Ce samedi 22 juin, "L’association des amis de l’Algérie plurielle" a organisé, au restaurant Le Corail à Montréal, un débat avec le député du FFS (Algérie) M. Belkacem Amarouche et la députée Mme Sadia Groguhé du NPD (Canada). Le thème de la rencontre a porté sur  « Les conditions de l’immigration et ses perspectives ». Plusieurs personnes de toutes les générations ont répondu à l’appel de cette nouvelle association qui est à son deuxième évènement puisqu’elle a déjà organisé une conférence-débat sur le mouvement berbère de 1980 au mois d’avril 2013.

La rencontre a commencé par la présentation des invités, des objectifs de l’association et des remerciements à ceux qui ont aidé pour que cet évènement ait lieu à commencer par le propriétaire du restaurant et l’agent immobilier Louanas Tiguelmimt qui a sponsorisé ouvertement l’initiative. Vient ensuite un long moment octroyé aux deux panélistes pour se présenter à l’assistance. Le président de cette association M. Azedine Chikhi insiste sur le fait  que « l’Algérie a une civilisation millénaire et qu’on ne vient pas du néant. » avant de rajouter que : «  Nous sommes tous les accidents géographiques. » pour amorcer le débat sur l’immigration.

La députée du NPD dira : « J’aime ce terme de pluralité, car on vient tous des horizons divers. » Arrivée de France en 2005, Sadia a connu elle aussi le parcours de l’immigrant au Québec : «  C’est un parcours du combattant. On trouve une réalité différente et on se remet en question. De cette réalité surgissent des conflits et on se retrouve parfois face à un mur. Doit-on rester ou partir? », se questionnait-elle. Elle a donc décidé de rester et d’occuper sa place. Pour elle, l’intégration est synonyme de réussite et pour les parents et pour leurs enfants. Après une carrière en tant que conseillère d’orientation, elle a fait le saut en politique fédérale au sein du NPD et elle a été élue députée de Saint Lambert  sur la rive sud. Elle s’est retrouvée en plein dedans dans ce qu’on appelle la vague orange ( NPD de Jack Lyton) qui a déferlé sur le Québec et qui anéanti le bloc québécois de Gilles Duceppes.

« Le silence précède la parole », c’est ainsi que le député du FFS a commencé son intervention en fixant pendant quelques secondes l’assistance. Natif de Bordj Bou Arreridj, M. Amarouche dresse un bref aperçu de son profil. Il est de parents kabyles. Il parle aisément la langue des hommes libres (Amazighs). Il est très à l’aise avec la langue française ( butin de guerre) et il est très ouvert sur la diversité. Il a aussi grandi dans une ambiance d’un Islam soufi, ouvert et tolérant.  Une fois devenu adulte, il a épousé corps et âme les grandes lignes du FFS. À 23 ans, cet avocat de formation a été nommé secrétaire nationale du FFS par Hocine Ait Ahmed. La suite est connue. Il devient député du FFS pour la zone 4 qui couvre l’Océanie et l’Amérique du Nord. M. Amarouche, ce jeune député cultivé et éloquent, est animé d’une volonté de fer : «  Il faut amener une nouvelle dynamique de communication, un nouveau souffle pour une Algérie démocratique. » dira-t-il. Conscient de la cacophonie qui sévit au sein des institutions algériennes, il rajoute : «  Nous ne croyons pas aux élections à l’algérienne, mais nous croyons à la mobilisation des Algériens. ».

Vu le peu de temps qui restait, les panélistes ont préféré répondre aux questions de l’assistance. Celle-ci a soulevé certaines contraintes que rencontrent les immigrants comme la reconnaissance des diplômes, l’intégration, le marché du travail et la discrimination sournoise qu’ils subissent du fait de leur appartenance à un pays ou à une religion. La députée du NPD a tenté tant bien que mal de convaincre par les démarches des politiques pour forcer la main aux ordres professionnels : «  La société va s’effriter si elle ne profite pas du potentiel de ses citoyens. La société ne prend pas ses responsabilités. Les médias n’accordent pas assez d’espace pour les immigrants. », insista-t-elle. Selon elle, si les réseaux de communication accordaient plus de visibilité aux immigrants, les préjugés baisseraient et les ouvertures donneraient plus de chances aux immigrants. «  Il faut donc mettre l’identité de côté et donner la chance à l’intégration. Il faut vivre notre citoyenneté à la canadienne» conclut-t-elle.

Plusieurs intervenants ont mis l’accent sur l’importance de la communication et la transmission de l’information crédible et utile. Les deux pénalistes étaient extraordinaires. Le député du FFS donne de l’espoir qu’il y a encore des représentants du peuple outillés et instruits. La fausse note de la rencontre était l’interruption d’un jeune kabyle qui s’exprimait dans sa langue maternelle. Un moment qui renvoie aux méthodes du FLN ou à l’ambiance malsaine qui règne encore au parlement algérien et qui confirme qu’on est encore dans l’esprit d’une Algérie plurielle au singulier.

Source: Taghamsa - 23 juin 2013