Ils sont venus des quatre coins du Canada et des Etats-Unis pour leurs idoles. Les chansons et les mélodies de ces deux artistes ont bercé la jeunesse des fans venus nombreux.

Il fallait s’y prendre très tôt, plusieurs semaines à l’avance, pour pouvoir assister au concert donné samedi dernier par Abdelkader Chaou et Anouar à la grande salle du Centre hellénique de Montréal. Le téléphone portable de Djamel Lahlou, l’organisateur de la soirée, lui-même chanteur, n’arrêtait pas de sonner le long du trajet vers l’aéroport Trudeau, en allant accueillir la perle de Tlemcen, Anouar. Les retardataires essayaient de se rattraper. Trop tard pour ceux qui avaient confondu vœu d’achat et commande ferme ! 

«Je suis obligé de prévoir une supplémentaire ce dimanche (le jour d’après le concert, Ndlr) pour satisfaire tout le monde. Je ne peux pas jouer avec la sécurité des gens et aller au-delà des places permises», nous affirme Djamel Lahlou, dont la messagerie vocale du portable est saturée à cause des appels qu’il recevait en continu. Même topo, le jour du concert. Souad Lahlou, femme de l’organisateur, on l’aura deviné, était intransigeante à l’accueil, avec le sourire toutefois. Pas question de passe-droits. On a laissé ça à 7000 kilomètres ! Toute une organisation qui a permis à plus de 500 personnes d’apprécier et de savourer les chansons et rythmes des deux stars de la chanson algérienne.

Abdelkader Chaou, du haut de ses 71 ans, avec un esprit vif et un sens de l’humour typiquement algérois où la naïveté feinte n’est que le reflet d’une lucidité retenue, a vite saisi ce que cherchait le public présent.  «Montréal, c’est vraiment El ghorba. Vous n’êtes pas à une heure de vol d’Alger», lance le chanteur en guise de bienvenue à son public qui l’a accueilli par une longue ovation et des youyous. Il était clair qu’il était en face d’une assistance venue danser. Les «qcidates» attendront. Le chanteur de Djah rebi ya djirani et autres Meriem Meriem est rapidement monté en cadence avec l’appui de l’orchestre dirigé par le jeune Salim Bouzidi.  Il n’a pas oublié sa chanson A chikh Mokrane en kabyle. La piste de danse a été envahie dès les premières notes.

Hommes, femmes en tenue de soirée ou voilées : tout le monde dansait. «Une image qui tranche avec la stigmatisation de notre communauté dans les médias locaux», observe une jeune femme venue de Longueuil, la banlieue sud de Montréal. La température clémente pour un mois de janvier, juste -2°C, a fait sortir les gens de chez eux. Ils sont venus des quatre coins du Canada et des Etats-Unis. «Nous avons des gens qui sont venus de Toronto, Ottawa, Vancouver, le Nouveau Brunswick pour le Canada. Atlanta, New York et la Californie pour les Etats-Unis», soutient Souad Lahlou, en plus de Montréal, bien sûr. Anouar a aussi captivé l’auditoire qui lui a demandé ses anciens succès qu’il a répétés avec lui.            

El Watan