Tassadit Ould-Hamouda, voici une femme qui ne lésine sur aucun moyen pour faire vivre sa culture même à des milliers de kilomètres de chez elle.

Présidente de l'association Tafsut du Canada, elle revient dans cet entretien sur les activités de l'association et ses objectifs. Elle relate également le parcours de cette association qui s'est imposée par un travail remarquable au pays de l’érable.

Liberté : Tafsut, l’association que vous présidez, célèbre cette année son 20e anniversaire. Pouvez-vous revenir, même brièvement, sur son parcours ?
Tassadit Ould-Hamouda : L’association Tafsut a été fondée, pour rappel, en 2000. Son objectif est la sauvegarde et la promotion de notre culture au Canada. Des femmes, des hommes, des jeunes filles… ont collaboré et ont fait de Tafsut ce qu’elle est aujourd’hui. Il faut préciser que l’association a accueilli divers artistes et groupes venus s’installer ici. Nous pouvons citer le groupe Syphax, Fouad Yalaoui, Rabah Kadache, etc. L’une de nos réalisations les plus marquantes est l’hommage rendu par Tirugza à Dda Cherif Kheddam, de son vivant, où 12 chansons ont été interprétées par Madjid Benbelkacem avec la collaboration de Tafsut (chorale). Il y a également au sein de l’association le groupe Tafsut, connu pour ses danses chorégraphiques et sa chorale. Ce groupe formé d’universitaires a su se classer parmi les groupes professionnels du Québec. En effet, le groupe Tafsut peut se vanter d’être le créateur de chorégraphies kabyles. Il a participé à diverses manifestations culturelles sur tout le territoire canadien et ailleurs : il a été l’invité du Festival international des Gorges de Tinghir (Sud marocain). Il a été le seul groupe africain choisi pour l’inauguration des vols d’Air Canada. Il a été l’unique groupe choisi par le musée Quai de Branly de Paris pour l’ouverture officielle de “Adeqqi, ou arts des femmes berbères” qui a eu lieu au Musée de la civilisation de Québec. Elle a participé au festival “Défilé de l’amitié Nuestro-americana”, où le monde entier a pu découvrir une partie de la culture kabyle et amazighe. Une plaque “Nation Kabyle” a été élaborée par les organisateurs pour désigner le carré kabyle, suite à notre refus de participer sous un autre patronyme. Tafsut a participé, également à divers grands spectacles, comme le mondial de Drummondville (qui est censé recruter les groupes professionnels en dehors du Canada). La même troupe a aussi pris part à plusieurs concours, comme Échelle des Talents – TV québécoise, où Tafsut a remporté le 2e prix parmi plus de 100 groupes (éliminés au fur et à mesure). Elle a participé et fait l’ouverture des spectacles avec divers artistes kabyles de renom, à l’image de Lounis Aït Menguellet, le défunt Idir, Mohamed Allaoua, Zedek Mouloud, etc.



20 ans d’activités dans le domaine de la culture est un bilan très intéressant. Qu’en est-il des objectifs tracés par l’association ?
L’objectif principal de notre association est d’œuvrer pour la sauvegarde et la promotion de notre culture par les chants et la danse. Nous participons également à des ateliers et des expositions où nous présentons notre patrimoine culturel (nos tenues, nos bijoux, notre savoir-faire).

Tafsut prend part aux activités culturelles au Canada comme représentant de la culture kabyle et amazighe. Elle est en tout point de vue une vitrine. Comment expliquez-vous la présence de Tafsut dans toutes ces manifestations ?
Effectivement, Tafsut a travaillé dur pour se frayer un chemin parmi tous ces groupes professionnels d’Amérique du Nord, sachant que la danse kabyle n’était pas structurée et n’avait pas de style chorégraphique. Nous avons peiné pour être au diapason et créer, pour la première fois dans l’histoire, la chorégraphie de danse kabyle. Hormis Saliha Bachiri qui faisait de la danse théâtrale, aucun groupe ne pouvait se vanter d’avoir fait dans la création chorégraphique sauf Tafsut. C’est encourageant de voir actuellement nos chorégraphies reprises partout en France et en Kabylie, sauf que certains se vantent d’être les créateurs de ces chorégraphies de danse kabyle, alors qu’en réalité c’est le travail de Tafsut. Nous avons également travaillé sur l’habillement et nous avons donné une belle image du costume traditionnel et des robes kabyles en général.

Qu’en est-il de votre plan d’action pour cette 21e année ?
Culturellement parlant, effectivement Tafsut est une vitrine qui donne la belle image de la Kabylie, de la femme kabyle, du chant et de la danse. Quant à notre plan d’action, il est sûr que Tafsut ira toujours de l’avant et continuera son excellent travail. Nous avons été freinés par la Covid-19 et contraints d’annuler certains spectacles. Espérons que ça ne sera qu’un mauvais souvenir et qu’on reprendra bientôt nos activités. Je tiens à remercier chaleureusement toutes les filles de Tafsut qui, malgré leurs études, trouvent toujours le temps pour représenter la culture kabyle et la Kabylie. Je remercie également leurs parents qui me font confiance. Un grand merci à ma communauté qui répond toujours présente à chacun de mes appels, et un grand merci à tous ceux qui nous soutiennent et nous encouragent et il y en a beaucoup.

Entretien réalisé par : Mohamed Mouloudj

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