Ahmed Ben Bella, premier président de l'Algérie indépendante, est mort mercredi 11 avril à Alger à l'âge de 95 ans, a annoncé l'agence APS citant ses proches. Il avait été admis à deux reprises, il y a plus d'un mois, à l'hôpital militaire d'Ain Naadja, après un malaise.

Ce pionnier de la guerre d'indépendance avait accédé au pouvoir en 1962, avant d'être renversé en 1965 par un de ses compagnons et ministre de la défense, le colonel Houari Boumediène. Il présidait depuis 2007 le Groupe des sages de l'Union africaine, chargé de la prévention et de la gestion des conflits en Afrique.

UN DES PRINCIPAUX DIRIGEANTS DU FLN

Militant indépendantiste de la première heure, Ahmed Ben Bella est né le 25 décembre 1916 à Maghnia, à la frontière marocaine, où s'étaient installés ses parents, paysans pauvres du Sud marocain. Après des études secondaires à Tlemcen, Ben Bella fait son service militaire dans l'armée française. En 1944, il est cité quatre fois à la bataille de Monte Cassino (Italie) et décoré de la médaille militaire par le général de Gaulle.

Dirigeant de l'Organisation spéciale, créée pour préparer le soulèvement armé du 1er novembre 1954 contre la France, il se distingue en organisant le hold-up de la poste d'Oran pour lui procurer des fonds. Arrêté et condamné à huit ans de prison, il s'évade en 1950 et rejoint Le Caire où il devient, dès sa création, un des principaux dirigeants du Front de libération nationale à l'extérieur.

Les présidents égyptien et algérien, Nasser et Ben Bella, en 1963, en Algérie.

Dans la capitale égyptienne, il se lie d'amitié avec le président Gamal Abdel Nasser, patron des "officiers libres", qui deviendra son mentor politique et apportera un soutien multiforme à sa demande au soulèvement algérien.

DEUX ANS DE PRÉSIDENCE DE L'ALGÉRIE

Arrêté de nouveau en 1956, il passe le reste de la guerre d'indépendance en prison en France, où, en désaccord avec les dirigeants politiques de la révolution algérienne, il prend le parti du chef de l'état-major général de l'Armée de libération nationale, Houari Boumediène.

Libéré en mars 1962 à la signature des accords d'Evian, il démissionne rapidement de son poste de vice-président du Gouvernement provisoire de la République algérienne pour former un bureau politique chargé de prendre en main les destinées de l'Algérie indépendante.

Le 3 août, il fait son entrée dans Alger soutenu par les chars du colonel Boumediène. L'Assemblée constituante l'investit comme président du conseil le 27 septembre 1962 et il est élu président de la République en septembre 1963. Il est destitué le 19 juin 1965 par Houari Boumediène, arrêté et mis au secret sous haute surveillance de l'armée.

DOSSIERS INTERNATIONAUX

En 1981, gracié et libéré par le successeur de Boumediène, Chadli Bendjedid, Ben Bella s'exile pour un temps à l'étranger et fonde le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA) sans parvenir à mobiliser.

Rentré à Alger en septembre 1990, il se retire de la vie politique et se consacre à des dossiers internationaux (Palestine, Irak) et rejoint les "altermondialistes" dans leur lutte contre "la mondialisation capitaliste". Ben Bella va prôner la "réconciliation nationale" avec les islamistes algériens, en se rapprochant du président Abdelaziz Bouteflika, ancien bras droit de Boumediène.

Source: Le Monde