Une famille Algérienne est en justice avec les autorités américaines pour la mort de sa fille en prison.

La famille de Hassiba Belbachir, une Algérienne décédée il y a deux ans dans une prison de Chicago, intente un procès aux autorités américaines de l’immigration qui avaient emprisonné sa fille sous l’accusation d’immigration illégale.
Un parent de la victime, Abderrachid Belbachir, a déclaré à Echourouk El-Yaoumi que la famille intente un nouveau procès contre les services américains de l’immigration, l’administration de la prison et la compagnie chargée des soins de santé aux prisonniers.
Ce procès succède à celui intenté en 2005 par la famille contre l’administration du pénitencier de McHenry (Illinois), s’opposant à la version des faits selon laquelle Hassiba Belbachir se serait suicidée le 17 mars 2005, une semaine après son arrestation à l’aéroport de Chicago par les services de l’immigration.
M. Belbachir, également président de l’Association maghrébine d’Amérique du Nord et membre du Conseil islamique de Chicago, a précisé que les avocats de la famille vont présenter à la justice américaine un rapport détaillé sur les circonstances de la mort de Hassiba et indiquer les responsabilités directes ou indirectes de chaque partie, notamment l’administration de la prison, dans la mort de Hassiba à l’âge de 27 ans. Cette mort avait suscité de la colère dans les communautés algérienne et musulmanes vivant aux États-Unis ainsi que parmi les associations de défense des droits des musulmans qui l’avaient qualifié de «crime racial».
En juillet dernier, la cour fédérale avait levé, à leur demande, l’immunité des responsables de la prison du comté de McHenry après que la famille de la victime les initialement attaqué en justice pour homicide involontaire.
La famille avait également intenté d’autres procès contre le maire et le shérif du comté de McHenry, ainsi que contre l’équipe médicale de la prison.
L’été 2005, un rapport primaire rédigé par des experts indiquait que la victime n’avait pas reçu les soins de santé nécessaires durant sa détention.
La famille poursuit le maire de la ville, Keith Nigron, le directeur de la prison, Tom Sfopoda, ainsi que des gardiens de prison et des policiers impliqués dans l’arrestation et la détention de Hassiba. La famille en veut à la direction de la prison d’avoir détenu Hassiba dans l’aile réservée aux criminels et passeurs de drogue, sans égards à son état psychologique.
Le dossier d’accusation indique que Hassiba avait quitté Chicago le 1er mars 2005 à destination de Londres. À l’aéroport Heathrow International, ayant des doutes sur la validité de son passeport, les services britanniques de l’immigration la refoulent vers Chicago. Le dossier précise que Hassiba a été écrouée le 9 mars comme immigrante illégale, sans que ni elle ni les autorités pénitentiaires ne soient avisées d’une quelconque accusation; elle se retrouve alors dans l’aile de la prison réservée aux grands criminels, aux personnes impliquées dans des affaires de sécurité nationale et de terrorisme.
À cette période, Hassiba souffrait déjà de problèmes de santé et l’absence de soins l’a affectée psychologiquement.
Le dossier montre que l’équipe médicale et l’administration de la prison étaient au courant de l’état de santé de la détenue puisque une assistante sociale avait rendue visite à Hassiba en prison et rédigé un rapport en ce sens. Malgré ces avertissements, l’administration de la prison n’a pas jugé utile de prendre sérieusement Hassiba en charge, la laissant sans surveillance, selon le dossier de l’accusation qui indique également qu’au soir du 17 mars 2005, la veille d’un rendez-vous avec un psychologue organisé par l’assistante sociale qui lui avait rendu visite, Hassiba fut retrouvée sans vie dans sa cellule, un morceau de tissu autour du cou.
L’administration de la prison a conclu au suicide, ce que rejette formellement la famille de la victime, notamment sa sœur Zahia qui réside au Canada et qui lui avait parlé au téléphone quelques heures avant sa mort; elle l’avait trouvée normale et pleine d’optimisme. De plus, des membres de la famille affirment avoir constaté des traces de torture sur les jambes de la victime lors de l’identification de son cadavre à la morgue de la prison.
Cette affaire revient sous les projecteurs au moment où le Washington Post publie un rapport indiquant que, depuis 2001, pas moins de 65 immigrants illégaux, des musulmans pour la plupart, sont mort dans les prisons américaines. •
Par Kamel Menaceri in Echourouk El-Yaoumi #2118 du 8 octobre 2007, page 5.

Traduction Kamal Almi, Montréal.
http://www.echoroukonline.com/modules.php?name=News&file=article&sid=11717

Source: http://www.algeroweb.com/pdf/chorouk2118-5.pdf