifice.
Le sacrifice dans la bouche d’un politique, d’un économiste et d’un djornaniste
Chez les politiques, le sacrifice signifie : « Grâce à la démocratie qui a doté notre pays d’une assemblée de députés et de sénateurs qui ont voté les lois, nous avons fait des bêtises et vous, peuple – pas nous ministres, députés et hauts cadres, allez payer ! » Chez les économistes avertis, le sacrifice se mesure par un ratio dit de la Courbe de Phillips. Si ce ratio vaut par exemple 3, il signifie que pour réduire l’inflation d’un pour cent, il faut multiplier par 3 le nombre de chômeurs comme les futurs ex contractuels de l’éducation ! Chez les djornanistes, ce sont tous ces articles factuels ou informations dans la rubrique des chiens écrasés qui décrivent des drames.
L’éducation et la santé : le chômage et la concurrence
Dans l’offre agrégée, il y a un facteur représenté par F(u,z). u désigne le chômage. Les contractuels de l’éducation sont partis dans une épreuve de force dans laquelle ils étaient perdants d’emblée. Certains vont grossier les effectifs des chômeurs parce que le ministre de l’Emploi a accepté la Loi sur la réduction de l’âge d’accès au marché du travail. L’objectif est de créer plus de concurrence et de flexibilité. C’est ce ministre qui est venu au secours de sa collègue de l’Éducation. La variable z dans F(u,z) est appelée en anglais a catchall variable, en français une variable poubelle. Quand un modèle économique ne fonctionne pas, une politique fait fausse route, l’humeur et l’humour des décideurs sont mauvais, quand la météorologie fait des siennes, quand les élections françaises approchent, cette variable z les reçoit. Ce qu’il y a aussi dans cette poubelle, c’est le pouvoir de négociations et le régime institutionnel – la gouvernance – et c’est ce qui a joué contre les contractuels. En compagnie d’autres, ils deviendront, pour certains, plus malades.
La santé et les dégâts déjà visibles
Le ministre de ce domaine a été parmi les premiers à en parler de rationalisation. Des professeurs ont été mis à la retraite et rejoindront le secteur privé appelé les E.à.B.L, les établissements à but lucratif, ceux qui font du profit ; des structures de proximité seront supprimées parce que les soins de première ligne sont sources d’inefficacité. Les soins de première ligne sont la prévention. Le tout va créer des files explosives dans les urgences et la castonguette ou carte Chiffa ne sera d’aucune utilité.
Même un rhinocéros cédera au traitement prescrit à notre patrie
À Washington, en compagnie du gouverneur de la Banque d’Algérie, le ministre des Finances a affirmé que les deux plus grandes entreprises nationales vont solliciter des financement internationaux ou brownfield.
Au niveau national, la bourse d’Alger a accueilli une entreprise publique, Biopharm, pour servir de cobaye. Les gros boss ne mettront jamais leurs compagnies dans ce capharnaüm. Ces deux exemples sont les faces d’une seule médaille : l’aléa moral et la sélection adverse.
À l’intérieur du pays, la réduction du déficit budgétaire est une priorité mais l’endettement international est ouvert. Sémantiquement, ces deux options sont antagoniques et antinomiques. Au lieu de s’endetter à l’international, autant laisser le déficit budgétaire filer même s’il grossit la dette interne : l’État est régalien, il refusera de la payer.
L’amour et un hymne national bilingue pour redonner espoir
Quelques que soient les difficultés et les douleurs, les Algériens doivent résister comme des révolutionnaires. Ils doivent aller dans des challenges d’avenir en osant parler, sans peur, des sujets chocs : notre patrie a été libérée grâce à l’amour que lui portaient ses enfants dont l’un et le lanceur de son actuel hymne national qui a valu la vie à d’autres de ses enfants.
Notre Patrie est un Ange. Aimez-là, aimez-le à fond. Donnez-lui un chant bilingue, un hymne national bilingue. En arabe et tamazight. Il faut résister à tout et ce sera atroce, il faut préserver le Sud et pour ca il faut reconstruire l’espoir, la fraternité et l’amour.