L’émission «J.E.» lève le voile sur l’invraisemblable arnaque échafaudée par le faux milliardaire Abderrazak Mehdi. Il a fait miroiter un faux projet immobilier d’un milliard de dollars dans les Laurentides ainsi que de fausses transactions pour plus de 200 millions de dollars. Mais les victimes, elles, sont vraies et nombreuses.

L’arnaqueur prétendait être un milliardaire de Dubaï aux Émirats arabes unis qui n’arrivait pas à faire entrer son argent au Canada pour d’obscures raisons.

Il faisait miroiter des projets faramineux, des scénarios trop beaux pour être vrai, mais des gens y ont cru. Des avocats, des notaires, des hommes d’affaires, des agents d’immeubles, des ingénieurs et des architectes se sont fait prendre dans cette arnaque qui a duré une quinzaine de mois. Personne n’a été payé.

Tout a commencé à La Macaza, près de Tremblant. Sa première victime Réal Lapalme a confié à l’émission «J.E.» avoir été approchée par Mehdi qui voulait acheter des terrains pour bâtir un immense complexe résidentiel et récréotouristique de plus d’un milliard de dollars.

Comme l’histoire semblait crédible, l’entrepreneur forestier et d’autres propriétaires de La Macaza ont accepté des offres d’achat pour leurs terrains sans dépôt d’argent, le tout étant conditionnel à l’entrée de sa fortune au Canada.

«Tout le monde lui faisait confiance, lui disait "On va se voir chez le notaire", dit Réal Lapalme. Il avait l’air correct, fiable.»

Céline Beauregard, mairesse de La Macaza se rappelle de ce projet, un village dans un village dont tout le monde parlait. Pour des Européens venant d’outremer pour des vacances et se faire bâtir à La Macaza, dit-elle.

Adberrazzak Mehdi voyait grand. Il s’est donc lancé à l’assaut de grands hôtels et complexes comme l’auberge du Lac Taureau à Saint-Michel-des-Saints, l’Hôtel Crystal et la Maison Reid au centre-ville de Montréal, le Château Vaudreuil à Vaudreuil Dorion, et même l’hôtel Barcelo à Punta Cana en République dominicaine.

Dans presque tous les cas, des offres d’achat sans dépôt d’argent conditionnel à l’entrée de sa fortune au Canada ont été acceptées.

Durant quatre mois, il était accompagné d’un chauffeur qui acceptait de travailler pour lui sans salaire, car lui aussi le croyait fortuné.

L’émission «J.E.» a pu établir que Mehdi a profité d’avantages conférés à un futur propriétaire comme séjourner quelques nuitées à l’Auberge du Lac Taureau de Saint-Michel-des-Saints.

L’arnaque a duré une quinzaine de mois. Durant cette période, Mehdi a soutiré plus de 100 000 dollars à Réal Lapalme qui a porté plainte à la Sûreté du Québec lorsqu’il a réalisé qu’il avait affaire à un fraudeur.

Éric Essiembre, sergent enquêteur aux crimes majeurs en Outaouais, parle d’une arnaque d’une ampleur sans précédent au Québec. «L’ensemble de l’œuvre, des contrats, des gens qui y ont travaillé. M. Mehdi a bâti un empire avec absolument zéro», confie-t-il à l’émission «J.E.».

Sur papier, Abderrazak Mehdi a brassé des dizaines de millions de dollars. Mais dans les faits, l’arnaqueur a empoché plus de 100 000$ soutirés à Réal Lapalme de La Macaza.

Mehdi a été arrêté, a plaidé coupable pour ce qu’il a fait à M. Lapalme et pour ne pas avoir payé des honoraires à une avocate devenue juge depuis.

L’arnaqueur a été condamné à deux ans moins un jour de prison. Comme il n’est pas citoyen canadien, même s’il est au pays depuis 2001, le Français d’origine algérienne devrait être expulsé du Canada après son incarcération. Un mandat d’arrêt a été lancé contre lui.

 

http://www.tvanouvelles.ca/2017/11/16/une-arnaque-a-200-millions--sans-jamais-avoir-depense-un-sou