Le décès de Jillali Rezkallah, l’ex-chanteur du groupe Raina Rai, survenu samedi 6 novembre 2010 à Sidi Bel Abbès (Algérie) a suscité une émotion très vive en Algérie.Le milieu artistique est particulièrement touché par les épreuves très dures que Djillali a dû traverser à cause de la maladie très grave contre laquelle il a lutté avec courage mais aussi à cause d'une détresse matérielle et d'une précarité très révélatrices du sort réservé aux artistes algériens par les les pouvoirs publics censés garantir leur droits et leur protection. La solidarité s'organise pour  aider sa famille, et deux personnalités célèbres dans le monde artistique algérien: Kamel Dynamite, ainsi que Mimoun El Qaâda, en parlent à Médi@terranée.



 

Médi@terranée: Quelle image laissera Djillali selon vous?

Kamel Dynamite : Jillali laissera l'image d'un grand artiste mais malheureusement abandonné seul contre la mort et la misère après avoir tant donné.

Mimoun : On se souvient tous de Djilali très charismatique sur scène avec son légendaire sourire, El Krakeb aux mains, et dansant jusqu'à la transe... Djilali qui a fait jadis notre bonheur, qui nous a fait chanter et danser et qui nous a dignement représenté dans des festivals et concerts à l'étranger.

Médi@terranée: Pouvez-vous nous dresser un portrait de lui dans les coulisses de sa vie?

Kamel Dynamite : Jillali a toujours été  dynamique, toujours disponible, toujours riant et souriant.  La scène était sa vie et la chanson son gagne-pain et son oxygène.

Mimoun : Quoi qu'on puisse dire sur Djilali et sur son parcours artistique, jamais on ne pourra le décrire vraiment correctement et justement. Djilali était l’interprète des deux plus grands groupes de l'époque et de tous les temps en Algèrie : Raina rai et Amarna.
Maintenant la fusion est à la mode mais Djilali l'avait jouée dans les années 80 ! D'autres artistes ont choisi l'exil pour fuir leur situation et mieux vivre. Djillali, lui, a choisi de rester dans son pays même pendant les moments terribles où le terrorisme menaçait et exécutait les artistes. 


Médi@terranée: Dans quelle situation se trouve la famille de Djillali après sa disparition (allah yarahmou) ?

Mimoun : Djilali a laissé une veuve et quatre enfants sans revenus. Il ne touchait ni salaire ni pension pendant sa maladie. On souhaite trouver une solution pour aider sa famille à avoir un revenu régulier, par exemple les aider à avoir un local ou un travail à l'un des fils de Djilali allah yarhmou. Bien sûr, les autorités sur place peuvent nous aider dans ce sens, en leur octroyant un local ou un job en reconnaissance à Djilali et à tout ce qu'il a fait pour Sidi Bel Abbes. C'est un excellent moyen pour se rattraper d'avoir abandonné Djilali, allah yarhmou, et le laisser mourir dans l’indifférence.

*Médi@terranée: Pourquoi avoir pris l'initiative de faire un groupe de soutien? Quelle est sa mission, et quelles sont les actions prévues ?

Mimoun : On avait créé notre groupe de soutien déjà du vivant de Djilali allah yarhmou car lorsqu'il était malade et affaibli il a été totalement abandonné et jeté aux oubliettes dans la plus cruelle indifférence des autorités concernées, mais aussi la nôtre! C'est pourquoi on a décidé de prendre nos responsabilités en tant que citoyens et personnes reconnaissantes du bonheur que nous a procuré Djilali jadis, et on a décidé d'aider objectivement et concrètement Djilali et sa famille. Le projet a commencé avec trois personnes : Samira Brahmia (Paris) artiste chanteuse, Kamel Dynamite (Alger) journaliste et célèbre animateur de l'émission Bled music, et moi Mimoun (annaba) animateur de l'émission El gaada sur radio Annaba, on a créé une page sur Facebook et on y diffuse des vidéos de Djilali et en quelques heures le groupe a été submergé par les témoignages et les commentaires d'une centaine d'internautes et d'artistes choqués et émus de ce qu'ils venaient de découvrir. D'autres personnes, déjà mobilisées, ont aussi rejoint le groupe, comme Said "Kar Denote" (Allemagne) initiateur du projet "Allo Djilali", Kamel Mekhdoul à Sidi Bel Abbes et Nory (Angleterre) de la boite de production qui a réalisé la plupart des reportages sur Djilali. En trois jours, le groupe a atteint les 600 membres venus de tous les horizons. Et grâce à la mobilisation et la solidarité de tout le monde ainsi que la générosité de quelques pharmaciens de Sidi Bel Abbes on a pu lui procurer la morphine dont il avait besoin ainsi qu'un matelas anti-escarre.

On a posté le CCP de sa femme pour que les gens puissent lui envoyer directement de l'argent, d'ailleurs je vous donne les coordonnées du CCP à  vous et vos lecteurs:


Mme GOURAI Fatima Zohra
CCP : 10690820 Clé  95
Cité1500 log Bt M2.
Bel Abbés 22002.
Une collecte de dons initiée par Kamel Dynamite (argent, vêtements, aliments ...) est organisée actuellement à Alger. Pour les dons, merci de contacter le: 0771227249.


Un concert en hommage à la mémoire de Djilali et en soutien à sa famille pour récolter des dons sera organisé ce 11 Novembre au French K-wa à Paris à partir de 15h30. De nombreux artistes ont répondu à l'appel à tel point qu'on ne pourra pas tous les faire passer, il y aura entre autres : Cheikh Sidi Bémol, Gaada Diwan Bechar, Samira Brahmia, Cheb Yazid, Djamel Allam, Akly D, Karim El Gafla, Essi Moh, Atri N'assouf, et bien d'autres...


Malheureusement, la salle French K-wa est un peu petite pour organiser le grand show que l'on voudrait à l'image de l'artiste Djilali, allah yarhmou, où tous les artistes peuvent participer et où on pourra recevoir le plus de monde. D'ailleurs, on lance un appel dans ce sens, pour qu'on nous octroie une grande salle à Paris pour y organiser un grand show.
Des artistes ont dédié leurs concerts à Djilali Amarna et ont sensibilisé leur public pour récolter des dons, comme Jil el Ghiwane à Paris par exemple.

On pense aussi à organiser des concerts en Algérie, un concert à Oran est en cours de préparation, probablement en mois de décembre et on a déjà reçu le OK de beaucoup  d'artistes.


Médi@terranée: La disparition de Djillali est donc malheureusement l'occasion de parler de la dure condition des artistes algériens. Quel est votre avis sur leur statut (ou non statut) quelle disposition pourrait faire changer les choses ?

Kamel Dynamite : L'artiste qui ne fait que de l'art n'a ni statut, ni statue, ni statuette. Il est spolié de ses droits d'auteurs. Il n'a aucune couverture sociale. Alors il fait tout pour éviter de tomber malade et s'il l'est,il se persuade du contraire pour ne pas avoir à affronter les écrasantes factures du pharmacien. On comprend ce que cela signifie. L'artiste qui ne vit que de son art peut rester des mois, voire des années sans revenus, surtout si son art ne convient pas au sérail et au régime.
Alors qu'une seule et unique disposition peut changer la donne. Et elle est strictement politique. Seule une décision politique peut résoudre les problèmes vitaux de l'artiste algérien. Les artistes ne pourront rien y changer seuls, qu'ils manifestent, qu'ils fassent grève ou qu'ils crèvent, rien ne changera sans une volonté et une décision politiques sincères et concrètes.

Source: Médi@terranée

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BAR – CLUB - RESTO
6 rue Planchat 75020 PARIS - Metro Avron ou Buzenval