Ottawa à quelques heures de la fermeture des bureaux de vote, le taux de participation sur tout le territoire canadien a atteint les 22%. À Ottawa, cette moyenne a légèrement été dépassée avec un taux de participation de 26% alors qu'à Montréal le taux était en deçà de la moyenne puisqu'il frôlait les 20%. C'est à Vancouver, où vivent 179 Algériens, que l'affluence était la plus grande avec un taux de participation de 31%.

L'immense territoire canadien a été découpé en deux circonscriptions électorales. La première dépend de Montréal et couvre tout le territoire québécois avec quelque 5300 électeurs, alors que la seconde se rattache à Ottawa et gère les bureaux de vote d'Ottawa (732 électeurs), de Toronto (580 électeurs), de Calgary (234 électeurs) et de Vancouver (179 électeurs). À la lumière de ces données, on est forcé de constater que le nombre d'électeurs est loin de refléter le nombre réel d'Algériens qui résident au Canada et qui s'élève à plus de 40 000 personnes. De l'avis de Youcef Youcefi, l’ambassadeur d'Algérie au Canada, l'étendue du territoire canadien, l'ampleur de la tâche et le manque de ressources dont disposait le consulat général d'Algérie à Montréal, qui vient à peine de déménager dans des bureaux plus spacieux, sont autant d'éléments à prendre en considération pour expliquer cette asymétrie. C'est d'ailleurs ce qui justifie, d'après l'ambassadeur, l'implication légèrement plus grande des électeurs à Ottawa qu'à Montréal. Car à Ottawa, dit-il, «nous avons pu faire un travail de proximité avec le citoyen en faisant un suivi direct à travers une correspondance régulière, ce que nous n'avons malheureusement pas pu faire à Montréal compte tenu des contraintes précédemment citées. De plus, l'inscription sur les listes électorales se fait sur une base volontaire, un aspect que nombre de citoyens négligent. Nous allons remédier à cette situation, en sensibilisant nos ressortissants dès leur première immatriculation.» Selon nombre d'observateurs, il y a toutefois toute la dimension politique à prendre en considération pour faire une analyse de la tendance électorale. «On ne peut expliquer l'implication de la diaspora seulement à travers des considérations administratives», nous fait remarquer un analyste de Montréal. Aux Etats-Unis, la situation est sensiblement la même. On compte entre 15 000 et 18 000 Algériens, répartis essentiellement dans quatre grandes villes : New York, Washington, Boston, et Chicago. Le nombre d'immatriculés se chiffre à 9 500 personnes alors que le nombre d'électeurs s'élève à 6210. Bien que le taux de participation ne nous ait pas été communiqué en raison de son indisponibilité, Driss Djazaïri, l’ambassadeur d'Algérie aux Etats-Unis, nous a déclaré au téléphone qu'il était assez élevé. «Le fait que nous ayons développé une relation harmonieuse avec notre communauté motive les gens à participer à l'élection présidentielle. Récemment, nous avons reçu le ballet national qui est venu spécialement d'Alger pour faire une tournée états-unienne et l'accueil a été absolument formidable», a souligné l'ambassadeur de Washington. De façon générale, les comités de soutien aux candidats à la présidentielle, que ce soit au Canada ou aux Etats-Unis, ne se sont pas fait remarquer par leur dynamisme. A Ottawa, on ne comptait aucun observateur des partis politiques, et seul le candidat Benflis, représenté par Mounir Hamdani, député FLN de la diaspora nord-américaine, a disposé de l'espace qui était alloué pour l'affichage. A Washington, seul le candidat Bouteflika jouissait d'un observateur durant tout le scrutin, alors que les candidats Benflis, Djaballah et Sadi avaient fait la promesse de déléguer un seul observateur pour les trois candidats lors du dépouillement. A Montréal, on compte trois comités de soutien : l'un pour le président sortant, l'autre pour Ali Benflis et le dernier pour Saïd Sadi qui ont chacun délégué quelques observateurs. Certes, tout le monde s'accorde à dire que le poids électoral des Algériens en Amérique du Nord en termes quantitatifs n'aura pas grande incidence sur le déroulement du scrutin présidentiel. Il n'en demeure pas moins que leur choix ou leur non-choix, leur participation ou leur abstention auront une connotation fortement symbolique compte tenu du potentiel de cette diaspora qui acquiert une expertise, non négligeable, dans plusieurs secteurs d'activité. Sans doute cette diaspora constituera pour qui sait l'écouter un réservoir de compétences insoupçonnées, mais encore là, il faudrait que le message qui sera envoyé à la classe politique algérienne soit décodé. Le sera-t-il ? L'avenir nous le dira.

Source: http://www.elwatan.com/journal/html/2004/04/09/cad_derniere.htm