Les Jeux olympiques 2016 iront finalement à Rio de Janeiro. Ce n’est que justice. La cité carioca l’a bien mérité. Voilà, une ville qui n’aspire plus à devenir une mégapole moderne et dynamique. Elle l’est déjà! Ce n’est plus l’ensemble de favelas que nous connaissions autrefois.
Le Cristo Redentor a finalement (encore) porté chance à Rio. Deux ans après la Coupe du Monde de football (ou si voulez, de soccer), les sportifs, toutes disciplines confondues, auront rendez-vous sous le Corcovado.
La joie et les festivités spontanées sur les plages de Copacabana et d’Ipanema étaient magnifiques à voir. Elle est tellement belle à voir cette manifestation de l’esprit carioca! Qui n’a pas été ému par les larmes de Lula? L’ancien syndicaliste, dont devraient s’inspirer les dirigeants de notre FTQ-Construction, a raison, en clamant urbi et orbi le « réveil des pays du Sud ».
Des mots justes, car l’attribution des Jeux olympiques d’été au plus grand pays d’Amérique latine est avant tout une reconnaissance de son rôle et de sa montée en puissance. Ce pays à l’économie extraordinairement diversifiée commence même à maitriser l’énergie nucléaire sans heurts ni déclarations tapageuses. Assurément, la prochaine étape devrait faire entrer la patrie de Nazare Pereira dans le Conseil de sécurité comme membre permanent!
La candidature de Rio de Janeiro a laissé sur le carreau des villes aussi riches que Madrid ou Tokyo. Chicago n’a pas pesé lourd, puisque la ville qui a vu éclore le président Barack Obama, a été éliminée de la course dès le premier tour. Et ce, malgré le charme et le soutien déclaré du couple présidentiel. Les scandales qui ont entaché les jeux de Los Angeles et d’Atlanta sont encore dans les mémoires. C’est pourquoi, notre joie après l’attribution des JO 2016 au Brésil de Lula est immense.
On a tout dit sur la désignation à Copenhague de la ville qui devait abriter, dans moins de sept ans, le plus grand show sportif. Enfin, presque tout. Pour ma part, je pense déjà à ceux qui feront le voyage pour nous représenter, surtout côté médias.
Il y a un peu plus d’une année, Radio-Canada, la télévision publique canadienne d’expression française, a envoyé à Pékin une imposante armada de journalistes, parmi lesquels il était vain de chercher un employé au teint basané. Tout au plus, si on pouvait sentir la présence au sein de la délégation de Radio-Canada de deux ou trois « experts » français. En 2008, c’était assez compréhensible : les jeux se déroulaient dans un pays à la population plus ou moins homogène. Les Ouigours ou les Tibétains passeraient bien pour des gens de souche!
Cette fois-ci, c’est différent. L’Olympiade aura lieu dans un pays qui n’a pas honte de sa diversité et où les médias ne font pas dans l’aliénation des minorités. Le roi Pelé est bel et bien noir. Gilberto Gil, l’auteur du mémorable tube Toda menina baiana devenu ministre de la Culture, aussi. Les exemples de ce Brésil ouvert et tolérant sont nombreux. Ce serait grave, voire malhonnête, si une énième fois nous devions être représentés par le même groupe blanc-blanc. L’inclusion d’employés issus des communautés culturelles est le meilleur des accommodements raisonnables.
Sept ans nous séparent donc des joutes de Rio de Janeiro. C’est amplement suffisant pour dénicher l’oiseau rare au sein de ces communautés tant décriées. Si cette mission s’avère impossible, connaissant les exigences de Radio-Canada, les responsables de la chaine publique ont tout le temps nécessaire pour préparer de jeunes étudiants en journalisme à la visibilité affirmée. Ils pourraient même leur faire travailler leur accent pour qu’il soit compris à Hérouxville ou ailleurs. Le flamboyant Ian Hanomansing, d’origine hindoue et né à Trinidad et Tobago, a bien réussi à convaincre CBC de l’envoyer à Beijing. La balle est dans le camp de Radio-Canada…
Messieurs les décideurs de notre très chère Radio-Canada, de grâce, faites en sorte que notre argent ne profite pas toujours aux mêmes personnes! Rendez-nous fiers de notre diversité! Tout le monde veut danser à la fête de Rio. Tout le monde a envie de ressembler à ce Brésil qui gagne…ensemble.