En entendant une responsable d’une des nombreuses organisations juives montréalaises, qui conseillait à la communauté musulmane de plutôt s’intéresser à des questions locales, arguant que le dossier de la santé et le vieillissement de la population sont plus urgents, j’ai cru voir l’un des visages de la propagande israélienne Avi Pazner, Mark Regev ou encore « l’ange de la mort » Avital Leibovich sous son funeste uniforme du Tsahal. Il m’a semblé entendre la bête immonde nous servant ses mensonges au fil des bombardements d’une population que même les symboles de l’ONU ne sont pas en mesure de protéger. Même les mosquées et les écoles ne sont pas épargnées.

Les propos de cette activiste zélée des causes locales m’ont rappelé ceux d’un certain télé-philosophe, un habitué des salons parisiens, qui demandait aux jeunes Maghrébins des banlieues ceinturant les métropoles françaises d’ignorer le sort peu enviable des Palestiniens. Inutile de dire que seule la jeunesse dorée de Neuilly est restée hypnotisée par ses appels belliqueux. 

À voir plus clair, on réalise qu’aucune autre communauté au Canada ne s’empresse d’envoyer sa jeunesse se ressourcer sur une terre qu’elle n’a connue que sur les bancs des yeshivas et qui focalise toutes les passions. Bon an, mal an, des dizaines de jeunes Canadiens font leur aliyah en Israël. À quels jeux s’adonnent-ils là-bas, alors que nous avons d’autres chats à fouetter au Québec? Devraient-ils se transformer en préposés aux aînés au Québec ou en ramasseurs de fraises sur les champs de la Belle Province? L’avenir du CHUM n’est-il pas plus important? Une fois là-bas, visitent-ils les hauts lieux de la martyrologie palestinienne? Que savent-ils des massacres perpétrés au nom du sionisme?

Depuis le début du carnage de Gaza, des milliers de jeunes Musulmans ont investi les rues des villes occidentales pour crier leur dégoût de l’injustice et dénoncer la paralysie de la communauté internationale. Cette même « communauté internationale » qui nous a habitués que noir n’est pas toujours noir, allant jusqu’à nous convaincre que l’Irak est bourré d’armes de destruction massive. Elle qui fait payer aux Palestiniens l’activisme du puissant lobby sioniste aux États-Unis et les errements de l’Europe depuis 1939 : purification ethnique, massacres, exécutions sommaires, assassinats ciblés, arrestations, intimidations, etc. Toute la panoplie d’un État voyou à la longue tradition de violations des droits humains, dont les dirigeants cachent mal leur obsession du déséquilibre démographique. Et dire que nos ancêtres ont pris les armes contre le nazisme!

Heureusement, cette fois, nos jeunes n’ont pas succombé à la propagande de l’armée israélienne largement distillée, y compris sur Internet, même si l’intox s’est propagée à des titres aussi vénérables que le journal « Le Monde ». C’est là une source de fierté et d’espoir. Fierté, car la diaspora musulmane ne reste pas immobile, à l’inverse de nos frères otages des dictatures arabes, quand « casser du goy » devient licite. Surtout quand ce goy est un Gazaoui assiégé et brimé dans ses droits les plus élémentaires. Espoir, enfin, que le culte de Jérusalem sera compris et repris par notre progéniture.