Le bilan des deux hommes est identique: deux défaites et un match nul, et une élimination sans gloire.

Le nom de l’actuel sélectionneur circule avec insistance pour continuer l’aventure avec la sélection nationale de football. Force est de constater que son éventuelle désignation à la tête des Verts présente de troublantes similitudes avec celle du sélectionneur de l’équipe de France qui avait été reconduit dans ses fonctions après avoir réalisé une bien calamiteuse Coupe d’Europe qui s’était disputée du 7 au 29 juin 2008 en Autriche et en Suisse.
Les Bleus qui figuraient dans le groupe C avaient accompli un bien piteux parcours. Ils avaient essuyé deux retentissantes défaites, 4 à 1 contre les Pays-Bas, 2-0 contre l’Italie contre un match nul, 0-0 face à la Roumanie. Ils termineront bons derniers de leur poule. La tête de Raymond Domenech était «mise à prix» et plus personne ne donnait cher de sa peau.
Soutenu par certains cadres de l’équipe, ceux-là mêmes qui se sont rebellés contre lui pendant les éliminatoires de poules durant le Mondial 2010 et bénéficiant du soutien du président de la FFF, la Fédération française de football, il fut reconduit dans ses fonctions.

La suite est connue: de la défaite inattendue et historique contre la Chine, 1-0, au match nul contre le Tunisie, 1-1, jusqu’à la descente aux enfers en Afrique du Sud (deux défaites et un match nul) et une humiliante élimination qui s’est transformée en affaire d’Etat, l’équipe de France a bu le calice jusqu’à la lie.
La situation de l’équipe algérienne de football peut-elle être comparée à celle de son homologue de l’Hexagone? Certains indices le permettent même si Rabah Saâdane et ses capés n’ont pas été ridicules. La préparation du Mondial a été aussi calamiteuse: deux sévères défaites contre la Serbie et l’Irlande sur le même score, 3-0, et une victoire par la plus petite des marges sur penalty contre... l’équipe des Emirats qui est loin de représenter un foudre de guerre.
La campagne du Mondial sud-africain s’est soldée par deux défaites inattendues contre la modeste Slovénie, 1-0, la surprenante équipe des USA, 1-0 et un match nul héroïque, 0-0, contre la redoutable Angleterre.
Un éclair dans la grisaille. Les Verts, au même titre que les Bleus, ont terminé l’aventure sud-africaine avec un seul point dans leur escarcelle et bons derniers de leur groupe avec, certes, les scandales en moins.
Les voix de spécialistes de la balle ronde, mais aussi celles de millions de fans, ont commencé à s’élever et à remettre en cause le coaching ainsi que la stratégie mise en place par le patron de l’Equipe nationale qui, soit dit en passant, a montré des qualités certaines. Il lui aura manqué une certaine audace pour pouvoir rivaliser avec les meilleures formations de la planète. Alors que du côté français, le nom du nouveau sélectionneur (Laurent Blanc) était déjà connu avant le coup d’envoi de la phase finale du Mondial 2010, celui du successeur de Rabah Saâdane était tenu au secret: l’option de son maintien à la tête des Verts n’était pas à écarter.

Des rumeurs persistantes ont fait part du renouvellement de confiance de la part du président de la Fédération algérienne de football, mais aussi du soutien de certains cadres de l’EN. Selon des sources qui semblent bien renseignées, un noyau dur se serait constitué et souhaite poursuivre son petit bonhomme de chemin avec le Cheikh. Quels sont les critères qui ont pesé dans la décision d’écarter certains joueurs comme Lemmouchia, Bouazza, Ghilas... qui ont contribué avec l’art et la manière à la qualification de la sélection nationale à la CAN et à la CM 2010? Le retrait du brassard de capitaine à Yazid Mansouri ne symbolise-t-il pas une prise de pouvoir en règle qui ne dit pas son nom? La reconduction de Saâdane en 2010 ne se présente-t-elle pas sous les mêmes conditions que celles qui ont vu la désignation de Domenech à la tête des Bleus, en 2008? La question est désormais posée. Et il ne serait pas inutile de la cogiter.

Au niveau des résultats, en ce qui concerne cette Coupe du Monde 2010 qui se déroule au pays de Mandela, le bilan des deux hommes est identique (deux défaites et un match nul) et une élimination sans gloire. Connu pour son franc parler, le charismatique président de la JSK n’a pas été avec le dos de la cuillère à ce sujet: «Je ne suis pas pour son maintien, je m’opposerai toujours à cette option. J’irai encore plus loin: Saâdane doit impérativement céder son poste à quelqu’un d’autre, il n’a jamais voulu que d’autres personnes viennent renforcer le staff, préférant gérer en solo les affaires techniques de la sélection. Je répète pour la énième fois, si l’on veut que les choses avancent et que ça s’améliore à l’avenir, il faut qu’il parte, parce que sur le plan de l’effectif, nous avons de quoi rivaliser avec les plus grandes nations du football. C’est sa politique qui ne correspond pas au potentiel humain», a déclaré, dans les colonnes du Buteur, Moh Chérif Hannachi. Sous d’autres cieux, le sélectionneur aurait rendu le tablier. A bon entendeur, salut!

Source: L'EXPRESSION - Edition du 7 juillet 2010