80% du sucre importé par l’Algérie était détenu par une seule personne. C’est incroyable et même inimaginable!!!

 



Je n’en ai pas cru mes yeux lorsque j’ai lu sur une page d’un quotidien algérien du Net de samedi dernier où c’était écrit que 80% du sucre importé par l’Algérie était détenu par une seule personne. C’est incroyable et même inimaginable!!!

Pour voir un cas pareil, il faut remonter dans le temps et atterrir dans les pays de l’Amérique centrale des années 50 où dans chaque Etat, il y avait deux ou trois familles qui détenaient toutes les richesses du pays. Le comble de l’ironie est que le monopole de cette personne est à triple tranchant. Premièrement, il s’exerce sur une matière première de type denrée alimentaire qui est d’une première nécessité pour le peuple algérien. Secundo, c’est un monopole sur un produit importé et non pas fabriqué localement. Troisièmement, ce groupe qui exerce ce monopole est une entreprise à capital fermé au public, c’est-à-dire avec un seul actionnaire, le patron lui-même qui détient 100% du capital. Dans tous les pays, qui exercent l’économie de marché, qu’ils soient développés ou en voie de développement, ce type de monopole est strictement interdit par les lois antitrust (les lois de la concurrence). Ces lois servent à protéger les citoyens consommateurs de ces pays. Par exemple, aux Etats-Unis d’Amérique, une infraction aux lois antitrust est passible d’une peine de prison allant jusqu’à 10 ans et d’une énorme pénalité allant parfois jusqu’à la mise en faillite de la compagnie qui a exercé ce monopole. Même lors de la fusion de deux compagnies que ce soit aux USA ou en Europe, ce sont toujours les autorités de la concurrence qui sont chargées de juger si la position de la nouvelle compagnie créée n’est pas d’un caractère monopoliste sur le marché avant de procéder à la validation de la fusion. Le cas des monopoles sur des denrées alimentaires détenus par une poignée de personnes en Algérie est unique au monde.

Dans les pays arabes, la plupart des gouvernements subventionnent les matières de première nécessité pour leurs peuples comme le blé, le café, le sucre, l’huile, etc. Les autres ont laissé le marché libre à la concurrence. Curieusement, la nouvelle loi de finances en Algérie qui était présentée comme une nouvelle approche économique tirant ses sources du patriotisme économique n’est autre que de la poudre aux yeux car non seulement, cette loi ne mentionne rien sur le phénomène des monopoles, donc les intérêts de cette personne et des autres sont préservés, mais le paradoxe est que cette loi, en réalité et sur le terrain, sert même à protéger les intérêts des monopolistes en instaurant toute une batterie de nouvelles lois visant à se barricader contre la concurrence étrangère et en instaurant un champ plein de marécages bureaucratiques destiné à décourager le petit importateur algérien.

Cette nouvelle loi de finances laisse le champ libre sans les barrières de la concurrence, a ce groupe et aux autres barons de l’importation pour s’enrichir davantage. Puisqu’on a droit au doute et dans ce contexte bien précis, on peut se poser maintenant des questions sur l’attitude glaciale du gouvernement algérien face à l’adhésion de l’Algérie à l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Pourquoi cette hésitation et cette crainte de l’OMC et pourquoi le gouvernement ne parle plus de cette adhésion et pourquoi aucune démarche n’a été faite depuis quelques années?

Une adhésion de l’Algérie à l’OMC cassera les monopoles de certains monopolistes.

(*) Expert international et analyste boursier à la banque suédoise Hagströmers och Qviberg

 

Source: L'Expression