Un groupe de musulmans de la MRC Les Moulins cherche activement un local où se rassembler, échanger, pratiquer du sport, mais aussi la prière lorsque le moment s’y prête. Ils avaient bien identifié un endroit à louer dans un centre commercial sis au 2685, chemin Sainte-Marie à Mascouche, mais le nouveau zonage adopté le 31 août les contraint depuis à revoir leur plan initial.

Au plus tard le 14 octobre, la Ville de Mascouche – à l’instar de son homologue de Terrebonne – aura largement limité les zones, restreintes d’une trentaine à cinq, où peut s’établir un groupe communautaire dont la prière fait partie intégrante des activités. Mis au parfum de la situation après la consultation publique sur la question, qui avait très peu suscité d’intérêt le 21 juillet, quelques musulmans ont investi la séance du conseil municipal à la fin d’août pour s’élever contre la proposition. Le second projet de règlement avait toutefois déjà été approuvé séance tenante par les élus.

Les personnes intéressées avaient jusqu’au 24 septembre pour déposer une demande d’approbation référendaire afin de s’opposer au projet. 

M. Lalami a été le premier à sensibiliser l’assemblée aux difficultés pour les musulmans de se réunir et d’échanger sur leur culture, puisqu’il n’existe pas de centre communautaire pour eux dans la région. «Je travaille ici, je paie des taxes comme résident, suis-je considéré comme un citoyen à part entière?» Le maire Guillaume Tremblay lui avait répondu que rien n’empêchait la communauté de formuler une demande au comité consultatif d’urbanisme.

«Nous avons identifié des zones circonscrites où il est possible pour des groupes, peu importe la religion, de tenir leurs activités. Faites une démarche auprès de propriétaires d’immeubles dans les lieux autorisés», avait ajouté le directeur général, Sylvain Chevrier.

Aucune alternative, aucun terrain vacant

Mohamed Bouanane et Athmane Kharoum ont amorcé, au mois d’avril, des démarches avec Mascouche pour trouver un lieu permettant à la communauté musulmane locale de se regrouper et de célébrer des fêtes de leur confession. Ils avaient consulté le service des incendies pour s’assurer de la conformité du local, fourni un plan d’aménagement approuvé par un architecte, le bail – qui incluait les taxes municipales, car rappelons que les lieux de culte ont le loisir de s’y soustraire – avait été négocié avec le propriétaire. Le dossier était complet.

Les principaux intéressés ont fait le saut quand la Ville a adopté son nouveau règlement, restreignant à son noyau villageois le zonage pour ses lieux de culte. «Notre local n’était plus dans le zonage autorisé, et nous n’avons pas été avisés», laisse tomber M. Bouanane. L’exercice avait également été infructueux en mai du côté de Terrebonne où les seuls locaux à louer ou terrains à vendre se trouvaient hors zone. «Il n’y a ni alternative ni terrain vacant, exprime M. Bouanane. C’est un labyrinthe.»

La semaine dernière, ils ont dû se déplacer dans les municipalités voisines pour célébrer l’Aïd, plus importante fête de l’islam. «Je suis gêné d’être ici, en 2015, pour parler de mon droit de culte. Nous sommes ouverts au dialogue, nous sommes des citoyens qui avons besoin de services», ajoute Athmane Kharoum, qui insiste sur le fait que le groupe ne collabore avec aucun imam ni ministre de culte. De son côté, Francis Villeneuve, directeur des communications à la Ville de Mascouche, note : «Il est encore possible pour des communautés ou groupes de s'installer à Mascouche. La Ville a agi pour s'assurer d'une plus grande homogénéité sur son territoire entre les différents types d'habitations ou usages.»

Confrontée à une demande similaire en séance municipale le 16 septembre, la Ville de Terrebonne avait réagi fermement à la requête d’un citoyen plaidant pour l’implantation d’une mosquée dans sa ville de résidence. «Les lieux de culte existants ont des droits acquis, […] mais outre ces lieux établis, nous voulons éviter toute prolifération de ce type d’organismes à vocation religieuse sur notre territoire», avait martelé le maire Jean-Marc Robitaille.

Source: La revue - 29 septembre 2015


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