Au moins 1400 morts, dont plus 500 femmes et enfants, plus de 5300 blessés, très souvent victimes d’atroces brûlures infligées par les nouvelles armes expérimentées par l’armée israélienne sur une population assiégée et affamée. C’est le temps des décomptes macabres à Gaza. Des chiffres qui n’émeuvent ni les dirigeants arabes, ni les démocraties occidentales, ni même la « marionnette souriante » qu’est Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies.


Tsahal s’est retiré du ghetto gazaoui laissant derrière elle un paysage de désolation, tout en écrivant une nouvelle page noire dans la tragédie palestinienne. De nouvelles turpitudes pour un peuple qui n’a pas fini de payer un prix fort pour l’abrutissement de la communauté internationale par la propagande sioniste. Gaza s’est donc ajoutée à la longue liste des hauts lieux de la martyrologie palestinienne : Deir Yassin, Saliha, Eliaboun, Lod, Ramlé, Sabra et Chatila, etc.

Si Leila Shahid, la déléguée générale de l’Autorité palestinienne auprès de l’Union européenne, est convaincue que nous n’assistons pas à « une guerre de religions », ce n’est certainement pas l’avis de Tsipi Livni, la ministre des affaires étrangères israélienne que tout le monde décrit comme la principale responsable des crimes commis par Tsahal à Gaza. Par leur silence devant les derniers évènements à Gaza, les gouvernements occidentaux ont peut-être créé un monstre en la personne de la fille du couple Eitan Livni-Sara Rosenberg, deux sionistes sanguinaires membres du groupe terroriste Irgoun, qui ont à leur actif des centaines de morts.

Jamais la formule consacrée chère à Ariel Sharon « être nourri de haine de ce lait de sa mère » n’a été aussi juste que dans le cas de Tsipi Livni. Rien qu’à penser que, bientôt, elle aura des discussions avec Rahm Emanuel, le véritable numéro deux de l’administration Obama et fils d’un autre criminel de l’Irgoun du temps de la Palestine mandataire, j’ai des frissons…De leurs discussions dépendra grandement le sort des Palestiniens. Dure réalité.

À l’instar de leurs prédécesseurs, les bouchers de Gaza peuvent toujours compter sur une impunité flagrante et sur l’inaction de la communauté internationale (à propos, pourquoi la « perfide Albion » de David Miliband reste-t-elle étrangement silencieuse?). Ils savent qu’aucun activiste de l’Irgoun n’a été jugé pour l’effroyable massacre de 254 habitants de la petite bourgade arabe de Deir Yassin, le 9 avril 1948, exécutés pour laisser la place à des Juifs de Roumanie, de Slovaquie et de Pologne. Ce carnage avait poussé à l’exode la population des agglomérations de Jaffa et Haïfa.

Parce qu’une bande d’ashkénazes a décidé de conquérir « une terre sans terre pour un peuple sans terre », comme soutenait la propagande sioniste, des milliers de personnes sont chassés manu militari de leurs terres selon un stratagème qui continue aujourd’hui. 
Reste à savoir si nous sommes à la veille d’une autre vague de purification ethnique… N’a-t-on pas vu la famille al-Kurd, l’une des plus anciennes et les plus emblématiques de Jérusalem, se faire expulser de sa demeure dans le quartier Sheikh Jarrah dans la partie orientale de la Ville Sainte? Le cœur de Kamel al-Kurd, le père, n’a pas résisté. C’était en novembre dernier, quelques semaines avant l’offensive meurtrière sur Gaza. 

On ne peut compter sur les dirigeants arabes qui se sont même permis la prouesse de s’aliéner leurs diasporas en Amérique du Nord et en Europe, en annihilant toutes velléités de réformes démocratiques et en courbant l’échine devant l’agression israélienne. Ils nous ont habitués à ce genre de volte-face. Un sursaut de leur part aurait été une surprise de taille. Cependant, de ce côté-là de l’Atlantique, il y a matière à regretter que les rares voix antisionistes au sein de la communauté juive du Canada ne bénéficient d’aucun soutien de la part d’Ottawa qui, par son attitude, exaspère outrageusement les communautés musulmanes. Des personnalités comme la sociologue Fabienne Présentey des Voix juives indépendantes, l’historien Yakov Rabkin ou l’anthropologue Jeff Halper du Comité israélien contre les démolitions des maisons (CICDM) qui préconise la fin des traités d’armement signés entre le Canada et Israël, méritent plus de considération des pouvoirs publics canadiens. Un jour, quand il sera urgent de construire des ponts entre nos communautés, ils pourraient sans nul doute s’ériger en partenaire fiable.  

Pourtant, l’édification de tels ponts s’impose d’ores et déjà. Il ne fait aucun doute que l’exaspération est à son comble au sein des diasporas musulmanes. Que peut dire un père à son fils, auquel il a enseigné que justice s’écrit avec un J majuscule? Va-t-on voir assister à l’émergence de nouvelles violences chez nos jeunes, comme après les massacres de Bosnie dans les années 1990? La bombe démographique risque-t-elle un jour d’exploser aux visages de ces dirigeants occidentaux sans scrupules quand il s’agit de dénoncer les crimes de l’entité sioniste? Poser des questions, c’est déjà y répondre…

En ce début d’année, mon seul souhait serait que le déclin de l’Amérique et de la vieillissante Europe, les deux garants du statu quo, se poursuive. C’est tout le bien que je souhaite à mes frères Palestiniens.