Durant les moments forts de la conquête spatiale, le poète Algérien, Mohamed El-Aid al Khalifa, natif de Biskra, impressionné et inspiré a la fois par les images qui nous arrivaient du ciel avait écrit dans l’un de ces poèmes, « Ina achababa ida sama bitoumouhéhi jaâla ennoujouma mawatia al akdami » autrement dit « Si la jeunesse s’accroche a ses ambitions, elle marchera un jour sur les étoiles ».
À l'époque, le poète voulait attirer l’attention des Algériens sur ce qui se passait au-dessus de leurs têtes, et surtout leur insuffler l’intérêt des découvertes scientifiques et la passion qui animent les peuples oeuvrant à l’essor de l’humanité.
Le poète était un homme très ouvert à la modernité qui croyait que les futures générations étaient capables de rivaliser un jour avec les nouveaux architectes de l’espace. Malheureusement aujourd’hui, la plupart des intellectuels et des scientifiques brillent ailleurs. Parmi eux, le Dr Mustapha Ishak-Boushaki, un éminent chercheur qui enseigne depuis janvier 2003, la physique et l’astrophysique à l’université Américaine de Princeton, là où Einstein et plusieurs prix Nobel ont développé des théories et des projets qui ont émerveillé le Monde.
Depuis des siècles des hommes et des femmes, avec beaucoup de patience et d’intelligence, combinent des connaissances durement arrachées au ciel. Leurs études ont enrichi l’astronomie auxquels les arabes au moyen âge ont brillamment contribué à son évolution. Le travail d’Al-Farghani consacré à l’étude des mouvements des corps célestes a été traduit en Latin au XIIe siècle.
L’université de Princeton a formé d’illustres personnages aux États-Unis. C’est une des plus prestigieuses au monde qui a été fondée en 1746 en tant que collège avant de devenir une université en 1896. Cinq hommes politiques sont passés par là, dont le mythique président John F. Kennedy et l’actuel secrétaire d’État à la défense, Donald Rumsfeld. Plusieurs hommes d’affaires, quinze Prix Nobel et surtout l’astronaute Charles Pete Conrad, le troisième homme qui a marché sur la lune.
Au mois de mai 2005, une équipe de cosmologues de l’université Princeton aux État-Unis, dirigé par un Algérien, a proposé une nouvelle technique pour percer les mystères de l’expansion de l’univers qui se trouve dans une phase d'accélération. La technique proposée pourrait déterminer si l’accélération cosmique est causée par une forme d’énergie nouvelle ou si elle est plutôt due à une rupture de la théorie de la relativité générale d’Einstein au niveau des grandes échelles de distance dans l’univers. L’exposé a été présenté par le Dr Mustapha Ishak-Boushaki à l’occasion du congrès annuel de la société canadienne d’astronomie de Montréal.
D’après l’Algérien. « L’accélération de l’expansion de l’univers constitue un des plus intrigants problèmes en astrophysique. Ce problème est aussi relié à plusieurs autres domaines de la physique. Nos recherches ont pour objectif de déterminer les causes possibles de cette accélération ».
Si l’Algérien n’a pas mis les pieds sur la lune comme le souhaitait le poète de Biskra, il contribue par ces recherches à éclaircir les énigmes de l’univers. Ces récentes études publiées en 2005 ont été bien accueillies par la communauté scientifique, elles touchent à un des plus intrigants problèmes en astrophysique moderne. Les revues spécialisées : Physical Review D, Classical and Quantum Gravity, General Relativity and Gravitation... etc., publient les travaux des chercheurs sur acceptation d’un comité de lecture composé d’une équipe de scientifique internationale. Une des publications de l’Algérien a été votée parmi les « highlights » en 2002 dans la revue Classical and Quantum Gravity.
Le jury du Conseil de Recherches en Sciences Naturelles et en Génie du Canada ne s’est pas trompé en octroyant une bourse scientifique au chercheur Algérien. Dans le document qui accompagne le certificat de bourse (2002-2004), le jury justifie de belle manière son choix : « Cette bourse souligne l’excellence du dossier universitaire, les compétences et le potentiel en recherche, les qualités de leadership ainsi que les talents de communicateur du titulaire ».
Avant de partir pour les État-Unis, au Canada, l’Algérien figurait parmi les chercheurs honorés. De 1998 a 2000, il a été récompensé par deux fois : le prix du Doyen de l’université Queen’s pour les études avancées (1998-1999) et le prix de l’université Queen’s pour les études avancées (1999-2000). Le gouvernement de l’Ontario lui a décerné deux bourses d’études avancées allant de 2000 à 2002.
Le Dr Mustapha Ishak-Boushaki a complété son Doctorat en 2002, une thèse sur « l’Études de modèles cosmologiques inhomogènes (Studies in inhomogeneous cosmological models) ». Il nous livre un aperçu des recherches actuelles qu’il mène à l’université de Princeton. « Notre système solaire » dit-il, « est constitué d’un groupe de planètes qui gravitent (tournent) autour du soleil qui est une étoile. Il existe des millions et des millions d’étoiles semblables à notre soleil dans l’univers. Ces millions d’étoiles se regroupent pour former des galaxies. Ensuite des millions de galaxies se regroupent pour former des amas de galaxies et des superamas de galaxies au plus grandes échelles de distance dans l’univers. La cosmologie est une branche de l’astrophysique qui étudie la théorie et la physique de l’univers au niveau de ces grandes échelles de distance ». On peut aller plus loin dans l’explication en se basant sur la théorie des cosmologues qui ont évoqué l’existence d’une forme d’énergie sombre qui produirait une gravitation répulsive plutôt qu’attractive. Mais on ne sait pas encore si elle existe ou pas.
Mustapha Ishak-Boushaki a quitté l’Algérie très jeune pour venir s’installer à Montréal. Il avait 20 ans et un rêve à la hauteur de ses ambitions. On est en 1987, la dernière année de paix en Algérie avant la révolte qui a conduit a l’embrasement total du pays et au départ, en 1992, du président Chadli Bendjedid après 13 ans de pouvoir. La même période, la vie politique au Canada est secouée par l’accord du Lac Meech, mais la crise se débloque par le dialogue.
Les pays occidentaux offrent des possibilités énormes aux étudiants et chercheurs des pays du tiers monde pour développer leur savoir et continuer leurs études supérieures dans les prestigieuses universités dotées de moyens et de matériels très développés. C’est la où l’algérien, qui a reçu une bonne formation de son pays, va nourrir ces ambitions d’abord en décrochant en 1994 une licence en informatique de l’université du Québec à Montréal et quelques années plus tard, en 1998, une licence en physique à l’université de Montréal afin de pouvoir dit-il « réaliser mon rêve, faire un Doctorat en Cosmologie ».
Il a reçu, en 2005, des offres pour un poste de professeur à l’université du Texas à Dallas, un poste de chercheur à l’université de Syracuse et aussi pour un poste de chercheur à la prestigieuse université de recherche Johns Hopkins à Baltimore, là où sont passés les plus brillants hommes des États-Unis.