De janvier à juillet 2006, le Québec a accueilli 20 519 immigrants, parmi lesquels 10,8% d’Algériens, 7,6% de Français et 6,4% de Marocains.

De janvier à juillet 2006, le Québec a accueilli 20 519 immigrants, parmi lesquels 10,8% d’Algériens, 7,6% de Français et 6,4% de Marocains.

En 2005, la Chine était le principal pays de provenance des nouveaux venus, suivie de la France. En 2004, c’était l’inverse. Entre 2001 et 2005, plus de 35 000 Maghrébins ont choisi de s’installer au Québec. Surtout des Algériens et des Marocains, mais aussi des Tunisiens. C’est plus que les immigrants chinois (18 749) ou français (16 273).

En 2004, lors de la commission parlementaire précédant la nouvelle loi sur l’immigration (voir autre texte), 18 400 demandes d’immigration en provenance du Maghreb étaient en attente, explique Claude Fradette, porte-parole du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC). La ministre de l’époque, Michelle Courchesne, s’était engagée à régler la situation. «Nous avons alloué des ressources supplémentaires et lancé une campagne d’information au Maghreb pour aider les gens à préparer leur demande. Depuis, tous les gens qui avaient un dossier complet ont été vus en entrevue», raconte M. Fradette.

L’impact de cette offensive se fait sentir aujourd’hui. Mais il y a plus qu’une cause administrative pour expliquer que de plus en plus d’Algériens débarquent au Québec. «D’abord, il y a la langue et la situation politique», dit Salah Ferhi, géographe montréalais d’origine algérienne. Ensuite, les portes du Québec sont grandes ouvertes, contrairement à celles de la France. «Et plus on est jeune, plus on est qualifié, plus on a de chance», ajoute le chercheur associé au centre de recherche sur l’immigration de l’UQAM.

Autre point, peu de pays ont une politique d’immigration active. Le Canada, les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande en ont un, indique Claude Fradette.

En 2007, le Québec compte accueillir 48 000 immigrants, surtout des jeunes qualifiés qui parlent français. Justement des caractéristiques de la population algérienne. «En Algérie, les jeunes sont très nombreux et c’est difficile pour eux de se faire une place», explique Mustapha Chelfi, rédacteur en chef d’Alfa, journal destiné à la communauté maghrébine.

Comme bien des Algériens, le journaliste a quitté son pays de naissance à cause du climat politique. Dans les années 90, les terroristes islamistes chassaient les intellectuels comme lui. Quatre collègues de l’hebdomadaire où il travaillait ont été assassinés. Chelfi et sa femme ont fui au Canada.

Doctorant en géographie, Salah Ferhi a également quitté l’Algérie pour des questions de sécurité. Il est d’abord allé en France, puis il est venu au Canada. Comme pour beaucoup d’Algériens, une grande déception a suivi son arrivée: il était incapable de trouver un travail conforme à ses compétences.

Bien des diplômés algériens repartent à zéro. Un ingénieur ouvre une boucherie. Une gynécologue obstétricienne entame des études en sciences infirmières. Un informaticien devient chauffeur de taxi…

Et il y a le racisme et la discrimination. «Surtout depuis le 11 septembre», signale M. Ferhi.

«La déception des Maghrébins leur fait croire que ce n’est pas eux qu’on veut, mais leurs enfants, dit le géographe de 44 ans. Ils se replient donc sur eux-mêmes. Ils mettent en exergue leurs croyances pour montrer qu’ils ont une culture et qu’ils ne viennent pas de nulle part. Je connais des gens qui ne priaient pas en Algérie mais qui fréquentent la mosquée depuis qu’ils sont ici. C’est un refuge où ils trouvent d’autres personnes comme eux.»

«Mais je connais aussi beaucoup d’Algériens qui sont heureux», souligne-t-il.

Salah Ferhi estime qu’on trouve 45 000 Algériens d’origine au Canada. Ils sont surtout concentrés à Montréal. Comme le dernier recensement national date de 2001 et que plusieurs Algériens sont arrivés depuis, il est difficile d’indiquer précisément combien vivent au Québec. Chose certaine, ils sont de plus en plus nombreux.

À l’opposé, le nombre d’Italiens d’origine décline dans la province. En 2001, ils étaient 69 500, comparativement à 84 000 en 1986. «Ils sont arrivés en grand nombre de 1945 à 1960», explique Claude Fradette. Dans les années 70, ce fut au tour des Haïtiens de débarquer au Québec par milliers, si bien qu’en 2001 on trouvait 47 000 Haïtiens d’origine dans la province.

Au cours des cinq dernières années, le Québec a aussi accueilli beaucoup de Chinois: 18 749 entre 2001 et 2005. «Il y a une sélection importante de gens d’affaires et de travailleurs qualifiés qui, étonnamment, parlent le français», dit M. Fradette.

Source: http://www.cyberpresse.ca/article/20061026/CPACTUALITES/61026272/5032/CPACTUALITES