Le meurtre d’une femme de 32 ans, qui aurait été poignardée sauvagement à mort par son mari vendredi dans un quartier familial de Montréal, a créé une véritable commotion, un deuxième féminicide à survenir depuis le début de l’année au Québec.

«Tu le voyais dans ses yeux qu’elle vivait une belle vie. Je suis vraiment choquée», a laissé tomber Lilia Chiabni. Elle a fait une formation avec la victime Narjess Ben Yedder, avec qui elle s’est liée d’amitié au collège de Bois-de-Boulogne à l’automne 2022.

Vendredi matin, la femme a été retrouvée dans un état lamentable dans son condo du quartier Pointe-aux-Trembles: elle venait d’être poignardée au ventre à une vingtaine de reprises, d’après nos sources. Son décès a été constaté sur place.

C’est le suspect, Mustapha Mechken lui-même, qui aurait communiqué avec le 911 un peu avant 8h pour confesser ce qu’il venait de faire, selon nos informations.

Réveillé par le bruit

Daniel Dumas, qui habite le logement en dessous de celui où a eu lieu le drame, était encore endormi lorsqu’il a entendu des bruits de pas très forts, ce qui est plutôt anormal dans cet immeuble généralement paisible, selon lui. 

«Habituellement, c’est tranquille... mais après j’ai entendu crier, comme s’il y avait plusieurs personnes», raconte-t-il au bout du fil.

Puis le silence total. Le retraité a ensuite vu la horde de policiers arriver dans son bloc d’appartements. 

«Je suis abasourdi d’apprendre ce qui s’est passé. C’est irréel en ce moment», s’attriste-t-il en précisant qu’il n’avait jamais entendu de chicanes chez ses voisins auparavant. 

Le mari de la victime, âgé de 42 ans, a été arrêté sur les lieux du meurtre. Une voisine l’a d’ailleurs vu par la fenêtre de sa cuisine sortir de l’immeuble escorté par des policiers qui l’ont mis à genou par terre avant de lui passer les menottes. 

Mechken a été transporté dans un poste de police, où il devait être interrogé par les enquêteurs plus tard dans la journée. Selon des informations obtenues par TVA Nouvelles, Mechken a comparu vendredi soir au Palais de justice de Montréal pour un chef de meurtre au deuxième degré. Le dossier sera de retour devant le tribunal le 29 janvier.

La victime originaire de la Tunisie vivait au Québec depuis quelques années. Ses proches seraient toujours dans ce pays, a-t-on appris. Elle travaillait pour une entreprise en développement de logiciels à Montréal.

«Elle aimait partager sur ses voyages, ses randonnées. Elle était très joyeuse et avait un bon sens de l’humour», a confié au Journal Mme Chiabni. 

«Elle montrait une belle relation [avec son mari] sur les réseaux sociaux... on ne sait jamais vraiment», a-t-elle ajouté.

Sans histoire 

Le couple était marié depuis trois ans et vivait depuis quelques années dans le logement de la rue Sherbrooke Est.

L’auteur présumé du féminicide n’était pas connu des milieux policiers et n’avait aucun antécédent criminel, tout comme sa femme. Les policiers ne s’étaient jamais rendus à leur domicile dans le passé pour une histoire de violence. 

Il s’agirait déjà du deuxième féminicide à survenir dans la province depuis le début de l’année. Au début du mois de janvier, Chloé Lauzon-Rivard, 29 ans, a été assassinée dans un logement de Granby. Son conjoint, Michaël Dugas-Farcy, a été arrêté et accusé de meurtre non prémédité.

https://www.journaldequebec.com/2024/01/26/possible-feminicide-a-montreal-un-suspect-arrete