Nous sommes à Marseille, plus précisément au Quai de la Joliette, à l’entrée des passagers au terminal 3, gare de la Major.  Il est présentement 16 h 45, il fait un excellent temps ensoleillé en ce lundi 17 août 2017.  Le prestigieux bateau Tarik Ibn Ziad, propriété de la compagnie de navigation algérienne  se prépare à quitter le port afin de rejoindre la rive Sud de la Méditerranée.  Il y a un monde fou sur le pont supérieur du bateau, enfants, femmes, hommes et jeunes couples lancent des bye-bye aux accompagnateurs restés sur le quai.

 

La sirène du bateau avertissant du départ imminent se fait entendre, effrayant gentiment l’auditoire.  Tout le monde lève la tête en haut en quête de l’endroit du bruit.  Deux drapeaux flottent à côté de la longue cheminée.  L’un arborait l’acronyme CNAN qui veut dire probablement Converger Naturellement vers une Algérie Neutre.  L’autre flanqué de trois couleurs, un vert, un blanc et le rouge en croissant et étoile.  Tout le monde connaissait cet emblème.  L’emblème de rêve de tout être désirant aller au-delà de son utopie.  Le rêve africain, là où tout est permis. En fait là où tout est encore possible.

Le bateau était plein à craquer de voyageurs.  La majorité des passagers sont Français, Belges, et Suisses d’origine.  Ils étaient en vacances estivales dans leur pays respectif. Maintenant, ils se préparent au retour afin de rejoindre la capitale, Alger la blanche.  De là, chacun va retrouver son patelin d’adoption, sa ville ou son village.  Une minorité facilement reconnaissable en classe affaire de luxe : des gens d’affaires algériens de souche qui étaient en  séjour de travail en Europe et rejoignent la demeure.

Le bateau prend le large, les voyageurs s’installent tranquillement à bord.  Des instructions navales de la cabine de pilotage se lançaient via le haut parleur.  Certains prêtaient attention aux messages, d’autres rigolaient et parlaient. Les enfants courraient comme s’ils étaient dans une cour d’école, heureux.

Le soleil commençait à laisser place à la noirceur, le temps frais de la terrasse poussait les occupants vers l’intérieur, la grande salle se remplissait lentement et les groupes de discussion se construisaient au fur et mesure.

Un clan de pérégrins a pris le dessus et le monopole sur les autres.  Un monsieur d’un certain âge, tantôt, flattait et louangeait les panégyriques  du pays d’accueil et tantôt blâmait et reprochait les calomnies et méchancetés de ses compatriotes. Christine Nollet, une jeune de 24 ans de la Normandie française.  Elle vient d’obtenir son statut d’immigrée des autorités algériennes à Paris.  Possédant un diplôme d’ingénieur en aéronautique facilitant son acceptation.  Elle s’est permise d’interrompre la discussion pour poser une question sur les possibilités d’emploi dans ce pays qu’elle va découvrir pour la première fois.  Tout le monde la regardait!

- Pas tout de suite, lui a rétorqué le quinquagénaire, il faut un certain temps, une intégration et, dans certains cas, une mise à niveau serait nécessaire.  Cependant, sois certaine ma belle, tu ne mourras pas de faim dans ce beau pays qui te surprendra, bien au-delà de tes espérances!  À ton arrivée tu demanderas, la PRPD, la Prestation de la Rente Pétrolière aux Démunis, qui est l’équivalent du RMI. Une   sorte d’assistance financière garantie comme nous avons connu en France il y a 10 ans de cela.

Sur le bateau, minuit a sonné. Les occupants commençaient à s’étirer et montrer des signes de fatigue et d’ennui. Nombreux s’excusent et partent se reposer.

Loin de là, à environ sept mille kilomètres, non loin de l’Arctique, Patrice Tremblay faisait la file pour enregistrer ses bagages et obtenir sa carte d’embarquement afin de prendre place sur le vol AH2601 à destination d’Alger. À l’aéroport international Pierre Eliott Trudeau de Montréal, un monde fou et quatre compagnies aériennes assurent quotidiennement la liaison Montréal – Alger : Air Algérie, Air Canada, Air Québec et Air Transat.  Tous les vols sont solde out!

7h35, le 18 août 2017, à l’aéroport international Houari Boumediene d’Alger, le jeune Patrice dans sa file d’attente, s’impatiente pour rencontrer un agent d’immigration des frontières. L’accueil est on ne peut plus surprenant :
-  Alors, jeune homme, quel bon vent t’amène chez nous ?  S’exclama l’agent ! 
- Pour des études, monsieur et exactement à la prestigieuse Université de Tizi-Ouzou. 
- Dans quel domaine ? Demanda l’agent ! 
- En sciences politiques.  Rétorqua Patrice. 
- Très bon choix, bonne chance, consenti l’agent, qui présente  une trousse de bienvenue comprenant toutes les informations qu’un immigrant, étudiant ou travailleur, aurait besoin pour faire ses premiers pas dans ce pays qui s’est construit grâce à la bonne gouvernance de ses dirigeants qui ont su utiliser au mieux les revenus de la manne pétrolière pour garantir des jours heureux à leur peuple.

Patrice jeta un coup d’œil à la trousse offerte et remarque que rien n’est laissé au hasard par les agents d’immigration, puisque son rendez vous est déjà fixé deux jours plus tard pour compéter les démarches et surtout pour bénéficier des conseils les plus utiles pour faire de son séjour, un moment des plus agréables!

Franchement, la transformation que ce jeune pays a réussi en l’espace de quelques années est exemplaire à tout point de vue. Faire d’un pays mono exportateur de pétrole, une contrée où il fait bon vivre grâce à l’intelligence et le savoir faire de son élite qui après avoir choisi l’exil en Europe et en Amérique du Nord, est retournée au pays après les élections historiques d’avril 2009.

Voilà la terre des Hommes, qui a connu dans un temps passé, une fuite de sa progéniture vers un monde meilleur. Aujourd’hui, elle est devenue la destination et la raison d’être des rêves à réaliser. En un mot, elle est redevenue l’Eldorado qu’elle fut pour les coopérants des années 60!

Martin Luther King a laissé un patrimoine valeureux; I've dream, Barak Obama a enchaîné par Yes We Can et moi, le pseudo AlgéRien, j'ose dire, We had a dream. We thought could achieve it. However, it remained only a real dream.