Les actes commis présumément par le Français «d'origine algérienne et de confession musulmane» Mohamed Merah sont atroces. Faucher la vie d'adultes et d'enfants, de personnes innocentes, qu'importent les motifs, ne se justifie tout simplement pas.

La condamnation de ces actes de notre part, musulmans comme non-musulmans, doit donc être totale, définitive et sans condition. Avec et au-delà de cette condamnation, nos pensées vont aux familles des victimes.

Cela pour l'acte abominable. Mais qu'en est-il de ce jeune Français issu de l'immigration, de Mohamed Merah lui-même?

Au risque d'en offusquer certains, je ne peux m'empêcher de le regarder avec affection. Encore une fois, non pour excuser son geste funeste, l'injustifiable qu'il a perpétré. Non. C'est plus simplement parce qu'il me rappelle mon fils. Oui, mon fils qui, comme Merah, est un adolescent, d'origine algérienne, de confession musulmane, né dans un pays qui n'a pas vu naître ses parents. Issu donc de l'immigration comme Merah, mon fils porte aussi les convictions musulmanes et les aléas du parcours migratoire de ses parents.

Merah me rappelle également mon fils pour une raison plus fondamentale, peut-être même plus inquiétante. Sans renier son appartenance québécoise, mon fils m'avoua récemment ne ressentir aucune fierté de cette appartenance. Explicitement, il dit se savoir et se sentir Québécois, mais rien de plus. Cette appartenance, paradoxalement, ne lui procure ni amour pour le Québec ni volonté sincère de le servir.

Dès lors, je l'interrogeai sur le pourquoi de cette appartenance stérile, anémique et contre-productive. L'histoire du Québec, si elle n'est certainement pas un film d'action comme il les aime, reste jalonnée de résistances et de réalisations culturelles, sociales, politiques et économiques dont un jeune Québécois peut légitimement en être fier. Pourquoi donc son déficit de fierté d'appartenance?


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Lire la suite sur Le Devoir - 27 mars 2012.