À la veille du mois de ramadhan, mes pensées vont vers deux familles palestiniennes. Dans leur cas, on peut dire que, plus que le sort, ce sont des hommes qui se sont acharnés sur elles. Il est ahurissant de voir comment des vies peuvent être sacrifiées dans le silence le plus complaisant.

 

Pendant quelques heures, les pleurs et les cris de douleur des membres des familles Hanoun et al-Ghawi ont été sur tous les écrans de télévision. L’espace de quelques heures seulement; le temps qu’a duré leur expulsion de leurs demeures dans le quartier Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est. Pourtant, leur calvaire dure encore.

En pleine canicule de début août, les policiers et les agents des brigades spéciales sont arrivés à l’aube, accompagnés d’une meute de colons, principaux bénéficiaires des expropriations. Ils ont agi vite et sans scrupules.
Les Hanoun et les al-Ghawi, en tout 53 personnes, dont 19 mineurs, habitaient le quartier mythique de la ville d’al-Qods depuis 1948. Les dernières 37 années ont été un enfer inimaginable. Les deux familles arabes ont fait face à une longue série de procédures d’expulsion devant la justice israélienne qui a finalement abouti à l’occupation pure et simple des maisons en question par des colons juifs. Tous les recours juridiques ont été vains. 

Ce douloureux épisode n’est pas sans rappeler l’expulsion des al-Kurd, l’une des familles les plus anciennes dans la partie orientale de Jérusalem. Cette fois aussi, malgré la mobilisation des activistes pacifistes internationaux, les Hanoun et les al-Ghawi se sont retrouvées sur les trottoirs avec enfants et meubles, sans aucune possibilité de manifester leur désarroi, puisque toute démonstration a été jugée illégale. Des proies faciles pour la machine sioniste.

Seule nouveauté : les autorités israéliennes ont usé d’un subterfuge d’une incroyable mesquinerie. De faux titres de propriétés ont été présentés par l’organisation de colons Nahalat Shimon International que la justice israélienne a entérinés à la vitesse V. En même temps, les juges ont rejeté ceux des familles palestiniennes qui, pourtant, ont été reconnus par l’UNRWA, l’office des Nations Unies en charge des réfugiés palestiniens depuis la Nakhba, la Grande catastrophe de 1948.

Jusqu’à présent, l’Autonomie palestinienne a pu, en un laps de temps très court et par des méthodes expéditives, annihiler les stratagèmes des colons juifs qui consistaient à convaincre des Arabes démunis de vendre leurs propriétés à Jérusalem-Est. L’argent provenait souvent des fonds du millionnaire juif américain Irving Moskowitz. Voilà que maintenant des familles sont jetées à la rue sur la base de documents complètement fabriqués. Aucune chance de contrecarrer légalement ces desseins, puisque la justice israélienne est partie prenante de méthodes décriées comme racistes.

Depuis son entrée à la Maison Blanche, le président Barack Obama n’a pas cessé de mettre la pression sur les dirigeants de l’État hébreu afin qu’ils stoppent les expropriations de Palestiniens de leurs maisons et terres. Sans succès. C’est de mauvais augure pour les futures négociations de paix entre Palestiniens et Israéliens. On voit mal Obama convaincre les faucons qui dirigent actuellement le gouvernement israélien de revenir à de meilleurs sentiments. 

L’Union Européenne et les Nations Unies, par contre, se limitent à condamner verbalement des pratiques que tout le monde sait qu’elles sont dignes de la machine nazie. Condamner des actes qui constituent une violation des conventions de Genève, remarquez que ce n’est pas assez ingénieux comme avancée. Avec un peu de bonne volonté, on pourrait, par exemple, élargir la liste des États parias aux pays qui terrorisent leur population, y compris les minorités ou les civils sous occupation.

Récemment, une congrégation religieuse canadienne a soulevé l’ire du lobby sioniste, quand certains de ses membres ont proposé de boycotter Israël. Même si l’Église unie du Canada a dû finalement mettre un peu d’eau dans son vin, il demeure que ce geste démontre l’exaspération de l’opinion publique face à la mansuétude dont bénéficie Tel Aviv.

Dans les pays musulmans, par contre, on note un mutisme intrigant. D’Alger à Damas, en passant par Tunis ou Le Caire, le calvaire de la population de Jérusalem-Est est bien loin. L’Islam officiel, qu’on dit modéré et tolérant à souhait, a d’autres chats à fouetter. Par exemple, la prochaine rentrée scolaire, comme on nous a habitués à cette période de l’année. Il ne faut surtout pas que nos vénérables imams touchent à la chose politique. Ils risquent de froisser nos capricieux gouvernants. 

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