Elle éprouve un grand amour pour son pays auquel elle reste attachée. Elle le porte profondément dans son cœur en dépit des longues distances qui l’en séparent. Malika Aïd est une chercheuse scientifique algérienne que nous avons rencontrée à Montréal (Canada). D’emblée, elle affiche sa volonté de participer au développement de son pays et mettre sa grande expérience acquise auprès des grands laboratoires de recherches canadiens, au service du développement de la recherche scientifique et de la formation de la nouvelle génération de diplômés.

La réussite de cette jeune femme en Amérique du nord montre aussi que l’université algérienne a beaucoup contribué dans la formation des ingénieurs et autres diplômés, lesquels arrivent à se forger leur chemin dans l’expertise à travers les grandes universités du monde. Malika Aïd, docteur en bioinformatique qui exerce actuellement à l’Institut de recherches cliniques de Montréal est native de la région de Taghzout, dans la wilaya de Bouira. Elle a obtenu son diplôme d’ingénieur d’État en informatique à l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, et ce, avant de poursuivre ses études supérieures au Canada à partir de 2005 et d’intégrer l’Institut de recherches cliniques de Montréal. Aujourd’hui, elle espère donner un jour des conférences sur sa discipline en Algérie et contribuer à son enseignement dans les universités algériennes

La Tribune : Vous êtes au Canada depuis des années. Quel est votre domaine de recherche scientifique ?
Dr Malika Aïd : Je vis au Canada depuis 2005. Titulaire d’une maîtrise et d’un PhD en bioinformatique (Génomique et Biologie computationnelle) de l’université de Montréal, réalisés dans le laboratoire du Dr Sylvie Mader à l’Institut de recherche en immunologie et cancérologie de Montréal Iric. Actuellement,
chercheur post-doctoral dans le laboratoire de génomique computationnelle et de bioinformatique à l’Institut de recherche clinique de Montréal Ircm.
La biologie computationnelle (bioinformatique) est un domaine de recherche récent, qui est à l’interface entre la recherche médicale, la biologie moléculaire, la génomique, la biochimie, la génétique, l’informatique et les statistiques. Elle regroupe plusieurs applications de pointe comme la découverte des médicaments (cancer, VIH, diabète, Hépatite C, etc.), le développement de modèles prédictifs pour la réponse aux drogues, l’analyse du transcriptome et du protéome, la régulation des gènes et la phylogénie (l’évolution des espèces).

Est-ce que vous arrivez à vous intégrer convenablement dans la société canadienne ?
Le Canada est un état de droit et de justice, et ces deux principes se voient dans la pratique de tous les jours. Le citoyen est traité avec respect et considération peu importe son origine ou son ethnie.
Les compétences, qu’elles soient étrangères ou canadiennes, sont reconnues et récompensées.

En matière de recherche scientifique, quels sont les avantages accordés au Canada ?
Une politique de recherche efficace a besoin de fonds, d’un programme clair avec des objectifs réalisables dans le temps. En Amérique du nord en général, toute la société est impliquée dans le développement de la recherche scientifique
à travers des programmes de dons, de financement etc…
Au niveau des universités, tout est mis à la disposition des étudiants (moyens financiers, académiques, pédagogiques) pour mener à bien leurs recherches.
Des programmes de bourses sont disponibles à tous les cycles (premier, 2 et 3 ainsi que le niveau postdoctoral) pour soutenir les étudiants et les encourager. Il y a aussi un lien étroit entre l’académique et l’industrie pour d’une part combler les besoins du marché du travail et d’autre part, assurer des stages aux étudiants dans le milieu professionnel. Plusieurs laboratoires de recherche sont financés par l’industrie, comme par exemple la recherche médicale qui est financée en partie par les compagnies pharmaceutiques.

Pensez-vous un jour contribuer dans le développement de l’Algérie à travers votre expérience ?
Absolument, un de mes objectifs futur est de contribuer à améliorer la qualité de la recherche en Algérie et de créer des collaborations avec des chercheurs en Algérie afin de lancer et développer la recherche en bioinformatique en Algérie qui accuse un retard important.

Si vous avez des propositions de collaboration avec les laboratoires de recherche algériens quelle serait la meilleure manière pour la rendre plus efficace ?
Définir clairement les objectifs de recherche, les compétences humaines et les moyens nécessaires pour la réalisation des projets de collaboration. On ne manque pas de compétences en Algérie, mais d’organisation et de volonté politique.

Est-ce que vous voulez faire partie des commissions et cellules de réflexions spécialisées relevant des ministères et autres organismes algériens ?
Oui, si ces cellules regroupent des gens qui ont à cœur l’état de la recherche en Algérie et l’amélioration de la qualité de l’enseignement en général en Algérie.

Pensez-vous participer à partir du Canada dans la formation des jeunes chercheurs par leur encadrement dans les thèses de doctorat, magistère et master ?
Oui. Et à mon avis, il est temps de créer ce pont entre les chercheurs algériens à l’étranger, en Amérique du nord spécifiquement avec les laboratoires de recherche en Algérie. Des programmes de collaboration pourraient être lancés. On a besoin de beaucoup de volonté pour y arriver et la volonté est là de notre côté. La balle est dans le camp du ministère et des universités en Algérie pour mettre en place les balises nécessaires pour une meilleure réussite de ces collaborations.

Un dernier mot pour les lecteurs de la Tribune
Prendre conscience des défis que vit notre pays et prendre part dans la construction de son futur en contribuant à une meilleure gouvernance en Algérie.


Interview réalisée l'envoyé spécial au Canada Madani Azzeddine

Source: La Tribune