Les relations entre le Canada et l'Algérie se portent bien, selon les dires de Youcef Youcefi, premier représentant de notre pays à Ottawa, qui nous a accordé une entrevue dans la somptueuse chancellerie algérienne de la rue Wilbrod. «Le volume des échanges commerciaux a augmenté d'une façon formidable depuis cinq ans», nous dit l'ambassadeur qui a mis toutes ses énergies dans le développement des liens économiques avec le pays hôte. Une analyse des échanges commerciaux nous permet de constater que les exportations sont en hausse alors que les importations baissent. Les exportations se chiffrent comme suit : 440 millions de $ en 1999 ; 839 millions de dollars en 2000 ; 740 millions de $ en 2001 ; 1098 millions de $ en 2002 ; 1713 millions de $ en 2003, soit une augmentation de 56 % entre 2002 et 2003. Les importations sont passées de 324 millions $ en 1999 à 249 millions en 2003. De tous les secteurs d'activité, seul celui des hydrocarbures constitue les principales exportations de notre pays vers le Canada (99%). En d'autres termes, hormis les vins, les dattes et l'huile d'olive qui ne comptent que quelques poussières de nos exportations, il n'y a que le gaz et le pétrole qui connaissent un véritable engouement. Du côté algérien, on continue d'être essentiellement attiré par les produits agricoles canadiens, tels que le blé dur — l'Algérie fait partie des cinq premiers importateurs mondiaux de blé dur canadien —, les lentilles, les pois chiches, le papier journal et les équipement industriels. Les compagnies canadiennes, qui restent très discrètes quant à leurs activités en Algérie, font quelques percées dans le secteur de la pétrochimie, de la construction, de l'agroalimentaire et de la haute technologie. Cependant, contrairement aux engagements du président Bouteflika, lors de sa visite officielle au Canada, qui avait fait la promesse «d'ouvrir l'Algérie aux investisseurs étrangers» et d'élargir les domaines de coopération entre les deux pays, quatre ans plus tard, on est forcé de constater que les relations économiques entre Alger et Ottawa restent encore marquées par les traditionnels échanges. Sur le plan politique, les relations entre les deux pays ont toujours été marquées par la courtoisie et le respect mutuel. Il n'en demeure pas moins que les autorités canadiennes gardent toujours un œil vigilant sur l'évolution de la situation politique dans notre pays. Le ministère des Affaires étrangères canadien continue de recommander aux touristes canadiens de reporter tout voyage en Algérie. «Les Canadiens, qui s'y rendent pour affaires devraient examiner soigneusement les répercussions d'un tel voyage sur leur sécurité avant de décider de l'entreprendre, compte tenu des actes terroristes commis dans certaines régions de l'Algérie», peut-on lire sur le site du ministère, qui reconnaît également que «la sécurité s'est grandement améliorée dans la plupart des régions du pays. Au cours de ces trois dernières années, les nouvelles politiques du gouvernement et les opérations des forces de sécurité ont fait diminuer les actes terroristes sans toutefois les éliminer.»

Une vision nouvelle

Même si le commerce est l'une des pierres d'assise des relations du Canada avec l'Algérie pour quiconque voudrait comprendre l'évolution des relations entre les deux pays, il conviendrait d'élargir le prisme de l'analyse pour tenir compte des acteurs non étatiques. C'est en ce sens que la présence de l'immigration algérienne, de plus en plus importante, surtout au Québec, a donné une vision nouvelle de ce qu'est l'Algérie et de ce que devraient être ses relations avec le Canada. De plus en plus d'associations algériennes à caractère social, éducatif et culturel ont vu le jour et organisent des événements forts intéressants pour faire connaître la culture algérienne ou le patrimoine berbère par exemple. Parmi ces associations, le Centre culturel algérien, qui a reçu les félicitations de Michelle Courchesne, ministre de l'Immigration et des Relations avec les citoyens du Québec, pour avoir organisé une formidable initiative à l'égard des sans-abri. Un repas chaud en faveur d'environ 400 itinérants de la ville de Montréal a été préparé par l'équipe de bénévoles du Centre culturel algérien. Plus d'une vingtaine de familles algériennes ont contribué à la préparation des repas et une trentaine de bénévoles ont assuré le service et l'organisation. Le ministère québécois de l'Immigration et des Relations avec les citoyens a compris la nécessité de s'appuyer sur des acteurs locaux pour favoriser l'intégration des nouveaux arrivants dans la société d'accueil. Pour les prochaines années, ce ministère continuera d'avoir du pain sur la planche compte tenu du nombre de demandes d'immigration qui proviennent de notre pays. L'Algérie est un bassin de recrutement important. Entre 3500 à 4000 Algériens continueront d'être recrutés par an en qualité d'immigrants au Québec. Dans les trois provinces à forte immigration, l'Ontario, la Colombie-Britannique et le Québec, c'est dans cette dernière que les immigrants sont économiquement les moins lotis, ce qui constitue un degré de difficulté encore plus grand pour les nouveaux arrivants, mais pas insurmontable, en témoignent les parcours migratoires de nombreux concitoyens.





Source: http://www.elwatan.com/journal/html/2004/05/05/cad_economie.htm