«Par sa portée et par des insinuations islamophobes», le projet de loi 94 sur les balises encadrant les demandes d’accommodement est «discriminatoire et incitateur à l’intolérance envers les Québécois(es) de confession musulmane».




C’est la conclusion d’un rapport au vitriol présenté hier soir par la Fédération des Canadiens musulmans (FCM), regroupement de sept organismes montréalais qui réclame le retrait pur et simple du projet de loi.

Ce n’est pas tant le texte que « l’esprit » du document qui dérange la FCM. « C’est prendre un canon pour tuer une petite mouche. Il y a des tapettes pour ça, c’est plus petit et c’est efficace, a expliqué Aziza Blili, agente de communication à la Fédération. Je n’ai aucun problème avec le fait que le visage soit découvert, mais a-t-on besoin de faire une loi pour ça? Les lois, c’est fait pour quelque chose de dangereux (...). Voter une loi, ça risque d’aggraver le phénomène d’islamophobie qui est en train de se développer au Québec. »

Jugeant que le projet de loi 94 est « préjudiciable envers les Québécois(es) de confession musulmane », la FCM regrette également que le texte « entrave indûment le parcours de la nation québécoise vers un Québec rassembleur et inclusif ». Il existerait, selon l’analyse de la Fédération, un « mythe de l’infériorité et de la soumission associé au niqab (...). Des militantes se battent avec beaucoup d’énergie pour l’égalité et les droits d’autres femmes tout en portant sur elles un regard condescendant et paternaliste ».

La ministre Weil

Sous l’influence des « manipulations médiatiques et (des) manœuvres électoralistes », le gouvernement du Québec emprunterait la mauvaise voie, selon la FCM.

Prudente, la ministre de la Justice, Kathleen Weil, a dit ne pas avoir été ébranlée d’entendre un son de cloche aussi opposé à son texte.

« C’est important de les écouter et je suis très sensible à leur message, a-t-elle insisté. C’est un projet de loi très apprécié. Partout où je vais, les gens me disent qu’on est arrivé juste au milieu et que ça vient régler le problème et emmener des balises dans un domaine qui avait créé beaucoup de confusion pour les décideurs dans l’administration gouvernementale (...). Les 95 % qui ont aimé le projet de loi, c’est pas nécessairement eux qu’on va entendre (à la commission). »

La CSN veut aller plus loin

Plus tôt en matinée, la CSN avait prôné l’interdiction de tout signe religieux dans les situations où « les agents d’État agissent comme modèles ». C’est par exemple le cas des enseignants ou encore des éducatrices dans les CPE. « L’habillement constitue un moyen de communiquer ses convictions religieuses et ça n’a pas sa place dans ces milieux-là », croit la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau.

Le crucifix, accroché depuis 1936 en arrière du siège du président de l’Assemblée nationale, peut demeurer au parlement. Il devrait cependant être déplacé à un autre endroit moins symbolique que le salon bleu, pense Mme Carbonneau. « C’est absolument essentiel, avance-t-elle. La présence d’un État laïque est un plus pour tout le monde. Ça pose donc des exigences pour tout le monde. »

Les débats autour du projet de loi 94 continuent aujourd’hui avec la présence, notamment, de l’ex-conseiller municipal d’Hérouxville, André Drouin.


Source: CANOE.CA


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