Je suis belle, de cœur et de visage.  Je suis tombée en plein amour avec mon image.  J’assiste à la sublime entente entre la fleur dyade que je suis.  Je déguste l’harmonie corporelle entre mon cœur et mon corps, n’est ce pas un fabuleux couplage?

Je suis belle et il me manque rien.  Belles babines, beau museau, billes yeux doux et hypnotisés endormis, sourcils tracés d’une symétrie miraculeuse.  Mes cheveux? Sont-ils intéressants à montrer? Je me questionne! Pourquoi les cacherais-je? Pourquoi les montrais-je?  Je ne suis pas à un cheveu de la gloire, je ne suis pas, mal à propos comme un cheveu sur la soupe, ni désespérée, jusqu’à m’arracher les cheveux, je ne me fais pas de souci pour me faire des cheveux blancs et ni compliquée ou nébuleuse pour me tirer par les cheveux.

Comme chaque Ève, également chez toutes les elles, je ne me prive nullement de regarder dans le miroir.  Je me parle et je m’interviewe.  Je me pose des questions et je réponds par ce que je veux.  Je lève la voix et je tape sur la vanité.  Dès fois, je me fais mal et parfois je ne me rends même pas compte.

La différence! Existe-elle?  À quelle échelle? À mon regard dans ce beau miroir, je me réfléchie et je commente le phénomène. Entre moi et elles, on ne cesse pas de parler de la différence éternelle.

Entre moi et Danielle-Marie, Marie-Andrée, Denise, Djamila, Nyouzika, Naïma, Marie-Anne et Clara, cette maudite dissemblance où se cache-t-elle? 

Nous sommes égales à l’homme. Égale à l’opposé.  Nous sommes l’opposé lui-même, le contre, le pour, l’ennemi de l’ami et l’acolyte de l’antagoniste.

La seule divergence c’est le temps.  En Suisse, comme disait Sansal, l’heure c’est l’heure.  Ailleurs, tant qu’il y a de la vie, il y a de la marge.  Elles sortent avant, je sors cinq minutes plus tard.  Elles glissent sous la douche, en rentrant à la maison plutôt que moi.  Elles sont en avance, je suis en retard.  Il n’y a rien de péjoratif.  Zéro reproche à mon égard et je ne me fustige même pas par hasard.

 Je porte sur ma tête un cinq minutes de retard.  Je porte un œuvre d’art, un Full Art, je ne fréquente pas les bars ni les saoulards, l’œil hagard  ou les points de vue bâtards.

À quatorze ans, l’âge où j’ai embrassé, dans la foulée des évènements, le full Art ecclésiastique, moral et mystique, mon père devenu irrité et son attitude face à la chérie grinchait et grognait.  Il n’a pas pensé à moi, il songeait à son ego, à lui, au soi et sézigue.  C’était clair comme l’eau de roche.  Il abordait l’âge, la maturité mais jamais le choix.  Il avait peur du jugement, il avait peur d’être pointé du doigt.  L’air et l’ambiance familiale a changé, la valeur du regroupement, du social, des sorties et de la joie ont cessé d’exister.

Deux batailles de front, endogène et exogène. J’ai développé un large dos sans m’abonner au culturisme.  Les épées et les coteaux, j’en recevais de partout.  Une guerre inégale et pourtant, mon père a lutté, pendant sept ans et demi, l’inégalité d’une armée à mains nues.

Maintenant, je me bats contre les brebis qui s’offrent dans les fèves en tant que truies, mais c’est un faux lard.

En couple, le partenaire était du genre aimant package deal.  Pour son commun des mortels, si les yeux sont rivés d’un regard interrogeant, pas de place au dérangement.

Il ne comprenait pas les questions des regards, il ne comprenait pas le langage des yeux féminins.  Je traduisais simultanément à l’opposé, l’idiome du labial des yeux.  Je mettais le son au mime expressif du papillotage des mirettes pour un doublage intact et parfait.

Mais l’homme est parti.  Pour de vrai, c’est moi qui suis partie.  Toutes les Ève m’attendaient pour m’accueillir et ma décoration, en tant que reître soudard combattante, était prête.  À mon entrée, c’est la déception totale pleine de déboires et de regrets.  Au fait, c’est la consternation.

À mon entrée, mon velum de cinq minutes sur ma tête, était bien ajusté, le sourire rayonnait mon visage et donnait l’image d’un ange plein de louange.  Avec cet intrus de Full Art, nous saluâmes les consœurs et les remerciâmes pour l’intérêt et la chaleur d’accueil.  Le ton et l’écho de la réponse étaient maigres et le mutisme prédominait et domptait l’assistance et le prétoire.  Face à la tribune, la parole m’est offerte et l’opportunité de mettre les choses au clair m’est allouée.

Chères fées et altesses, nombreuses sont les paroles et multiples sont les propos à l’encontre et antithétiques à ce fragment bout de toile qui peut se transformer par destin et  à l’usage à un joli voile. 

Il se frappe à l’expression du vent, le voile amuse la planche et sa quarantaine, boycotte l’âme au milieu de l’Océan ou comme disait Charles Baudelaire, La musique souvent me prend comme une mer! Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, Je mets à la voile; « La Musique ». 

Voile de bateau, Bateau ivre sans voile, Bateau de voile dévoile. A toute voile, Souffle de vie, Mais qui s'essouffle. Caravelles en voiles, En flots de voiles, En flots de vagues. Voile de voyage, Voile qui emporte, Voile qui éloigne «Charles H. L. mai 1999».

Le droit au voile. Le soleil, pour se recueillir, derrière les nuages se voile.  Le cœur meurt quant il quitte les parois où il se voile.  Le symbole de pureté et de virginité, le voile de la catherinette, se lance comme une cascade se jetant d'en haut des remparts.  Mon voile est art, il n’est ni sournois, ni canular.  Entre vous et moi, aucun écart, pourquoi vous me considérez à part?  Je ne le changerai pas à cent milliards.  C’est à ce sujet que je veux vous faire-part.

À HaMi,
je t’offre mon soutien,
mon appui,
mon support
et comme reconnaissance
le ciel plein d’étoiles :


Il ne cache rien de mystère ce voile;
Il fait partie d’un engagement moral;
Ne soyez pas féroce mais jovial;
C’est différent mais tout à fait normal;
Je suis comme vous pas une martiale;
Intelligente pas une débile mentale;
Votre opinion est bizarre et paradoxale.

Lahouari Belmadani